Mesdames, Messieurs,
Professeur de français langue étrangère et de remédiation orthographique, j’aimerais attirer votre attention sur deux mots que la Covid a mis à l’ordre du jour : « en présenciel » et « en distantiel ». Ou, peut-être, dois-je plutôt écrire « en présentiel » et « en distanciel » ?
Ah, qui pourra me dire ? Et, surtout, qui pourra me dire comment expliquer que ces deux mots, issus soit de la même catégorie grammaticale, celle des noms « présence » et « distance », soit de celle des adjectifs, « présent » et « distant », s’écrivent l’un avec un c, et l’autre avec un t ? Je pense d’avance à l’ahurissement de mes élèves, adultes ou enfants, étrangers (j’habite et enseigne en Autriche) ou français quand ils chercheront la logique derrière ces mots ; je songe à leurs efforts pour s’inventer une énième astuce pour mémoriser ce fichu c et ce fichu t, quand il serait si simple d’avoir des formes parallèles : présenciel/distanciel ou présentiel/distantiel. Oui, la langue française est magnifique : oui, elle recèle de nombreuses surprises qui enchantent ou font rire ; et oui, elle décourage aussi, souvent, par son surprenant manque de logique. S’il vous plaît, Mesdames, Messieurs, vous avez été rapides pour « genrer » la Covid, ne pourriez-vous pas l’être tout autant, en suggérant sans tarder une orthographe unique et logique pour ces deux mots, justement maintenant où ils commencent à être de plus en plus employés ? Confiante dans votre souci de la pédagogie, et votre sens de la cohérence, je vous prie d’agréer, Mesdames et Messieurs, l’expression de mon respect orthographique.
Othilie P. C. (Autriche)
L’Académie répond :
En 2019, le Centre national d’enseignement à distance a fêté son quatre-vingtième anniversaire. On emploiera donc la locution à distance plutôt que l’anglicisme distanciel ou distantiel. Et, par analogie avec cette locution, on dira en présence plutôt que cet autre anglicisme, presential. Cela permettra d’utiliser des formes sanctionnées par des décennies d’usage, mais aussi d’éviter d’avoir recours à des néologismes dont l’orthographe est mal fixée.
D’autre part, nous nous permettons de vous signaler que covid est un nom de maladie, comme sida, et ne doit donc pas prendre de majuscule.