De la candidature à la réception

Vacance d’un fauteuil

La vacance d’un fauteuil – déclarée jadis dans la séance qui suivait la mort d’un académicien – l’est désormais au terme d’un délai de décence de plusieurs mois. Ce délai, fixé par l’Académie sur proposition du Secrétaire perpétuel, ne peut excéder une année, sauf dans des cas particuliers admis par l’usage pour des membres de l’Académie ayant exercé des charges spécifiques (Secrétaire perpétuel, doyens). Aucune condition de titres ou de nationalité ne figure dans les statuts.

L’Académie procède à l’élection dans les trois mois qui suivent la déclaration de vacance.

Du jour où la vacance est déclarée, les candidats notifient leur candidature par une lettre adressée au Secrétaire perpétuel. Il existe aussi une procédure de présentation de candidature posée par un ou plusieurs membres de l’Académie. L’usage veut que le candidat offre de rendre visite à chacun des académiciens. Certains d’entre eux acceptent, d’autres déclinent cette offre. La date limite de dépôt de candidature est fixée à deux semaines avant l’élection.

 

Élection

Le scrutin est direct, secret et requiert pour qu’un candidat soit élu qu’il ait recueilli la majorité absolue des suffrages (la moitié des voix exprimées plus une). Un scrutin ne peut avoir lieu qu’en présence d’un quorum de votants fixé à vingt. Si celui-ci n’est pas atteint, l’élection est renvoyée à huitaine. Si, ce jour-là, dix-huit académiciens au moins ne sont pas présents, l’élection est remise à une date ultérieure. Les votes blancs ne sont pas décomptés pour établir la majorité absolue. Les bulletins blancs marqués d’une croix sont au contraire pris en compte. Trois, voire quatre tours de scrutin peuvent être nécessaires pour atteindre la majorité absolue. Au-delà, le directeur consulte la Compagnie pour décider de sa volonté soit de poursuivre le vote, soit de l’abandonner.

 

Approbation du protecteur

L’élection à l’Académie française, bien qu’elle soit un corps constitué, ne devient définitive qu’après approbation du président de la République, protecteur de l’Académie, qui la manifeste en donnant audience au nouvel élu (art. 1 du statut de 1635 et art. 11 du règlement de 1752). Cette visite du nouvel élu vaut approbation.

 

Installation

Une semaine avant la réception publique, le nouvel élu est installé au cours d’une cérémonie à huis clos. Entouré de ses deux parrains – qui l’entoureront aussi sous la Coupole – il lit son discours et entend celui qui lui est adressé devant une commission restreinte de l’Académie, composée du bureau et de quelques confrères désignés pour y prendre part. Puis, il prend séance à la place qui lui est assignée et qui sera désormais la sienne. Un mot du dictionnaire lui est attribué. Celui de M. Amin Maalouf, Secrétaire perpétuel, est rite.

Lors de son installation, le nouvel académicien reçoit la médaille de l’Académie frappée de la devise « à l’Immortalité » et gravée à son nom. Pendant les premiers mois de sa vie académique, le nouveau venu ne peut intervenir en séance. Ce « temps initiatique », qui était jadis de deux ans et a été réduit à quelques mois, est destiné à le familiariser avec les usages de la Compagnie.
 

Réception

Le nouvel élu se fait confectionner un costume avec broderies – le célèbre habit vert –, agrémenté d’un bicorne, d’une cape et d’une épée dont sont dispensés les femmes et les hommes d’Église et doit composer un discours de remerciement, dans lequel il n’omettra pas de prononcer l’éloge de son prédécesseur. La réception solennelle se tient sous la Coupole, en présence d’un public invité. Les académiciens ont droit aux honneurs militaires. Un détachement de la Garde républicaine est de service. Le public se lève à l’entrée des académiciens et le président de la séance ouvre la séance par ces mots rituels : « La séance est ouverte ; la parole est à Monsieur ou Madame... pour la lecture de son remerciement ».

Le récipiendaire lit son remerciement. Le directeur du trimestre où la vacance aura été notifiée répondra au récipiendaire par un discours de bienvenue et présidera l’assemblée ; à son défaut, le chancelier, et à défaut de celui-ci, un autre académicien, sera chargé de remplir cette fonction (art. 18 des Statuts et règlements).

 

Discours de réception

Il s’agit du premier discours que prononcera le nouvel élu au sein de la Compagnie.

[...] Les premiers académiciens ne prononcèrent pas de discours de réception pour la simple raison qu’il n’y eut pas de cérémonie pour les accueillir.

L’idée du discours de réception revient à Olivier Patru, le dernier élu sous le protectorat de Richelieu ; il porte le no 46 de la liste et succédait à Porchères d’Arbaud.

« À sa réception, rapporte Pellisson, Patru prononça un fort beau remerciement dont on demeura si satisfait qu’on a obligé tous ceux qui ont été reçus depuis d’en faire autant. » (La Vieille Dame du Quai Conti, Duc de Castries).