Dire, ne pas dire

Joseph M. (Paris)

Le 6 mars 2025

Courrier des internautes

À l’article passe-cheval, qui figure dans les 5e, 6e et 7e éditions du Dictionnaire de l’Académie française, on lit : « Espèce de petit bac destiné à passer un cheval d’un bord de la rivière à l’autre. »

Mais il m’est souvenance, probablement d’après Le Bon Usage de Grevisse, que « espèce de » ne s’utilise qu’avec les êtres animés, vivants ou non ; alors que « sorte de » s’utilise avec les autres. Me faut-il revoir ma copie ?

Joseph M. (Paris)

L’Académie répond :

Nous n’avons jamais rien lu concernant cette règle. Il n’en est pas fait mention chez Grevisse, qui cite, sans le critiquer, cet exemple, tiré de l’article Podium du Dictionnaire de Bescherelle : « Espèce de balcon [...] garni d’un premier rang de spectateurs ». Rien non plus chez Hanse et Blampain dans leur Dictionnaire des difficultés du français, ni chez Dupré dans son Encyclopédie du bon français dans l’usage contemporain. Il s’agit sans doute plutôt de ce que l’on appelle parfois un « hyperpurisme ». Cela étant, si cette règle a existé, force est de constater que les dictionnaires s’en sont affranchis depuis longtemps puisqu’on lisait déjà dans la première édition du Dictionnaire de l’Académie française : « Espece, signifie aussi, Sorte, & se dit des choses & des personnes singulieres. Quelle espece de drap est-ce-là ? ». Littré donne les exemples suivants dans son Dictionnaire de la langue française : « Les diverses espèces de délit. Marchandises de toutes les espèces ».