J’aurais une question à vous poser, si vous le voulez bien, sur le sens de ces vers de la Marseillaise : « Contre nous de la tyrannie / L’étendard sanglant est levé ».
Je pense pour ma part que nous avons affaire à deux propositions indépendantes (du moins, je pense que l’on peut qualifier « Contre nous de la tyrannie » de proposition, malgré l’absence de groupe verbal, qui serait selon moi rendu implicite par « Contre nous »).
La première proposition signifierait tout simplement que nous nous battons contre une tyrannie. Par ailleurs, « L’étendard sanglant est levé » signifierait que, sur le champ de bataille, les ennemis brandissent ledit étendard.
Ainsi, la formulation serait grammaticalement correcte, bien que riche en sous-entendus et élisions.
L’autre interprétation sur laquelle j’attire votre attention est la suivante : ce serait en fait une licence poétique pour signifier « Contre nous l’étendard sanglant de la tyrannie est levé ». Cette explication, bien que bien moins complexe que la mienne, ne me convainc pas, car elle ne me semble pas en adéquation avec le parler de l’époque.
D’où ma question : est-ce que l’une de ces interprétations est correcte, ou bien y en a-t-il encore une autre ?
Marius L. (France, 19 juillet)
L’Académie répond
Nous avons ici une phrase avec une antéposition du complément du nom. En effet le complément du nom, de la tyrannie, est placé avant le groupe nominal qu’il détermine, l’étendard sanglant. C’est le jeu des rimes qui appelle cette antéposition. Cette interprétation est justifiée par le fait que, sur le manuscrit de Rouget de Lisle, il n’y a pas de ponctuation après tyrannie.