Étudiantes à Amiens, ma colocataire et moi avons rencontré un désaccord par rapport au terme « miroir à raser » que notre enseignant d’optique à employé. En effet, ma colocataire et l’enseignant ont utilisé ce terme pour définir « le miroir utilisé lors d’une action : le rasage ». Néanmoins le terme est-il correct ? Car en effet le miroir n’est pas utilisé pour le rasage en lui-même (comme rasoir) mais il n’est qu’accessoire. Pour moi, cette dénomination n’est donc pas correcte car il n’existe pas de spécificité à chaque miroir, le fait d’en utiliser un pour se coiffer ou se raser n’en fait pas un « miroir à coiffer » ou un « miroir à raser ». On ne peut attribuer l’action au miroir, c’est donc le « à » qui ne me convient pas.
Quel est votre avis ? Peut-on employer cette expression ?
Camille A. (Amiens, 12 novembre)
L’académie répond
Le complément de détermination, en français, peut correspondre à plusieurs structures et, par là, à plusieurs sens. Ainsi, la corde à sécher le linge n’est pas une corde qui sèche le linge, mais sur laquelle on fait sécher le linge ; cela tient à la polysémie de la préposition à (ce qui est vrai aussi pour de).
Une jupe de laine est faite en laine, un accident de la route se produit sur la route (et ce n’est pas la route qui est accidentée), un baiser de Russie est envoyé depuis la Russie et n’est pas un baiser à la russe, etc.
En soi, donc, grammaticalement rien n’empêche de comprendre « à raser » comme un complément de détermination à valeur de destination : « un miroir destiné au rasage ». Cependant, il faut admettre que, dans l’usage, les compléments de détermination concernant le mot miroir décrivent davantage son format que sa destination (miroir en pied, miroir de poche, miroir à trois faces) et que, sur le modèle de miroir de toilette, il serait peut-être plus conforme de dire miroir de rasage.
En espérant contribuer à la réconciliation.