René HUYGHE Élu en 1960 au fauteuil 5

N°619
Grand officier de la Légion d’honneur
Grand-croix de l’ordre national du Mérite
Professeur au Collège de France
Essayiste
Historien d’art
René Huyghe

Biographie

Né à Arras, le 3 mai 1906.

Après des études classiques aux lycées Montaigne et Michelet, puis une année d’hypokhâgne à Louis-le-Grand, René Huyghe suivit à la Sorbonne des cours de philosophie et d’esthétique et prépara l’École du Louvre. Licencié ès lettres, il devint à vingt-quatre ans, en 1930, conservateur adjoint des Peintures au musée du Louvre, puis, conservateur en chef, en 1937. Cette même année, il obtenait également un poste de professeur à l’école du Louvre.

Il exerça au cours de ces années son activité dans de multiples directions, parcourant l’Europe, dans le cadre d’une vaste enquête sur l’organisation des musées, commissaire lui-même de nombreuses expositions, rédacteur en chef enfin des revues L’Amour de l’Art et Quadrige.

Jean Mistler, sous-secrétaire d’État aux Beaux-Arts et futur secrétaire perpétuel de l’Académie française, lui proposa en 1932 un poste dans son cabinet ; René Huyghe devait le suivre au ministère du Travail, puis à celui des Postes et Télécommunications, au ministère des Travaux publics enfin.

Lorsqu’éclata la Seconde Guerre mondiale, il eut en charge de mener à bien l’évacuation des tableaux du Louvre. Replié dans le Lot, il rejoignait la Résistance.

Nommé professeur au collège de France, en 1950, il occupa la chaire de psychologie des arts plastiques. Ce disciple de Bergson allait s’attacher dans ses cours, ainsi que dans les nombreux ouvrages qu’il publia, à expliquer sa conception de l’art comme « un monde de révélation de l’indicible directement perçu au travers des images représentatives de nos sensations ».

Outre les ouvrages qu’il consacre à Cézanne, Millet, Théodore Rousseau, Watteau, Chardin, Van Gogh, Gauguin, Delacroix, il faut encore citer dans son importante bibliographie les titres suivants : Histoire de l’art contemporain (1935), Dialogue avec le visible (1955), L’Art et l’Homme (1957-1961), L’Art et l’âme (1960), La Peinture française des XVIIe et XVIIIe siècles (1962), Les Puissances de l’image (1965), Sens et destin de l’art (1967), Formes et forces (1971), La Relève du Réel, la peinture française au XIXe siècle, impressionnisme, symbolisme (1974), La Relève de l’Imaginaire, la peinture française au XIXe siècle, réalisme et romantisme (1976), Les Signes du temps et l’Art moderne (1985). La somme, enfin, que constitue sa Psychologie de l’art, rassemble l’essentiel de ses cours au collège de France entre 1951 et 1976. René Huyghe a également publié en 1994 un volume de mémoires, Une vie pour l’art.

Esprit curieux, novateur, conférencier d’un talent exceptionnel, René Huyghe fut l’un des premiers à tenter l’alliance de l’art et du cinéma, en réalisant lui-même plusieurs films sur l’art dont un Rubens primé à la biennale de Venise. Il fut aussi le fondateur de la Fédération internationale du film d’art.

René Huyghe fut élu à l’Académie française, le 2 juin 1960, au fauteuil de Robert Kemp par 15 voix contre 10 au romancier Paul Vialar. Comme Henri Massis, il fut reçu dans le grand amphithéâtre de la Sorbonne, le 22 avril 1961. C’est Jacques Chastenet qui lut le discours qu’avait rédigé pour sa réception Émile Henriot, décédé quelques jours avant la cérémonie.

Mort le 5 février 1997.

Signature de René Huyghe

Œuvres

1935 Histoire de l’art contemporain (Alcan)

1936 Cézanne (Plon)

1937 Les dessins de Van Gogh (Braun)

1937 La peinture française : Du XIVe au XVIIe siècle. II (Calavas)

1937 La peinture française : Figures et Portraits. I (Calavas)

1938 Catalogue raisonné des dessins du Louvre. École française : Millet-Muller (en collaboration avec Gabriel Rouchès) (Éditions des Musées nationaux)

1939 La peinture française : les contemporains

1942 Millet et Th. Rousseau (Skira)

1945 La peinture actuelle

1946 Le Louvre : les chefs-d’œuvre de la peinture (Nomis)

1947 La France innombrable (Quadrige)

1948 Le Dessin français au XIXe siècle (Mermod)

1948 Vermeer (en collaboration avec A. de Vries)

1949 La peinture moderne et notre temps

1951 Publication d’un manuscrit inédit de Gauguin : “L’Ancien Culte Mahorie”, avec une introduction : La Clef de Noa-Noa (La Palme)

1951 L’Univers de Watteau

1952 La Peinture d’Occident (Cent chefs-d’œuvre du musée du Louvre) avec notices de Lydie Huyghe (Nouvelles éditions françaises)

1952 Le Carnet de Gauguin (Quatre Chemins)

1952 Western Painting (Treasures of the Louvre, New York) (Harry N. Abrams)

1953 Le Carnet de Gauguin. Le culte Mahorie

1955 Dialogue avec le visible (Flammarion)

1955 Henri Matisse, avec notices de Lydie Huyghe (Flammarion)

1957 Cézanne (Somogy)

1957 Jean-Baptiste Chardin (Parvillée)

1957 L’Art et l’Homme, Tome I (sous la direction de René Huyghe) (Larousse)

1958 L’Art et l’Homme, Tome II (sous la direction de René Huyghe) (Larousse)

1958 Van Gogh (Flammarion)

1959 Gaughin (Flammarion)

1959 Gaughin initiateur des temps nouveaux (Hachette)

1960 L’Art et l’Ame (Flammarion)

1960 Merveilles de France. Introduction précédant le texte de François Cali (Arthaud)

1961 Cézanne (Somogy)

1961 Le Poète à l’école du peintre : Baudelaire et Delacroix (Hachette)

1961 L’Art et l’Homme. Tome III (sous la direction de René Huyghe) (Larousse)

1962 La Peinture française des XVIIe et XVIIIe siècle (Flammarion)

1964 Delacroix ou le Combat solitaire (Hachette)

1965 Les Puissances de l’image (Flammarion)

1967 Sens et destin de l’art (Flammarion)

1970 L’Art et le Monde moderne (sous la direction de René Huyghe et Jean Rudel) 2 tomes (Larousse)

1971 Delacroix et la Grèce

1971 Formes et Forces (Flammarion)

1973 Van Gogh (Screpel)

1974 Ce que je crois (Grasset)

1974 La Joconde (Office du Livre)

1974 La Relève du Réel, la peinture française au XIXe siècle, impressionnisme, symbolisme (Flammarion)

1976 La Relève de l’Imaginaire, la peinture française au XIXe siècle, réalisme et romantisme (Flammarion)

1979 Maiastra, Renaissance de l’Occident ? (en collaboration) (Plon)

1980 De l’Art à la Philosophie (réponses à Simon Monneret) (Flammarion)

1980 La nuit appelle l’aurore, dialogue Orient-occident sur la crise contemporaine (René Huyghe, Daisaku Ikeda) (Flammarion)

1985 Les Signes du temps et l’Art moderne (Flammarion)

1987 Se perdre dans Venise (en collaboration avec Marcel Brion) (Arthaud)

1990 Delacroix ou le combat solitaire (2e édition) (Robert Laffont)

1991 Psychologie de l’art, résumé des cours du Collège de France

1994 Une vie pour l’art. De Léonard à Picasso

Mot attribué lors de l’installation

Charme :

n. m.
I.
XIIe siècle. Du latin carpinus, de même sens. Arbre forestier de la famille des Cupulifères, de moyenne grandeur, au bois blanc très dur, à la cime très feuillue, et que l'on taille en palissade ou en berceau. Par méton. Le bois de cet arbre. Des quilles, une mailloche en charme.
II.
XIIe siècle, au sens de « formule magique », usuel jusqu'au XVIIe siècle. Du latin carmen, « formule magique, incantation », « composition en vers, poésie ».
1. Anciennt. Formule incantatoire, sortilège, objet magique ; l'enchantement, l'envoûtement produits par ces moyens. User de charmes. Opérer un charme, des charmes. Rompre, ôter, lever un charme. • Titre célèbre : Charmes, de Paul Valéry (1922).
2. Ce qui plaît, ce qui touche, ce qui séduit dans une personne ou une chose. Cette femme a du charme, est pleine de charme. Il a beaucoup de charme, un charme irrésistible. Un charme secret, indéfinissable. Le charme d'une ville, d'un pays. Ces lieux ont pour moi bien des charmes. L'étude a ses charmes. Chanteur de charme, voir Chanteur. Expr. Être sous le charme de quelqu'un. Le charme est rompu, l'illusion est détruite. Se porter comme un charme, parfaitement bien, comme sous l'effet d'un charme. Fam. Faire du charme à quelqu'un, chercher à lui plaire. Spécialt. Au pluriel. Attraits physiques. Les charmes d'une belle femme. Trafiquer, vivre de ses charmes, se prostituer.