Louis Leprince-Ringuet est né le 27 mars 1901 à Alès.
1920-1923 : élève à l'École polytechnique, puis à l'École supérieure d'électricité.
1924-1929 : ingénieur au Service des câbles sous-marins. 1929 : collaborateur de Maurice de Broglie au laboratoire de physique des rayons X.
1933 : docteur ès sciences.
1936-1969 : professeur à l'École polytechnique.
1949 : membre de l'Académie des sciences, section de physique ; président de l'Union catholique des scientifiques français.
1951-1971 : commissaire à l'Énergie atomique.
1957 : président pour l'année de la Société française de physique.
1959-1972 : professeur au Collège de France (chaire de physique nucléaire).
1961 : membre de l'Académie pontificale des sciences.
1964-1966 : président du Comité des directives scientifiques du CERN (Centre européen pour la recherche nucléaire).
Louis Leprince-Ringuet a obtenu plusieurs prix de l'Académie des sciences et de la Société française de physique ; il a obtenu également le prix littéraire Ève Delacroix en 1958. Peintre, il a exposé ses toiles à Paris (1959, 1962, 1965, 1969, 1972, 1975, 1979, 1982, 1985) et dans plusieurs autres villes.
1971-1984 : président des Jeunesses musicales de France. 1974-1990 : président de l'organisation française du Mouvement européen.
1983-1996 : président de la Fondation Fredrick Bull, devenue l'Institut Fredrick Bull.
Élu à l'Académie française, le 13 janvier 1966, au fauteuil du général Weygand (35e fauteuil).
Mort le 23 décembre 2000, à Paris.
Travaux principaux
Entre 1929 et 1934 : Réalisation d’un amplificateur proportionnel pour l’étude des transmutations nucléaires : réactions nucléaires dues aux particules, réactions dues aux neutrons.
1934-1938 : Travaux se rapportant au rayonnement cosmique : tout d’abord, expérience avec sélecteurs à coïncidences et compteurs d’électrons sur l’effet de latitude des rayons cosmiques, puis séparation des composantes principales de ce rayonnement et étude de leurs propriétés (avec P. Auger et P. Ehrenfest). Puis réalisation de grandes chambres de Wilson commandées par compteurs et utilisées conjointement avec le champ magnétique de l’électro-aimant de l’Académie des sciences. Recherches sur les effets secondaires des rayons cosmiques et premières observations sur l’excès positif des particules pénétrantes : spectre d’énergie des mésons, mesure de la masse des mésons (avec J. Crussard, S. Gorodetzky, E. Nageotte, R. Richard-Foy).
1938-1958 : Extension des recherches dans des centres de montagne, en particulier création du laboratoire de l’aiguille du Midi de Chamonix (avec P. Chanson). Dans ce laboratoire du Centre national de la recherche scientifique des travaux se poursuivent avec une installation de chambres de Wilson avec champ magnétique et compteurs d’électrons.
Plus récemment une installation comportant deux très grandes chambres de Wilson superposées a été établie au pic du Midi de Bigorre, dans les Pyrénées (avec R. Armenteros, A. Astier, B. Grégory, A. Lagarrigue, F. Muller, Ch. Peyrou), et fonctionna de façon continue pendant six ans : l’étude principale se rapportant aux mésons lourds du rayonnement cosmique dont une première observation avait été effectuée par Louis Leprince-Ringuet et M. Lhéritier, en 1943. Parmi les divers types de ces mésons, le K m qui est le plus abondant et se désintègre en un méson m et un neutrino a été découvert par le groupe du pic du Midi en 1953 et ses principales caractéristiques ont été complètement déterminées.
Dans le laboratoire de Paris, enfin, un groupe étudia les rayons cosmiques par le moyen des émulsions photographiques nucléaires irradiées à grande altitude (avec J. Crussard, V. Fouché, J. Hennesy, P. Hoang, L. Jauneau, G. Kayas, A. Lecourtois, D. Morellet). Les particules étranges ont été spécialement étudiées.
D’autres recherches sur les interactions nucléaires de très grande énergie y ont été également poursuivies en liaison avec le centre de Berkeley.
Depuis 1958 : Les centres de montagne sont progressivement abandonnés et le laboratoire s’est transformé pour travailler directement avec les grands accélérateurs de particules qui apparaissent en Europe : celui de Saclay et celui de Genève au Centre européen de la recherche nucléaire. Les groupes de l’École polytechnique avaient entrepris dès 1957 la réalisation de grandes chambres à bulles pour la détection des particules fournies par les grands synchrotrons. Une première série de chambres à bulles à propane et liquides lourds a été construite sous la direction de A. Lagarrigue : 300 000 photographies ont été prises à Saclay en 1959 et 1960, puis la plus grande chambre a été transportée à Genève auprès du synchrotron du CERN : plus de 4 millions de photos d’interactions nucléaires, produites par des protons, mésons m, mésons K de toutes énergies ont été prises de 1960 à 1965 et distribuées dans les principaux laboratoires européens. Par ailleurs, sous la direction de B. Grégory, une chambre à bulles à hydrogène de 80 cm, construite par le département Saturne de Saclay, fonctionne à Genève depuis le printemps 1961, en utilisant des mésons p et K et également les antiprotons. Cette chambre a alimenté, par plus de 5 millions de photographies, l’activité scientifique des laboratoires européens de physique des particules.
L’étude des interactions nucléaires à haute énergie au moyen des faisceaux du CERN et des grandes chambres à bulles exige le développement de moyens puissants d’exploitation et de mesure. Aussi dans les deux laboratoires de l’École polytechnique et du Collège de France a-t-on constitué des équipes qui effectuent à longueur de journée l’observation, suivant certains critères, des photographies nucléaires. D’autres équipes se relaient auprès d’appareils appelés I.E.P. (instrument pour l’étude des photographies). Ce genre d’organisation est indispensable pour permettre de disposer sur des cartes perforées ou des bandes magnétiques toutes les informations utiles contenues dans les photographies stéréoscopiques des événements. Un gros travail de contrôle, de programmation et d’utilisation d’ordinateurs est ensuite nécessaire pour permettre aux physiciens de disposer des éléments de mesure qui sont à la base de l’interprétation physique des résultats.
L’ensemble des deux laboratoires de Louis Leprince-Ringuet (École polytechnique et Collège de France) groupait environ deux cents personnes, dont une quarantaine de docteurs ès sciences. En 1971 B. Grégory prit la direction du laboratoire de l’École polytechnique et en 1972 Marcel Froissart fut nommé professeur au Collège de France et prit la direction du laboratoire correspondant.