Dire, ne pas dire

Recherche

Être en promesse de famille

Le 6 octobre 2022

Expressions, Bonheurs & surprises

« Lorsque l’enfant paraît, le cercle de famille / Applaudit à grands cris », nous dit Victor Hugo, mais le temps de la naissance est précédé de celui de la grossesse. La langue s’est plu à nommer ce dernier en créant des expressions allant du plus trivial au plus poétique. On a dit en Vendée, et ce tour s’est largement répandu, être en promesse de famille. On entend, dans d’autres régions, être en attente de famille ; en Belgique on emploie avoir des espérances, expression qui avait un tout autre sens dans les romans des xixe et xxe siècles, puisqu’elle signifiait « attendre un héritage ». En Normandie, on dit d’une femme enceinte qu’elle a acheté un héritier. Le ventre arrondi est souvent comparé à un ballon, d’où des tours comme attraper le ballon, avoir du ballon ou le ballon, ou même, au Québec, avoir sa butte, être en balloune. Sur le modèle de tomber malade s’emploie fréquemment l’expression tomber enceinte, mais nos amis québécois disent tomber en famille et parlent de la grossesse comme d’une belle maladie. La langue populaire aime aussi à lier cette grossesse à l’ingestion de quelque aliment et emploie des expressions comme elle a avalé un pépin, un rude pépin, elle a gobé une pomme, voire, plus familièrement, elle a sucé son crayon, elle a une côtelette dans le buffet ou un petit salé sous le tablier. Puisque nous évoquons la nourriture, rappelons que nous avons emprunté à l’anglais to have a bun in the oven pour en faire « avoir un pain dans le four ». On évoque aussi parfois la grossesse comme un état que l’on souhaiterait, pour un temps au moins, dissimuler : la langue en rend compte avec des formes comme avoir un polichinelle (ou un mouflet) dans le tiroir (ou sous le tablier) et avoir un moussaillon dans la cale. Comme nous parlons de grossesse, on se gardera d’oublier la locution verbale être grosse, à laquelle une langue soutenue ajoute « des œuvres de » pour désigner le père. Si on trouve dans notre Dictionnaire : « Elle était alors grosse de son premier enfant », on y lit aussi que « figurément, gros de se dit de ce qui porte en puissance d’autres choses à venir ». Nous en avons un bel exemple dans ces vers de La Mort de Philippe II, de Verlaine :

« La figure du Roi, qu’étire la souffrance,

À l’approche du fray [c’est-à-dire de la communion] se rassérène un peu

Tant la religion est grosse d’espérance ! »

Une langue triviale remplace ordinairement être grosse par être en cloque ou, moins souvent, par gondoler de la devanture et, pour évoquer l’origine de la grossesse, se faire engrosser ou encloquer quand elle ne dit pas être tombée sur un clou rouillé. La natalité ayant souvent été encouragée par les gouvernements, des expressions comme travailler pour Marianne ou, plus fréquemment, travailler pour la France ne surprennent pas. Dans ces derniers cas, le sujet de l’expression est plus souvent le nom du père de l’enfant à naître que celui de la mère. Et, puisque l’on réunit travail et grossesse, on rappellera pour conclure que le nom prolétaire est emprunté du latin proletarius, qui désignait à Rome un citoyen de la dernière classe, dont on estimait qu’il n’était utile à la nation que par les nombreux enfants (proles) qu’il lui donnerait.

Les enfants, cessez de parler !

Le 6 octobre 2022

Expressions, Bonheurs & surprises

Cette injonction, on l’a souvent entendue ; or, elle est étymologiquement fort étonnante. Le nom enfant est en effet emprunté du latin infans, mot composé à l’aide du préfixe négatif in- et du participe présent du verbe fari, « parler ». L’enfant, ou plutôt l’infans, est donc théoriquement, puer nescius fari, « un enfant qui ne sait pas encore parler ». Dans son ouvrage De La Langue latine, Varron fait cette précision : « L’homme commence à parler dès qu’il articule un mot qui a du sens. Jusque-là l’homme est infans (il ne parle pas) ». Et notre auteur donne au verbe fari une origine onomatopéique, puisqu’il considère que cette forme imite les premiers babils. La locution nescius fari s’employait aussi à Rome pour désigner un tout jeune enfant. Ainsi dans son Ode à Apollon, Horace écrit, pour montrer jusqu’où va la rage destructrice d’Achille après la prise de Troie, « Nescios fari pueros Achivis / Ureret flammis » (« Il eût brûlé dans les flammes allumées par les Achéens des enfants qui ne savaient pas encore parler »). Signalons aussi que dans ses traités de rhétorique, comme L’Orateur, De l’orateur ou Brutus, Cicéron emploie volontiers infans pour qualifier celui qu’il estime ne pas savoir parler ou n’avoir aucune éloquence.

Fari est tiré d’une racine indo-européenne, qui se retrouve sous les formes fa- en latin et phê- ou pha- en grec, et à laquelle nous sommes redevables d’un grand nombre de mots, tous liés à la parole. C’est au grec que nous devons blasphème, euphémisme et prophète. C’est de cette même racine phê- que le plus célèbre des Cyclopes, Polyphème, tire son nom ; dès l’Antiquité, on a d’ailleurs débattu pour savoir s’il fallait donner à ce nom un sens actif, et faire de Polyphème celui qui parlait beaucoup, ou un sens passif, et en faire alors celui dont on parlait beaucoup. La forme pha- a donné aphasie, un mot construit comme l’est le latin infans, à l’aide du préfixe privatif a- et d’un radical exprimant l’idée de parler.

Chez les Latins, à côté d’infans, on rencontre facundus, qu’on rapprochait de fecundus, l’homme disert étant fécond en paroles, et que dans De La Langue latine, Varron glose ainsi : « qui facile fantur facundi dicti » (« ceux qui parlent facilement sont appelés faconds »). Cet adjectif, facond, a presque entièrement disparu aujourd’hui, contrairement au nom faconde, mais on le trouvait dans le Dictionnaire de Nicot et chez quelques auteurs du xixe siècle.

Le participe passé de fari a donné un nom, fatum, « destin », d’où sont issus le portugais fado et le français fée, et qui est parent, car tiré de la même racine indo-européenne, de l’allemand Bann, « sort », et de l’anglais boon, « prière pour obtenir une faveur », puis « faveur, aubaine ». C’est à fatum que nous devons aussi l’adjectif fatidique, proprement « celui qui dit le destin ». L’origine de ce nom est intéressante puisqu’elle nous montre toute la puissance que l’on accordait aux mots, car ce qui est dit par un augure ou un personnage de haut rang, et cela est un ressort de la tragédie antique, s’accomplira.

Pour conclure, revenons une fois encore au monde de l’enfance en précisant que les Latins l’associaient au fatum. Varron nous dit en effet que le fatum, « le destin, la destinée », est déterminé par l’époque de la vie, choisie par les Parques, où l’enfant commence à parler (fari).

Eugénia P. (Canada)

Le 6 octobre 2022

Courrier des internautes

Bonjour,

J’aimerais avoir des renseignements à propos de l’usage des mots de et des dans les exemples suivants. On écrit en effet Ce sont de nouveaux enseignants, mais est-il possible d’écrire Voici la liste des nouveaux enseignants ? Faut-il écrire Le centre de services scolaires est fermé ou Le centre des services scolaires est fermé ?

Eugénia P. (Canada)

L’Académie répond :

Il existe deux mots des en français. L’un est l’article indéfini au pluriel : un chat et des chats. Le bon usage veut que si le nom déterminé par cet article est précédé d’un adjectif qualificatif, on passe de des à de : Des enseignants arrivent demain mais De nouveaux enseignants arrivent demain.

L’autre mot des est le résultat de la contraction de l’article défini pluriel les et de la préposition de (il a comme équivalent au singulier les formes du ou de la : la clef de la maison mais la clef des maisons ; le livre du professeur mais le livre des professeurs). L’article défini pluriel les dans un groupe nominal deviendra des si ce groupe doit être précédé de la préposition de : Voici la liste des nouveaux enseignants.

Concernant le centre que vous évoquez, tout dépend de sa nature : si c’est le centre qui regroupe les services scolaires de votre ville, on dira le centre des (= de les) services scolaires (comme on écrit le centre des impôts) : si c’est une structure qui propose des services scolaires, on écrira plutôt centre de services scolaires (comme on écrit centre de loisirs), l’article indéfini s’effaçant devant la préposition.

Diable d’homme, chienne de vie

Le 1 septembre 2022

Emplois fautifs

En général, l’adjectif ou le nom attribut se situe, dans la phrase, après le nom qu’il modifie, auquel il est rattaché par un verbe d’état, que l’on ait affaire à un attribut du sujet (elle est grande et belle, il est bûcheron) ou un attribut du complément d’objet direct (on le trouve joli, on l’a élue présidente). Mais il existe une forme particulière d’attribut dans laquelle l’attribut précède le nom qu’il complète et auquel il est relié par la préposition de, comme dans diable d’homme (c’est-à-dire « cet homme est un diable ») ou chienne de vie (« la vie est une chienne »). Ces formes attributives ont le plus souvent une valeur exclamative. On ne confondra donc pas le nom qui reçoit un attribut avec un complément de nom, ce que l’on aurait dans une main d’homme ou l’amour de la vie. Notons enfin qu’il existe quelques cas qui peuvent être ambigus, mais cette ambiguïté est généralement levée par le contexte ou par une marque grammaticale. Ainsi on utilisera les syntagmes bourreau d’enfants pour désigner qui martyrise les enfants, et bourreau d’enfant pour désigner un enfant qui se comporte en tyran.

Holder

Le 1 septembre 2022

Anglicismes, Néologismes & Mots voyageurs

Le développement et la crise des monnaies virtuelles ont amené la prolifération de l’anglicisme holder. On ne peut que déplorer l’emploi de ce nom, parfaitement inutile, puisque des équivalents français désignent la même réalité depuis plusieurs siècles : l’usage met à notre disposition des noms comme « propriétaire », « détenteur », « possesseur » ou des périphrases construites avec une base verbale de même sens comme « ceux qui ont, possèdent, détiennent ».

« Ébaubir » pour « Ébaudir »

Le 1 septembre 2022

Extensions de sens abusives

Ces deux paronymes ne sont pas très fréquents, ce qui explique peut-être que l’on emploie parfois l’un pour l’autre. Le premier est un dérivé de l’ancien français baube, lui-même issu du latin balbus, « bègue ». Il signifie « rendre muet de stupéfaction » et se rencontre aussi à la forme pronominale s’ébaubir, c’est-à-dire « s’étonner au plus haut point » : son participe passé ébaubi existe comme adjectif au sens de « stupéfait au point de perdre la parole ».

Ébaudir, lui, est tiré du germanique balt, « fier, plein d’ardeur, joyeux ». Il signifiait jadis « mettre en joie », mais il ne se rencontre plus aujourd’hui qu’à la forme pronominale s’ébaudir, parfois encore concurrencée par le tour plus ancien s’esbaudir, et signifie « se réjouir ».

on dit

on ne dit pas

L’annonce de la catastrophe la laissa tout ébaubie

Le peuple s’ébaudissait (ou s’esbaudissait) quand un nouveau roi montait sur le trône

L’annonce de la catastrophe la laissa tout ébaudie

Le peuple s’ébaubissait quand un nouveau roi montait sur le trône

Philippe F. (Bordeaux)

Le 1 septembre 2022

Courrier des internautes

Marin Marais a écrit un rondeau pour viole de gambe intitulé Le Troilleur. Malgré de multiples recherches, notamment dans un dictionnaire du xviiie siècle, je n’ai pas réussi à trouver la définition de troilleur. Pourriez-vous m’aider ?

Philippe F. (Bordeaux)

L’Académie répond :

Il y a plusieurs hypothèses : troilleur peut être une variante de trolleur, qui était beaucoup plus en usage. Il s’agit d’un dérivé de troller, qui était en moyen français un terme de vénerie signifiant « quêter au hasard, sans avoir de piste ». De ce sens, on en a tiré un autre qui est celui que l’on trouve dans les éditions anciennes de notre Dictionnaire et qui figure encore dans la neuvième édition, sous l’entrée trôler (graphie utilisée depuis la quatrième édition). Voyons par exemple la définition qu’en donnait la troisième :

« Il ne s’emploie que dans le style bas & populaire, pour dire, Mener, promener de tous côtez indiscrettement & hors de propos. C’est un homme qui trôlle continuellement sa femme par-tout. Il trôlle son fils dans toutes les maisons. Il est aussi neutre. C’est un homme qui ne fait que trôller tout le long du jour, pour dire, Qui ne fait que courir ça & là ; Et il est du même style. »

Mais troilleur pourrait aussi être une variante de l’ancien français troilleör, nom qui avait deux sens ; il désignait soit un fabricant de pressoir et celui qui en avait la responsabilité, soit une personne fourbe qui pressurait autrui. Comme ce rondeau est parfois présenté comme une plainte, c’est probablement à ce dernier sens qu’il faut rattacher ce nom.

Effectuer au sens de Recevoir

Le 7 juillet 2022

Extensions de sens abusives

Nous avons rappelé récemment qu’il ne fallait pas employer la forme je me vaccine en lieu et place de la tournure factitive je me fais vacciner. Nous pouvons signaler aujourd’hui une erreur assez semblable concernant le verbe effectuer. Ce dernier signifie « exécuter, réaliser, accomplir une opération qui peut présenter certaines difficultés », ce qui suppose donc une participation active du sujet de ce verbe. On ne l’emploiera donc pas, comme on l’entend en ce moment dans le contexte épidémique, au sens de « recevoir (un vaccin), se faire injecter (un vaccin) » et on veillera à ne pas dire Trente millions de Français ont effectué leurs trois doses de vaccin mais bien Trente millions de Français ont reçu leurs trois doses de vaccin.

Imbécile ver de terre… amoureux d’une étoile

Le 7 juillet 2022

Expressions, Bonheurs & surprises

Dans les Pensées, Pascal présente l’homme comme un « imbécile ver de terre ». Si nous cernons désormais mieux l’homme, nous ne connaissons guère plus le ver. Et force est d’avouer que la première édition de notre Dictionnaire ne nous est pas d’un très grand secours. Cet animal y est présenté comme un « Petit insecte rempant, qui n’a ny vertebres, ny os ». Cela est confirmé à l’article Insecte, où on lit : « Se dit de plusieurs especes de petits animaux qu’on croit moins parfaits que les autres. Les mousches, les fourmis, les puces, les vers, &c. sont des insectes. » Un siècle plus tard, le Dictionnaire de Féraud ne dit rien d’autre : « Les vers, les fourmis, les mouches, les hannetons sont des Insectes. » Au xixe siècle, Larousse donne les causes de cette confusion :
« Le mot ver n’a pas de signification précise dans le langage de la science moderne ; on l’appliquait autrefois, et dans la simple conversation on l’applique encore, à des espèces diverses qui n’ont, ou semblent n’avoir ni pattes, ni ailes, ni écailles, qui vivent dans la terre, dans les substances corrompues, dans les intestins de beaucoup d’animaux, et qui souvent ne sont que des larves d’insectes. »

Si nous passons de ver à son dérivé vermine, nous pourrons ajouter à cette liste des petits rongeurs. Pour Nicot, en effet, ce nom désigne « Toute sorte de petites bestes qui s’engendrent de pourriture, comme poux, pulces, souris et rats ». La comparaison des langues rend compte de ce fait puisque nos amis allemands appellent Bücherwurm (« ver des livres ») notre rat de bibliothèque. Au xvie siècle, Ambroise Paré (xxiv, 3) ajoutait à la vermine « Crapaux et viperes ».

Le ver nous intéresse aussi parce qu’on l’a longtemps considéré comme une preuve de la génération spontanée. Diderot écrit ainsi dans Le Rêve de d’Alembert : « L’éléphant, cette masse énorme, organisée, le produit subit de la fermentation ! Pourquoi non ? Le rapport de ce grand quadrupède à sa matrice première est moindre que celui du vermisseau à la molécule de farine qui l’a produit... Mais le vermisseau n’est qu’un vermisseau... C’est-à-dire que la petitesse qui vous dérobe son organisation lui ôte son merveilleux. »

Cette croyance dans la génération spontanée des vers était alors fort répandue. Les dictionnaires en témoignent en précisant d’où s’engendrent tous ces animalcules. Ainsi, à l’article Ver de son Thresor de la langue francoyse, Nicot présente : « Un ver qui s’engendre au bois… ; un ver qui naist et s’engendre de la terre… ; des vers qui naissent dedans le ventre… ; un petit ver qui naist seulement où le lion est engendré et est de telle force, que si le lion le mange, il meurt incontinent [Notons que ce dernier ver, connu d’Aristote et d’Élien, nous est présenté par Pline, dans son Histoire naturelle, comme “un petit animal appelé léontophonos (proprement ‘tueur de lion’) et qui ne se trouve que là où se trouve le lion : cette bête formidable […] expire sur le champ s’il goûte sa chair ; aussi brûle-t-on le corps du léontophonos et on saupoudre de cette cendre comme d’une farine des morceaux de chair qui sont un appât pour le lion et qui lui donnent la mort tant cet animal est funeste. Ainsi le lion le hait non sans raison, l’écrase quand il le voit et le tue sans le mordre. L’autre pour se défendre lâche son urine, elle aussi mortelle pour le lion”]. »

Le ver, on l’a vu avec Pascal, était considéré comme un symbole de petitesse. Il l’était depuis fort longtemps puisque, dans une lettre, saint Augustin écrit, reprenant presque mot à mot le verset 7 du psaume 21 de la Bible : « Ego sum vermiculus et non homo » (« Moi, je suis un petit ver et non un homme »). On notera avec amusement que si ce diminutif vermiculus est à l’origine de notre vermisseau, il l’est aussi de vermeil ou encore de vermicelle.

C’est ce même ver qui reviendra sous la plume de Victor Hugo qui lui redonnera toute sa noblesse en l’employant dans une déclaration d’amour restée célèbre :

« Madame, sous vos pieds, dans l’ombre, un homme est là

Qui vous aime, perdu dans la nuit qui le voile ;

Qui souffre, ver de terre amoureux d’une étoile ;

Qui pour vous donnera son âme, s’il le faut ;

Et qui se meurt en bas quand vous brillez en haut. » (Ruy Blas, II, ii.)

Bénédicte C. (Paris)

Le 7 juillet 2022

Courrier des internautes

J’ai lu quelque part, mais je ne me souviens plus où, l’expression à bis et à blanc.

Or, j’ignore son sens. En outre, je ne l’ai pas trouvée dans les dictionnaires que j’ai consultés. Pourriez-vous me dire ce qu’elle signifie ?

Merci.

Bénédicte C. (Paris)

L’Académie répond :

Cette expression, qui signifie « de toute façon », est liée à la fabrication de la farine et du pain. Selon que le blé est broyé plus ou moins grossièrement, on obtient une farine bise, c’est-à-dire gris foncé, ou blanche, à partir desquelles on aura du pain bis ou du pain blanc. On trouve aussi la forme à bis, à blanc ; on lit ainsi, dans la première édition du Dictionnaire de l’Académie française : « On dit aussi proverbialement & bassement, Faire les choses à bis & à blanc, pour dire, Les faire en quelque sorte & à quelque prix que ce soit, justement ou injustement, de gré ou de force. »

Pages