Né à Troyes, le 5 juillet 1872.
Fils d’un officier d’infanterie, Édouard Herriot obtint une bourse pour préparer l’École normale supérieure. Il y fut reçu en 1891, et obtint en 1893 son agrégation de lettres, qui lui ouvrit les portes d’une brillante carrière d’universitaire. Il fut d’abord professeur à Nantes, puis à Lyon, en classe de rhétorique. Après un premier ouvrage consacré à Philon le Juif et l’école d’Alexandrie, couronné par le prix Victor Cousin de l’Académie des Sciences morales et politiques, il soutint sa thèse de doctorat sur Madame de Récamier. À Lyon, il s’engagea dans l’Affaire Dreyfus aux côtés d’Émile Zola, Anatole France et Charles Péguy, et fonda la section lyonnaise de la ligue des Droits de l’Homme. Il entra véritablement en politique dans le sillage du maire de la capitale des Gaules, Augagneur, qui, en 1904, le prit sur sa liste aux élections municipales. Herriot allait lui succéder à la mairie en 1905.
Figure montante du parti radical, il fut élu en 1912, à quarante ans — l’âge minimum requis —, sénateur du Rhône. Pendant la Première Guerre mondiale, il fut appelé comme ministre des Travaux publics, du transport et du ravitaillement dans le cinquième ministère Briand. À l’issue du conflit, le parti radical-socialiste, moribond, le porta à sa tête ; il le reconstruisit. En 1923, ce parti, sous son impulsion, s’associa avec la SFIO pour fonder le Cartel des gauches. Après la victoire du Cartel, aux élections législatives de 1924, Édouard Herriot devint chef du gouvernement, mais tomba bientôt, renversé sous l’influence des milieux de la banque et de l’industrie hostiles à sa politique financière.
Jusqu’aux années 1930, Édouard Herriot devait poursuivre sa carrière de parlementaire. Il revint également au gouvernement comme ministre de l’Instruction publique dans le cabinet de l’Union nationale fondé par Raymond Poincaré en 1926. À ce poste, dans un climat politique apaisé, il mit en œuvre la réforme de l’école unique.
Il retrouva le chemin du pouvoir en 1932, à la tête d’un gouvernement de concentration qui ne devait durer que quelques mois. Après le 6 février 1934, il fut encore ministre d’état dans le gouvernement Doumergue, puis membre de plusieurs gouvernements de droite, cependant que son parti évoluait vers la gauche et le Front Populaire. En 1935, réservé quant à cette alliance, Herriot démissionnait de la présidence de son parti, où il fut remplacé par Daladier.
Antimunichois de la première heure, partisan de la fermeté face à Hitler et soutien de Paul Reynaud, il s’abstint en 1940, alors qu’il était président de la Chambre, après avoir soutenu Paul Reynaud, de voter les pleins pouvoirs au maréchal Pétain.
À l’été 1942, lorsque le gouvernement décida de dissoudre le bureau des Chambres, il fut mis en résidence surveillée, arrêté, puis déporté en Allemagne en 1944.
À son retour en France à la Libération, il devait retrouver la direction du parti radical, la mairie de Lyon, et également la présidence de l’Assemblée nationale.
La politique, dans laquelle il joua si longtemps un rôle de premier plan, n’avait pas fait oublier à Herriot sa première vocation. On lui doit plus d’une trentaine de volumes au nombre desquels Précis de l’histoire des lettres françaises, Impressions d’Amérique, Lyon pendant la guerre, Dans la forêt normande, La Vie de Beethoven, La Porte océane, Lyon n’est plus, Aux sources de la liberté.
Il était docteur honoris causa de l’université de Glasgow.
Édouard Herriot fut élu à l’Académie française le 5 décembre 1946, par 24 voix au fauteuil d’Octave Aubry, mort prématurément avant d’être reçu. C’est Jérôme Tharaud qui le reçut, le 26 juin 1947. L’élection d’Édouard Herriot devait être la dernière, avant l’année 1950, d’une académie largement renouvelée, puisque elle comptait trente-huit membres (les fauteuils de Maurras et du maréchal Pétain étant réservés).
Dans son Bloc-notes, François Mauriac a tracé de ce politicien lettré le portrait suivant : « En vérité, Édouard Herriot était un gros homme charmant. Son charme naissait de ce contraste entre la culture, tous les dons d’une intelligence royale et la ruse, disons la finesse, politicienne ».
Mort le 26 mars 1957.