Né à Lyon, le 27 avril 1876.
Fils d’un colonel d’infanterie coloniale, Claude Farrère entra en 1894 à l’École navale. Enseigne de vaisseau en 1899, il obtint en 1906 le grade de lieutenant. Affecté à l’artillerie d’assaut pendant la Première Guerre mondiale, il était capitaine quand fut signée la paix ; il démissionna en 1919 pour se consacrer à sa seconde passion : les lettres.
Il avait publié, dès avant la guerre, plusieurs romans (Fumée d’opium, L’Homme qui assassina, Mlle Dax, jeune fille, La Bataille, Les Petites Alliées, Thomas l’Agnelet) dont l’un,Les Civilisés, lui avait obtenu le prix Goncourt en 1905. Durant l’entre-deux-guerres, Claude Farrère devait poursuivre cette œuvre plus qu’abondante, puisant à la double source du réalisme et de ses souvenirs d’officier de marine en Extrême-Orient. On pourra citer encore : La Maison des hommes vivants, Dix-sept histoires de marins, Quinze histoires de soldats, Bêtes et gens qui s’aimèrent, Les Condamnés à mort, La Dernière déesse, Les Hommes nouveaux, Mes voyages, La Marche funèbre, Le Chef, Loti, Les Quatre dames d’Angora, L’Inde perdue, Forces spirituelles de l’Orient, L’Europe en Asie, etc. On lui doit également une Histoire de la Marine française.
N’étant pas démuni de bravoure, il s’illustra le 6 mai 1932 en s’interposant entre le président Doumer et son assassin, ce qui lui valut deux balles dans le bras.
Après deux échecs — au fauteuil Richepin enlevé par Émile Mâle en 1927, et au fauteuil Jonnart qui échut à Maurice Paléologue en 1928 — Claude Farrère fut élu à l’Académie française le 28 mars 1935, par 15 voix au second tour, au fauteuil de Louis Barthou. Il arrachait son fauteuil à un concurrent de choix, puisqu’il s’agissait de Paul Claudel, qui n’obtint que 10 voix.
Sur cette élection qu’il jugeait « la plus scandaleuse qui se soit jamais perpétrée quai Conti », François Mauriac a laissé, dans son Bloc-notes, quelques lignes pour le moins âpres : « La honte que je ressentis me déniaisa d’un seul coup. J’ouvris les yeux, je regardai autour de moi, j’observai de plus près cette assemblée auguste, et je compris. C’était notre Pierre Benoît, si gentil, si rusé, né pour l’intrigue, et qui en quinze jours avait noué les fils... c’était l’élection de Charles Maurras que ses disciples préparaient dans un climat politique fiévreux, en ces années d’avant le désastre. »
C’est le même Pierre Benoit qui recevait Claude Farrère sous la Coupole, le 23 avril 1936.
Mort le 21 juin 1957.