Né au Havre, le 21 avril 1875.
Issu d’une vieille famille protestante de souche alsacienne, André Siegfried était le fils de Jules Siegfried, maire du Havre, député de la Seine-Inférieure et ministre du Commerce dans le cabinet Ribot.
Après une scolarité à Paris, au lycée Condorcet, puis à l’École libre des Sciences politiques — où lui-même devait enseigner à partir de 1911 — André Siegfried orientait ses études à la fois vers l’histoire et les lettres (il soutint une thèse de doctorat sur la démocratie en Nouvelle-Zélande) et vers le droit, discipline dans laquelle il obtenait un second doctorat.
Cet intellectuel était aussi un homme de terrain : sa jeunesse avait été marquée, dans les années 1900-1901 par un vaste tour du monde, qui l’avait conduit, entre autres destinations, aux États-Unis, au Mexique, en Australie, au Japon, en Chine et aux Indes. Par ailleurs, sur les traces de son père, il avait tenté de s’engager sur le terrain concret de l’action politique, mais ses trois tentatives pour se faire élire à la députation, en 1902, 1906 et 1910, s’étaient soldées par des échecs.
Quand éclata la Première Guerre mondiale, il servit comme interprète dans l’armée britannique, puis occupa de 1920 à 1922, un poste à la direction du service économique de la section française de la SDN.
En réalité ce sont ses travaux de recherche qui lui valurent la célébrité, au premier rang desquels son magistral Tableau de la France de l’Ouest, publié dès avant la guerre, qui renouvelait profondément la science politique française.
Collaborateur régulier au Figaro à partir de 1934, André Siegfried devait parallèlement produire une œuvre importante, dans laquelle on retiendra : L’Angleterre d’aujourd’hui, son évolution économique et politique, Les États-Unis d’aujourd’hui, Tableaux des partis en France, La Crise britannique au XXe siècle, Cours de géographie économique et politique, L’Amérique latine, Le Canada, puissance internationale, Qu’est-ce que l’Amérique ?, Suez, Panama et les routes maritimes mondiales, Mes souvenirs de la IIIe République, Mon père et son temps, La Suisse, démocratie témoin, L’Âme des peuples, Aspects du XXe siècle.
André Siegfried fut élu en 1932 à l’Académie des Sciences morales et politiques, puis se vit attribuer l’année suivante une chaire de géographie économique et politique au Collège de France, en même temps qu’il continuait de dispenser son enseignement à l’École libre des Sciences politiques, dont il était la figure dominante. Il devenait en 1945 le premier président de la Fondation nationale des Sciences politiques.
Son élection à l’Académie française eut lieu le 12 octobre 1944. Il obtint 13 voix au fauteuil de Gabriel Hanotaux, lequel avait été élu en 1897. Compte tenu des circonstances exceptionnelles, cette élection — la seconde depuis la Libération — se déroula sans le quorum de votants exigé d’ordinaire par le règlement.
André Siegfried fut reçu le 21 juin 1945 par le duc de la Force.
Mort le 28 mars 1959.