Dire, ne pas dire

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Je vous demande, tel que la loi vous y oblige …

Le 4 mai 2023

Emplois fautifs

La locution adjectivale tel que et les conjonctions de subordination comme ou ainsi que sont parfois synonymes et remplaçables l’une par l’autre. C’est le cas quand on souligne une égalité : « Il est comme/ ainsi que son père l’était au même âge ; il est tel que son père l’était au même âge ». Mais cette permutation n’est pas possible en l’absence de nom ou de pronom servant de référence à la comparaison. On dira donc : « Je vous demande de me dire, comme / ainsi que la loi vous y oblige, … » et non : « Je vous demande de me dire, tel que la loi vous y oblige … », qui s’entend et se lit pourtant de plus en plus.

« D.N.F. » pour « Abandon »

Le 4 mai 2023

Anglicismes, Néologismes & Mots voyageurs

Le monde du sport doit beaucoup à la Grande-Bretagne et aux États-Unis, ce qui explique que, dans ce domaine, une grande partie du lexique est anglais. Le français leur emprunta certains termes (basket-ball, rugby, penalty, etc.), mais il en existait aussi beaucoup d’autres, appartenant souvent à des sports plus anciens, qui étaient français : course, saut, lancer, natation, escrime, aviron, cyclisme, etc. Rien ne justifie dans ce cas le remplacement de formes françaises bien en usage par des anglicismes. Cela arrive pourtant ; on commence ainsi à lire, dans des journaux français D.N.F., parfois développé en did not finish, quand « abandon » dirait la même chose. Il en va de même pour « forfait », auquel on ne substituera ni D.N.S. ni did not start, « a déclaré forfait » et, proprement, « n’a pas pris le départ ».

« Reporting » pour « Compte rendu, rapport »

Le 4 mai 2023

Anglicismes, Néologismes & Mots voyageurs

Le nom français rapport désigne, depuis le xiiie siècle, l’action de porter quelque chose à la connaissance d’autrui ou encore un récit, un témoignage, la relation d’un évènement. En ce sens, c’est un synonyme de compte rendu, apparu dans notre langue deux siècles plus tard. Il n’est pas nécessaire de remplacer ces mots par l’anglais de même signification reporting, dérivé du verbe to report, « raconter, faire un rapport, un compte rendu », lui-même emprunté, au Moyen Âge, du français reporter, qui signifiait alors « rapporter, raconter ».

« Obséder » pour « Obnubiler »

Le 4 mai 2023

Extensions de sens abusives

Les verbes obnubiler et obséder sont assez proches mais ils n’ont pas exactement le même sens : le premier signifie « envahir la pensée, obscurcir le jugement, occuper toutes les facultés mentales ». On dira ainsi : Cette idée obnubilait son esprit. Il est obnubilé, il a l’esprit obnubilé par ses chimères. Tandis que le second a pour sens « occuper l’esprit continûment ; tourmenter sans répit » et l’on dira : La pensée du suicide l’obsède. Être obsédé par le désir, la tentation, la crainte de faire quelque chose. L’étymologie peut nous aider à percevoir les nuances qu’il y a de l’un à l’autre : obnubiler est emprunté du latin obnubilare, « couvrir d’un nuage », tandis qu’obséder l’est de obsedere, « assiéger ». Ce dernier est plus violent puisqu’il porte en lui une idée d’enfermement tandis que le premier évoque plutôt un écran qui prive de discernement, de lucidité.

Foudres, barriques, muids, roquilles et autres contenants

Le 4 mai 2023

Expressions, Bonheurs & surprises

Le système métrique, institué en France en 1795 par la Convention, est ordinairement présenté comme un des bienfaits de la Révolution. S’il est vrai que ce système, avec ses multiplicateurs empruntés du grec et ses diviseurs empruntés du latin, n’est pas sans avantage, on doit constater qu’il provoqua, sinon la disparition, à tout le moins l’effacement partiel de nombre de termes qui n’étaient pas dénués de poésie. Ainsi les mesures de liquide, aujourd’hui étalonnées à partir du litre, étaient jadis d’une étonnante variété. Le plus courant était sans doute le tonneau, l’hyperonyme de cette vaste famille. Il a lui-même quelques particularités : sa contenance n’était pas fixée et l’origine de son nom est sujet à débat. On s’accorde pour en faire un diminutif de tonne, tiré du latin tardif tonna ou tunna. D’aucuns rattachent ce tonna au vieil irlandais tonn, « peau » et supposent que ce premier sens a donné celui d’« outre », puis celui de « tonneau » par le sème du contenant. Mais d’autres songent, en raison du renflement de cet objet, à une racine tum-, « grossir, enfler », à l’origine de tumeur et tumescent, mais aussi du vieil islandais thumal-fingr, « pouce » et, proprement, « gros doigt ». Le plus gros de ces tonneaux est le foudre, qui emprunte son nom de l’allemand Fuder, qui désignait à la fois une voiture de charge et une mesure de liquide. Il contient de 5 000 à 30 000 litres, soit 200 barriques ; la barrique valant, selon les régions, de 136 à 400 litres. À côté de la barrique, on trouve le baril (ces deux noms sont parents, le premier est emprunté du gallo-roman barrica, le deuxième est issu de son dérivé latin barriculus). Avant d’être l’unité de référence pour le pétrole, le baril servait en effet à mesurer le vin et les grains. Mais sa capacité variait d’un pays à l’autre. À Raguse il valait 74,2 litres, 68,1 à Corfou, tandis qu’à Paris il en valait 235 ou, ce qui nous intéresse plus, car nous quittons le système décimal, 18 boisseaux.

Si, dans notre système, l’étalon est le litre, il semble que c’est le muid qui tenait jadis ce rôle. Étudier ses diviseurs et ses multiplicateurs ressortit à la lexicologie et à l’arithmétique. La pipe, qui tire son nom du latin pipa, « tuyau ; tonneau », avait la contenance d’un muid et demi. Dans les diviseurs de ce dernier venait d’abord le poinçon, dont on apprend dans les éditions anciennes de notre Dictionnaire qu’il s’agissait d’une « Sorte de tonneau servant à mettre du vin ou autres liqueurs, qui tient à peu près les deux tiers d’un muid ». Après le poinçon venait la feuillette, qui valait la moitié d’un muid. Le quartaut, comme son nom l’indique, équivalait à un quart de muid (soit la moitié d’une feuillette). On passait ensuite à des tonneaux de petite taille avec le setier, qui contenait un neuvième du quartaut.

Ce setier était à son tour divisé en demi-setier, qui valait deux poissons. En effet, quand ce nom ne désigne pas un vertébré aquatique, c’est, apprend-on dans la cinquième édition de notre Dictionnaire, une « sorte de petite mesure, contenant la moitié d’un demi-setier ». Nous arrivons maintenant au bout de la chaîne : chacun de ces poissons était l’équivalent de quatre roquilles, que la première édition du Dictionnaire de l’Académie française nous présente comme « la plus petite des mesures de vin ».

Aujourd’hui, nombre de ces termes sont évanescents. Le boisseau, lui, est encore en usage, mais, c’est plus à l’Évangile de saint Mathieu qu’il le doit (chapitre V, versets 14 et 15) – « On n’allume pas une lampe pour la mettre sous le boisseau » – qu’à son utilisation comme mesure de capacité.

Il n’y a pas de sot métier

Le 4 mai 2023

Expressions, Bonheurs & surprises

Il n’y a pas de sot métier, dit le proverbe, avant d’ajouter : Il n’y a que de sottes gens. Tout cela est de bon sens, mais on constate aussi que nombre de métiers, surtout quand ceux qui les exerçaient étaient craints, ont été désignés par une grande variété de termes argotiques, comme si l’on avait voulu atténuer la peur que pouvaient inspirer ces personnes en les rendant plus familières. Parmi celles-ci figure le médecin, respectueusement appelé docteur, mais aussi, plus familièrement, diafoirus, le nom d’un des médecins dans Le Malade imaginaire, un nom auquel la terminaison en -us, empruntée du latin, semble offrir une garantie de sérieux, et qui est la combinaison du grec diaphoros, « remarquable », et du verbe argotique foirer, signifiant « avoir la colique » et « échouer lamentablement ». Pour désigner les médecins, on redonne aussi vie à des termes d’ancien français, parfois restés dans des langues régionales, comme mire qui se lit encore chez Verlaine, et on se souvient que Le Médecin malgré lui est inspiré d’un conte médiéval, Le Vilain mire. Il y a aussi mège, revivifié par Daudet. À l’italien, nous avons emprunté médicastre et, si la forme maladier se rencontre surtout comme un verbe signifiant « être malade », elle peut désigner, elle aussi, un mauvais médecin.

Le prêtre fut aussi l’objet de quolibets : corbeau, pour le noir de sa soutane, cet habit ayant aussi donné ensoutané ; calotin, qui vient de la calotte qu’il portait et qui s’est bien vite étendu à tous les hommes d’Église, puis aux séides du clergé. On a parlé aussi de ratichon, qui tire son nom de rat, et se trouve ainsi être un parent du rat de sacristie et du rat de bibliothèque.

On a longtemps opposé le prêtre à l’instituteur, et les élèves se sont toujours plu à trouver quelques surnoms à leurs enseignants. Le plus en usage désigne les surveillants, communément appelés pions, mot issu du latin pedo, « fantassin », puis « personne de peu d’importance », et attesté pour la première fois dans la correspondance du jeune Baudelaire. On nommait aussi le pédagogue gâcheux, proprement « celui qui gâche, qui travaille grossièrement », mot dont Littré nous dit qu’il désigne un maître subalterne dans une pension ou un instituteur de très bas étage. La Fontaine a, lui, popularisé barbacole, dans La Querelle des chiens et des chats et celle des chats et des souris – « Humains, il vous faudroit encore à soixante ans / Renvoyer chez les barbacoles » –, une forme tirée de Barbacola, le nom du maître d’école dans l’opéra de Lulli intitulé Le Carnaval (dont le livret était de Molière, Benserade et Quinault) ; Barbacola est tiré du latin barbam colere, « porter la barbe ». Autre terme venant d’un nom propre, pet-de-loup, emprunté de Petdeloup, un personnage de La Vie publique et privée de mossieu Réac, de Nadar. Les châtiments corporels que les enseignants infligeaient à leurs élèves expliquent leur autre surnom de fouette-cul. Pour ne pas trouver le terme trop fort, il n’est que de se souvenir que longtemps la pédagogie s’inspira de pratiques de l’Antiquité. De celles-ci témoigne saint Augustin dans Les Confessions : « Si j’étais paresseux quand je devais apprendre, on me battait, et nos aînés louaient cette façon de faire. » On rappellera aussi qu’à Sparte le paidonomos, le préposé à l’éducation des enfants, était assisté d’un mastigophoros, « un porte-fouet », et que la férule, dont les Latins rattachaient le nom au verbe ferire, « frapper », était fort en usage autrefois dans les écoles. Ne définissait-on pas cet objet, dans la première édition de notre Dictionnaire, comme une « petite palette de bois, avec laquelle on frappe sur la main des escoliers, lors qu’ils ont fait quelque legere faute » ? Avec le temps, ces pratiques s’estompèrent puisque, depuis 1835, le texte a connu un changement d’importance, en passant du présent à l’imparfait : « dont on se servait autrefois… lorsqu’ils avaient fait quelque faute ». Rappelons pour conclure que cet instrument fut si longtemps emblématique de l’état d’enseignant que Perrault écrivit, dans la préface du Parallèle des Anciens et des Modernes : « Ils devraient, ces auteurs, demeurer dans le grec, Et se contenter du respect De la gent qui porte férule. »

Bernard L. (Marseille)

Le 4 mai 2023

Courrier des internautes

J’ai invité un de mes amis bretons de passage chez moi à manger des arapèdes. Il m’a dit qu’il s’agissait de patelles. Je pense qu’il se trompe, mais il n’en démord pas. Pouvez-vous nous départager ?

Bernard L. (Marseille)

L’Académie répond :

Vous avez raison et votre ami n’a pas tort. Ce mollusque, dont le nom scientifique est patella vulgata, est appelé arapède sur les côtes de la Méditerranée et patelle sur les côtes de l’Atlantique et de la Manche, mais il a encore bien d’autres noms. On le nomme aussi bernique ou brinique, tiré du breton bernic, « coquillage ». En Normandie, ce nom est parfois altéré en bêlin. La petite patelle y est appelée cat, « chat », et la grosse jva, « cheval ». Enfin, on l’appelle aussi, pour l’aspect de sa chair, œil-de-brebis ou, en raison de la forme de sa coquille, chapeau chinois. On rencontre une légère variante chez Colette qui, dans La Maison de Claudine, parle de « deux patelles, pareilles à des chapeaux tonkinois ».

De belle facture

Le 6 avril 2023

Extensions de sens abusives

La locution de bonne (ou de belle) facture s’est d’abord employée pour qualifier une œuvre littéraire ou artistique, puis des instruments de musique. Elle peut aussi qualifier aujourd’hui des objets artisanaux ou, pour prendre un mot de la même famille que facture, des objets manufacturés : un meuble, un bijou de belle facture. L’intervention de la main de l’homme est contenue dans cette expression, aussi ne fera-t-on pas de celle-ci, dans tous les cas, un synonyme de de qualité. On ne dira donc pas des cerises de bonne facture (quand bien même le travail de l’arboriculteur aura contribué à ce résultat), mais de belles cerises. Et on se gardera davantage encore de confondre ce nom facture, emprunté du latin factura, « façon, fabrication, œuvre », avec son homonyme, dérivé, lui, de facteur pris au sens d’« agent commercial », et qui désigne le mémoire établi par un vendeur dans lequel sont détaillés la quantité, la nature et le prix des marchandises livrées, puisqu’un produit de bonne facture n’est pas un produit dont le prix est élevé ou avantageux.

on dit

on ne dit pas

Un beau chêne, un chêne magnifique

Une prestation coûteuse, bon marché

Un chêne de bonne, de belle facture

Une prestation de belle facture

Des perles aux cochons : pauvre Catherine, pauvre Marguerite !

Le 6 avril 2023

Expressions, Bonheurs & surprises

Les voix qui demandèrent à Jeanne d’Arc de faire couronner Charles VII et de « bouter l’Anglois hors de France » étaient celles de l’archange saint Michel, mais aussi de sainte Marguerite d’Antioche, qui mourut martyre en 305, et de sa contemporaine, sainte Catherine d’Alexandrie. Les prénoms de ces deux saintes ont une riche histoire, qui mérite qu’on s’y arrête un peu. Même si l’on n’est pas certain de l’origine du mot Catherine, on l’a vite rattaché, avec Littré, au grec katharos, « pur ». Par la suite, par un étrange renversement, l’abrègement de ce prénom le fit passer de symbole de pureté à la dénomination générale des prostituées. Catherine fut en effet réduit à Catin, d’abord employé, au xvie siècle, comme terme d’affection adressé à une fille de la campagne, mais qui devint bien vite le nom donné aux filles de ferme ou d’auberge, puis aux femmes de mauvaise vie. Pourtant, deux siècles plus tard, le lien avec le prénom innocent n’était pas encore entièrement rompu puisqu’on lisait dans l’édition de 1718 du Dictionnaire de l’Académie française, à l’article Catin : « On ne met pas ce nom ici comme nom propre, mais comme un mot dont on se sert pour dire, Une personne de mauvaise vie. C’est une franche catin. »

Semblable déclassement est arrivé au prénom Marguerite, qui avait pourtant, lui aussi, belle allure, issu qu’il était, par l’intermédiaire du latin margarita, du grec margaritês, « perle ». Ce nom, emblème de ce qu’il y a de plus précieux, est fameux, entre autres raisons, grâce au précepte de l’Évangile de saint Matthieu : Neque mittatis margaritas vestras ante porcos (« Ne jetez pas vos perles aux pourceaux »). Hélas, ces mêmes perles contribuèrent plus que tout, nous dit Pline, dans son Histoire naturelle, « à la dévastation des mœurs », et il nous rappelle que, pour vaincre en magnificence Antoine, qui voulait l’écraser par le luxe de ses festins, Cléopâtre fit dissoudre dans du vinaigre deux perles valant ensemble des centaines de millions de sesterces. Quand le nom marguerite a commencé à désigner une fleur, à laquelle on trouvait quelque ressemblance avec une perle, il a cessé de désigner cette perle (rappelons que perle est issu du latin perna, « cuisse », puis « jambon » et, par analogie de forme, « pinne marine » et « perle »). Marguerite fut le prénom de reines et Dumas fit de l’une d’elles le personnage éponyme d’un de ses romans, en retenant la forme abrégée de son nom, Margot. Cette amputation, bien antérieure à notre auteur, avait privé ce prénom de ce qu’il avait de prestigieux et marqué le début de sa dégradation. Comme catin, margot fut en effet employé pour désigner des filles de ferme puis des filles faciles. On l’allongea ensuite pour en faire l’hypocoristique Margoton, qui devint un nom générique désignant les femmes aux mœurs légères. Dans Les Misérables, Courfeyrac donne ce conseil à Marius : « Ne lis pas tant dans les livres et regarde un peu plus les margotons. Les coquines ont du bon ! » Encore un dernier retranchement et c’est goton qui désignera une fille peu farouche et de bas étage, bien éloignée, tant pour la forme de son nom que pour ce qu’elle est, de notre Marguerite originelle. Dans Les Sœurs Vatard, Huysmans en dessine un archétype : « une fille populacière, râblée, solide, une goton lubrique, propre à vous tisonner les sens à chaque enjambée ». Mais ce nom se rencontre surtout au pluriel, ces femmes étant présentées de manière indifférenciée. Le père de Charles Bovary les fréquente et Flaubert nous dit que son épouse « le voyait courir après toutes les gotons de village ». Enfin, on retrouve ce nom, rehaussé par un « h », dans Sous le soleil de Satan, quand Bernanos fait le portrait de l’académicien qui rend visite au curé de Lumbres : « Aux gouvernantes qu’il entretenait jadis avec un certain décor succèdent aujourd’hui des gothons et des servantes, qui sont ses tyrans domestiques. »

Notons enfin que, malgré la présence de telles formes abrégées, Catherine et Marguerite sont restés des noms propres. Ce n’est pas le cas d’un autre nom propre, lié à l’histoire de sainte Marguerite, qui n’existe plus guère aujourd’hui que dans le nom commun qu’il a donné. C’est en effet du nom Olibrius (d’Antioche), le persécuteur de la sainte, qu’a été tiré le nom commun olibrius, qui désigne celui qui fait le brave, le fanfaron et se rend ridicule par son comportement excentrique.

Détoxer

Le 2 mars 2023

Emplois fautifs

Le nom grec toxon, « arc », a eu de nombreux dérivés et,par métonymie, divers sens. Après l’arc, il a rapidement désigné la flèche que projetait cet arc. Par la suite, un dérivé de toxon, le nom toxikon, a désigné un carquois, puis le poison dont on imprégnait les flèches pour qu’elles fussent plus efficaces. À cette forme on doit le nom et adjectif français toxique, mais aussi des termes comme toxine, toxicité et intoxiquer. De ce verbe on a tiré fort naturellement, et voilà plus d’un siècle et demi, l’antonyme désintoxiquer, un verbe, qu’il n’est pas nécessaire de pourvoir de l’inutile doublet détoxer, dont certains magazines et agences de publicité nous abreuvent, quand bien même notre monde pourrait sembler plus toxique qu’il ne l’était à la naissance de désintoxiquer.

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