Dire, ne pas dire

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Apprendre sur le tard et Apprendre sur le tas

Le 5 septembre 2019

Emplois fautifs

La locution sur le tard a d’abord signifié « à la fin de la journée, à une heure avancée » ; elle s’emploie aujourd’hui au sens d’« à un âge ou à un moment considéré comme avancé » ; on dit ainsi il s’est marié sur le tard, il a appris l’anglais sur le tard. Il convient de ne pas confondre cette locution avec sur le tas, attesté depuis plus d’un siècle, (que l’on trouve aussi dans grève sur le tas), et qui signifie « directement sur le lieu de construction » et, figurément et familièrement, « qui s’acquiert, se fait par l’expérience directe du métier ». Cet emploi dérive du sens familier de tas en maçonnerie : « endroit où l’on taille les pierres à bâtir, puis où l’on construit le mur ».

On dit

On ne dit pas

Il s’est mis à la musique sur le tard

Il a appris son métier sur le tas

Il s’est mis à la musique sur le tas

Il a appris son métier sur le tard

Il lui empêche de pour Il l’empêche de

Le 5 septembre 2019

Emplois fautifs

Le verbe empêcher est, dans bien des cas, un synonyme d’interdire, même si avec empêcher l’obstacle est plus souvent d’ordre matériel ou physique, tandis qu’avec interdire il est plus d’ordre légal. Mais ces deux verbes ne se construisent pas de la même manière. Il interdit à Pierre de faire quelque chose, mais il empêche Rémy de le faire. Si on ne confond pas, en général, la construction directe et la construction indirecte quand le complément est un nom, il n’en va pas de même quand ce complément est un pronom singulier et l’on entend trop souvent il lui empêche de sortir, quand la grammaire et l’usage veulent il l’empêche de sortir (aux deux premières personnes du pluriel la similitude des formes directes et indirectes élimine ce problème puisque des phrases comme il nous interdit de lire et il nous empêche de jouer sont l’une et l’autre correctes).

On dit

On ne dit pas

Le bruit les empêche de travailler

Les agents lui ont interdit de passer, l’ont empêché de passer

Le bruit leur empêche de travailler

Les agents l’ont interdit de passer, lui ont empêché de passer

Idéologie main stream

Le 5 septembre 2019

Anglicismes, Néologismes & Mots voyageurs

On a beaucoup parlé, à la fin du siècle dernier, de pensée unique ou d’idéologie (ou pensée) dominante. On lit aussi parfois doxa, la transcription en alphabet latin du mot grec signifiant « opinion reçue ». Il arrive que dominant ou unique soient remplacés par des synonymes ou des périphrases comme majoritaire, qui prévaut, qui l’emporte. On parle aussi d’un courant de pensée qui est, éventuellement en vogue ou à la mode. Vogue et courant appartiennent au même champ sémantique que l’anglais stream, « courant ». Aussi est-il superflu de remplacer les termes que l’on vient de voir par l’expression anglaise main stream que l’on commence à rencontrer, par exemple, dans idéologie main stream, pour désigner une idéologie à succès.

Se défriender

Le 5 septembre 2019

Anglicismes, Néologismes & Mots voyageurs

Quand il reçut le professeur Wolff à l’Académie, Jean Rostand termina ainsi son discours : « Une langue, vous le savez de reste, ressemble beaucoup à une population d’êtres vivants. Il y apparaît, de temps à autre, des sortes de mutants, plus ou moins adaptés, plus ou moins malformés, voire monstrueux. Notre rôle est de les examiner avec soin, pour décider s’ils méritent que nous favorisions leur survie et leur prolifération en leur donnant asile dans notre Dictionnaire. Nous opérons, en somme, à l’égard des mots, une manière de sélection artificielle et épuratrice. Dans cette œuvre, qui n’est pas indigne d’un maître en tératologie, vous nous aiderez, Monsieur. » Qu’auraient pensé ces deux scientifiques du terme, récemment apparu et qui se répand aujourd’hui, se défriender, « cesser d’être l’ami de quelqu’un (sur un réseau social) » ? Probablement peu de bien. Nous ne pensons donc pas faire injure à leur mémoire en conseillant de le proscrire.

Mobilité au sens de Moyen de transport

Le 5 septembre 2019

Extensions de sens abusives

Dans sa Réponse à un acte d’accusation, une partie des Contemplations, Victor Hugo écrit ces vers fameux : « Peuple et noblesse, était l’image du royaume ; / La poésie était la monarchie ; un mot / Était un duc et pair, ou n’était qu’un grimaud. »

Le langage de la noblesse s’est peu à peu effacé, mais il est remplacé aujourd’hui par un jargon technocratique et on se prend à rêver quand il ajoute, quelques vers plus loin : « J’ai dit à la narine : Eh mais ! tu n’es qu’un nez ! / J’ai dit au long fruit d’or : Mais tu n’es qu’une poire ! » qu’il sorte de son tombeau pour crier aux (nouvelles) mobilités qu’elles ne sont que des moyens de transport, voire des modes de déplacement.

La donna è mobile mais le volatile est-il volatil ?

Le 5 septembre 2019

Expressions, Bonheurs & surprises

Sur la fenêtre de sa chambre, à Chambord, François Ier grava, dit-on, « Souvent femme varie, bien fol est qui s’y fie » ; Victor Hugo mit ce monarque en scène dans Le roi s’amuse. Verdi s’inspira de cette pièce pour son Rigoletto, dans lequel il faisait chanter au Duc « La donna è mobile », ce qui traduit plutôt bien l’adage énoncé plus haut. Un quart de siècle plus tard, Henri Meilhac et Ludovic Halévy faisaient chanter à la Carmen de Bizet : « L’amour est un oiseau rebelle. » Quant à Montaigne, il écrivait, au chapitre 2 du livre III des Essais : « Le monde n’est qu’une branloire pérenne. Toutes les choses y branlent sans cesse […]. La constance même n’est autre chose qu’un branle plus languissant. » Avant de conclure qu’il n’y a de stable que l’instabilité, posons-nous cette question : Si l’amour est un oiseau rebelle, est-ce à dire que les volatiles sont volatils ?

Il semble que tous n’aient pas la fidélité des inséparables ou des sarcelles évoquées par Verlaine dans Promenade sentimentale : « Et pleurant avec la voix des sarcelles / Qui se rappelaient en battant des ailes… » ou surtout par Maupassant quand, dans un conte justement intitulé Les Sarcelles, il montre que, chez ces oiseaux, la fidélité va jusqu’à la mort : « Il approchait, en effet, insouciant du danger, affolé par son amour de bête, pour l’autre bête que j’avais tuée. » Si nous nous intéressons à ces deux mots, volatile et volatil, c’est une grande famille que nous découvrirons. Le nom volatile est masculin et ne varie qu’en nombre, alors que l’adjectif volatil varie en genre et en nombre : un volatile volatil mais des poules volatiles. Volatil nous est apparu à la charnière des douzième et treizième siècles, avec le sens d’« inconstant, volage (encore un adjectif dérivé du latin volare, « voler ; aller ici ou là », puis « n’être pas fidèle »). Il est emprunté du latin volatilis, « qui vole, ailé » et, au figuré, « rapide, éphémère ». Quant au nom volatile, c’est une réfection, d’après ce même adjectif latin, de l’ancien français volatilie, qui désignait l’ensemble des oiseaux : « La volatilie des ciels », lit-on dans un Psautier du douzième siècle. Volatilie était issu du bas latin volatilia, neutre pluriel substantivé de volatilis, vite confondu avec un féminin singulier. Il fut remplacé ensuite par volaille, une forme créée par analogie avec poulaille. Mais volaille eut bien d’autres sens. Avec une valeur péjorative, il désigna, dans une langue populaire, un groupe de jeunes filles ou de jeunes femmes, ensuite l’argot donna ce nom aux femmes faciles ou aux prostituées (ces dernières étant aussi appelées, sans doute pour rester dans la métaphore aviaire, poules, voire poules de luxe), et enfin, sans doute par analogie avec valetaille, à des personnes qu’on ne tient guère en estime. C’est ainsi que l’entend Lino Ventura dans Les Barbouzes quand il invite ses rivaux à disparaître avec un fort peu amène « Caltez volaille ! » Et enfin, comme poulaille, auquel il doit son existence, ou comme de nombreux dérivés de ce dernier, il désigne la police en général ou un groupe de policiers, ce qui ne saurait nous étonner puisque ceux-ci sont fréquemment appelés poulet, poulaga (surtout dans l’expression la maison poulaga), poulard, voire poulardin ou, pour emprunter à d’autres espèces de volatiles, perdreau (parce que les policiers, comme les perdreaux se déplacent en compagnies) ou hirondelle, (parce que la pèlerine des agents à vélo évoquait les ailes et la queue de cet oiseau). Rappelons toutefois que poulet et ses dérivés, au sens de « policier », ne sont pas liés à notre volaille, même si on les y a rattachés ensuite, mais qu’il s’agit d’un emprunt à pula, une forme argotique italienne signifiant proprement « balle du blé », puis, en argot, « policier ». Le passage de l’un à l’autre est lié au fait que pula est tiré de pulizia, « tri, nettoyage », un paronyme de polizia, « police ».

Le baldaquin, le besant, le bronze et le bistouri

Le 5 septembre 2019

Expressions, Bonheurs & surprises

Tous ces noms ont en commun d’avoir à l’origine été des adjectifs tirés de noms géographiques : Baldaquin est emprunté de l’italien baldacchino, « (étoffe de soie) de Bagdad », cet adjectif étant lui-même dérivé de Baldacco, le nom toscan de cette ville. Cette région du monde était très renommée pour la qualité de ses tissus puisque le nom tabis, qui désigne une étoffe de soie à grain fin, surtout employée dans l’ameublement et dans la reliure, et qui s’est d’abord rencontré, en latin médiéval et en ancien français sous la forme at(t)abi, est emprunté de l’arabe attabi, de même sens, un nom tiré de al Attabiya, le quartier de Bagdad où l’on fabriquait cette étoffe.

Si nous avançons vers l’Ouest, nous allons trouver le besant. Ce nom est issu du latin bysantius (nummus), « (monnaie) de Byzance ». Comme il était d’or massif, il était aussi appelé solidus (rappelons que c’est de la forme substantivée de cet adjectif qu’est issu notre sou). Le besant, une monnaie de presque 4,5 grammes, était fameux pour sa très forte teneur en or ; d’ailleurs les Grecs l’appelaient huperperion, un nom tiré de huperpuron, « qui est beaucoup allé au feu », d’où « très raffiné, très pur ». Ce sont ces besants (il en fallut 400 000, soit presque deux tonnes d’or) qui servirent à payer la rançon de saint Louis et de ses frères faits prisonniers en Égypte durant la septième croisade.

Si nous poursuivons notre voyage linguistique et géographique, nous arrivons en Italie au nom bronze. Il est emprunté de l’italien bronzo, qui est lui-même issu du latin médiéval, mais force est de constater qu’à cette époque, d’une ville à l’autre, les formes en usage n’étaient pas les mêmes. Qu’on en juge : bronzium à Plaisance, brundum à Trévise, bronzum à Venise. On restitue pour ces mots un ancêtre commun qui serait *brundium, que l’on a rapproché de brundisium, « de Brindisi », cette ville étant renommée, aux dires de Pline dans son Histoire naturelle, pour la qualité du bronze qu’on y produisait, en particulier celui que l’on employait pour la fabrication des miroirs. Cette étymologie est d’autant plus séduisante qu’un des éléments qui entrent dans la composition du bronze, le cuivre, tire lui aussi son nom d’un ancien adjectif géographique, *coprium, une forme altérée du latin classique cupreum, qui remonte à cyprium (aes), proprement « bronze (ou étain) de Chypre ». Mais on s’est aussi demandé si brundisium n’était pas un emprunt, par l’intermédiaire du grec byzantin brontêsion, de bronteion, le vase de cuivre rempli de pierres qui était utilisé au cours des représentations théâtrales pour imiter le bruit de la foudre, ce dernier étant, comme le nom brontosaure, dérivé de brontê, « tonnerre ».

Le bistouri sera notre dernière étape. Ce nom fut longtemps concurrencé par pistolet, en effet l’italien bistorino a donné bistouri, mais il s’agit d’une forme altérée de pistorino, « (dague, poignard) de Pistoia », à l’origine de pistolet. Henri Estienne explique tout cela dans son Traité de la conformité du langage français avec le grec (1565) : « Le mot de pistolet, duquel l’origine est merveilleuse, et telle que je raconteray. A Pistoye, petite ville qui est a une bonne journee de Florence, se souloyent faire de petits poignards, lesquels estans par nouveauté apportez en France, furent appelez du nom du lieu premierement pistoyers, depuis pistoliers, et en la fin pistolets. Quelque temps apres estant venue l’invention des petites arquebuses, on leur transporta le nom de ces petits poignards. » Il était difficile de garder le même nom pour ces deux objets ; pistolet se spécialisa pour l’arme à feu et on garda le nom de bistouri, dont Ambroise Paré, dans ses ouvrages de chirurgie, fait un féminin, la bistorie, pour le scalpel employé en médecine. Mais cela ne se fit pas du jour au lendemain, et ce même Ambroise Paré, dans ces mêmes ouvrages, appelle également ce scapel un pistolet.

Carole D. (France)

Le 5 septembre 2019

Courrier des internautes

Bonjour, quelle est la bonne façon d’écrire fut ici ?

Merci beaucoup d’avance !

Or, pour fructueuse et revendiquée qu’elle fût, cette relation de filiation n’en est pas moins marquée par l’ambivalence.

Carole D. (France)

L’Académie répond :

Le groupe pour + adjectif + que est suivi du subjonctif. Voyez le vers de Corneille, Le Cid (Acte I, Scène III) :

« Pour grands que soient les rois, ils sont ceux que nous sommes :

Ils peuvent se tromper comme les autres hommes. »

On écrira donc … pour fructueuse et revendiquée qu’elle fût…

Federer va jouer Nadal en demi-finale

Le 4 juillet 2019

Emplois fautifs

Le verbe jouer est transitif direct quand il a pour objet des noms de personnes et que ceux-ci sont des personnages de fiction ou des personnages réels incarnés sur scène ou à l’écran : Elle joue Toinette dans « Le Malade imaginaire » ; Henri Fonda a joué Théodore Roosevelt junior dans « Le Jour le plus long ». Jouer s’emploie aussi avec un nom de personne complément d’objet direct quand il a le sens de « tromper, abuser » : Il le joue depuis des mois, en lui faisant espérer cet emploi. Nous avons été joués par cet escroc. On se gardera d’employer cette construction directe quand jouer signifie « affronter un adversaire, jouer contre quelqu’un ». On ne dira donc pas Federer va jouer Nadal en demi-finale, mais Federer va jouer contre Nadal ou Federer va affronter Nadal ; la preuve en serait, si besoin était, que, contrairement aux cas évoqués plus haut, la transformation passive est ici impossible ; on ne dit en effet pas Nadal a été joué par Federer en demi-finale.

On dit

On ne dit pas

La France rencontre l’Italie en finale

Les Français sont opposés aux Anglais en quart de finale

La France joue l’Italie en finale

Les Français jouent les Anglais en quart de finale

Domfront ? Dame Oui ! Oui Da !

Le 4 juillet 2019

Expressions, Bonheurs & surprises

Certaines communes françaises ont un nom commençant par dom- ou dam-, comme Domfront ou Dampierre. Ces préfixes, dom- ou dam-, sont des formes d’ancien français, issues du latin dominus, « seigneur, maître », ou domina, « maîtresse », et qui, entre autres sens, signifiaient, en latin médiéval, « saint, vénérable ». Aujourd’hui, dans la toponymie, cohabitent des formes en Dam(p) et en Saint-. Ainsi ce n’est qu’en 1861 que Domfront absorba sa voisine nommée Saint-Front, placée comme elle sous le pieux patronage de Front de Passais, un ermite du vie siècle. Dans certains cas le nom du saint ou de la sainte qui a donné son nom à quelque commune (ou, plus rarement, à quelque patronyme) est facilement reconnaissable : Dampmartin (rappelons que dans tous ces toponymes dom(p) et dam(p) se prononcent comme dont et dans) est l’équivalent des très nombreuses communes appelées Saint-Martin ; Domprémy, aussi écrit Domrémy, un équivalent de Saint-Rémy. Mais, dans d’autres cas, le nom latin du saint a conservé, pour la commune ou la paroisse, la forme qu’il avait au Moyen Âge, tandis que le nom donné à la personne était francisé. Ainsi Dampmart, Dampleux et Danvou sont-ils des équivalents de saint Médard, de saint Loup et de saint Victor, tandis que Dombasle, la commune de Meurthe-et-Moselle signifie « saint Basile », et que Dompvitoux, située dans le département voisin de la Moselle, est le nom ancien de saint Vanne, qui fut un des premiers évêques de Verdun. Ces formes étaient aussi parfois, mais plus rarement, formées avec un nom féminin. Il existe ainsi des communes ayant pour nom Dampmarie, et sa variante Dame-Marie, ou Damville, et sa variante Donville (notons que la dame-jeanne, cette grosse bouteille, n’a pas sa place dans cette pieuse liste).

Ce féminin, dame, est aussi une interjection lancée pour donner plus de poids, parfois à une négation, dame non ! mais le plus souvent à une affirmation, dame oui ! Il s’agit d’une forme abrégée de Notre-Dame, une invocation à la vierge, que l’on prenait à témoin pour attester de la vérité de ses propos.

À cette famille, on aimerait bien ajouter une autre exclamation, da !, employée elle aussi pour donner plus de force à un propos et en particulier à une affirmation, mais l’étymologie ne le permet pas. De cette affirmation, le Dictionnaire de Nicot nous apprend qu’« elle est faite par Syncope ou contraction, de Deà, et affermit la diction où elle est adjoustée, comme non dà, ouy dà », tandis que celui de l’Académie française nous informe qu’elle « ne se met jamais qu’aprés une affirmation ou une negation : Ouy-da, si-da, nenni-da, vous le ferez da » et qu’elle « est du style familier & bas ». Littré complète ce tableau dans son Dictionnaire en nous en donnant l’origine : « La forme ancienne est dea, monosyllabe, une autre encore plus ancienne est diva. D’après Diez [un philologue allemand du xixe siècle, considéré comme le père de la linguistique romane], diva est composé des deux impératifs, di (dis) et va ». On trouvait au Moyen Âge ce rôle de renforcement dévolu au simple impératif va. On lit ainsi dans Le Roman de Renart : Lesse, va, tost les chiens aler (« Laisse, oui, laisse vite aller les chiens ») ; on l’a étoffé ensuite en y ajoutant l’impératif di, parfois en le répétant, ce que l’on peut lire, par exemple, dans Les Trouvères ribauds de Rutebeuf : Et tu, diva di, faz noienz (« Toi, ah oui vraiment, tu ne fais rien »). Da n’est plus guère en usage et Diva a aujourd’hui disparu. On pourra cependant constater avec amusement que ce dernier a été dans certains cas remplacé par l’exclamation familière presque homonyme, dis voir, que l’on emploie pour mettre son interlocuteur au défi de démentir les propos qui viennent d’être tenus. C’est ainsi qu’en use Jules Renard dans Poil de carotte, quand, dans le chapitre intitulé « Le Coffre-fort », un domestique nommé Pierre dit : « Je t’ai vu, je t’ai vu, Poil de Carotte, dis voir un peu que je ne t’ai pas vu. »

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