Quand il reçut le professeur Wolff à l’Académie, Jean Rostand termina ainsi son discours : « Une langue, vous le savez de reste, ressemble beaucoup à une population d’êtres vivants. Il y apparaît, de temps à autre, des sortes de mutants, plus ou moins adaptés, plus ou moins malformés, voire monstrueux. Notre rôle est de les examiner avec soin, pour décider s’ils méritent que nous favorisions leur survie et leur prolifération en leur donnant asile dans notre Dictionnaire. Nous opérons, en somme, à l’égard des mots, une manière de sélection artificielle et épuratrice. Dans cette œuvre, qui n’est pas indigne d’un maître en tératologie, vous nous aiderez, Monsieur. » Qu’auraient pensé ces deux scientifiques du terme, récemment apparu et qui se répand aujourd’hui, se défriender, « cesser d’être l’ami de quelqu’un (sur un réseau social) » ? Probablement peu de bien. Nous ne pensons donc pas faire injure à leur mémoire en conseillant de le proscrire.