Dire, ne pas dire

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Le gîte, la gîte

Le 5 octobre 2017

Emplois fautifs

Il existe deux noms gîte en français. Le premier date du xiie siècle et est masculin ; c’est un dérivé du verbe gésir, qui signifie « être couché » et qui s’emploie surtout dans l’expression « ci-gît ». Le gîte désigne un endroit abrité où l’on peut passer la nuit. On ne doit pas le confondre avec son homonyme du xixe siècle, qui désigne, lui, l’inclinaison d’un navire sur un bord et qui est un nom féminin. Si, en effet, on n’entend pas gîte au sens d’« abri où l’on peut dormir » précédé d’un article féminin, son pendant féminin est trop souvent présenté comme un nom masculin, ce qu’il n’est pas.

On dit

On ne dit pas

Le navire prend de la gîte

En donnant de la gîte, nous gagnerons en vitesse

Le navire prend du gîte

En donnant du gîte, nous gagnerons en vitesse

Remplir des informations

Le 5 octobre 2017

Emplois fautifs

Il est écrit sur de nombreux formulaires qu’il faut « remplir les informations ». Il s’agit là d’un tour tout-à-fait incorrect. Remplir peut en effet signifier « compléter un document en comblant les blancs, les espaces laissés vides », mais le complément du verbe est alors questionnaire, fiche, dossier d’inscription, etc. Informations ne peut être que le complément de moyen de ce verbe remplir. On remplit un questionnaire en y faisant figurer les informations demandées.

C'est de cela dont il s'agit

Le 7 septembre 2017

Emplois fautifs

La langue classique admettait l’emploi du pronom relatif dont pour reprendre un nom ou un pronom précédé de la préposition de. On lit ainsi dans Les Amants magnifiques de Molière Ce n’est pas de vous, madame, dont il est amoureux. Mais, aujourd’hui, l’usage et la grammaire condamnent cette tournure puisque dont est l’équivalent de « de qui, de quoi » et qu’il convient donc de ne pas employer ce pronom relatif pour reprendre un nom ou un pronom déjà introduit par la préposition de. C’est donc un pléonasme et une faute de français que de dire C’est de cette affaire dont je vous parle. On doit dire C’est l’affaire dont je vous parle ou C’est de cette affaire que je vous parle.

 

On dit

On ne dit pas

C’est le poème dont je me souviens le mieux ou C’est de ce poème que je me souviens le mieux

C’est de ce poème dont je me souviens le mieux

Et tout

Le 7 septembre 2017

Emplois fautifs

Le groupe et tout est généralement employé pour introduire un mot, une locution, une proposition annonçant une suite, le plus souvent aux contours indéterminés, à ce qui vient d’être énoncé. On le retrouve donc dans des expressions comme et tout le reste, et tout ce qui s’ensuit, ou dans des formes familière ou populaire comme et tout le bataclan, et tout le saint-frusquin. Ce sont là des utilisations correctes de ces deux mots, mais il convient de ne pas faire d’et tout une forme de ponctuation laissant entendre qu’on laisse en suspens des éléments que l’on a choisi de ne pas dévoiler et qu’on laisse deviner à notre interlocuteur, comme dans Il m’a raconté comment il l’avait rencontrée, qu’il l’avait invitée au restaurant, au cinéma et tout. On se gardera également d’en faire un synonyme maladroit d’et cetera.

 

On dit

On ne dit pas

On lui a fait une prise de sang, un électrocardiogramme et d’autres examens

 

On lui a fait une prise de sang, un électrocardiogramme et tout

 

Si il

Le 7 septembre 2017

Emplois fautifs

Le i de la conjonction si s’élide devant les pronoms il et ils. Le fait est ancien et on lisait déjà, dans la première édition du Dictionnaire de l’Académie française, « Si, devant le pronom il, perd son i, mais il ne le perd devant aucun autre mot, par quelque voyelle qu’il commence, quand mesme ce serait par un i ». Cette règle n’était pas en vigueur au Moyen Âge et on lit ainsi dans Composition de la saincte escriptur : « …sa repentance ne plaist mie a nostre Segneur si il ne s’en confesse… » On lit également se (forme ancienne de si) il à de nombreuses reprises dans La Chanson de Roland. Aujourd’hui la forme si il subsiste dans des textes reproduisant le parler populaire, aussi ne s’étonnera-t-on pas de la trouver fréquemment chez Céline, ainsi dans Mort à crédit : Ils ont inspecté les placards… si ils voyaient pas du fricot. Mais en dehors de ces emplois stylistiques, la règle énoncée en 1694 est toujours en vigueur et dire, et plus encore écrire, si il est une faute qu’il convient d’éviter.

 

On dit

On ne dit pas

Ils passeront s’ils ont le temps

S’il continue à pleuvoir les récoltes seront perdues

Ils passeront si ils ont le temps

Si il continue à pleuvoir les récoltes seront perdues

Vous metteriez

Le 7 septembre 2017

Emplois fautifs

L’analogie, qui nous a donné, conjointement avec l’étymologie, nombre de formes aujourd’hui employées dans notre langue, est impérialiste. Elle essaie de s’imposer partout et de soumettre à ses lois les mots qui lui échappent encore ; l’usage et la grammaire lui opposent une résistance constante, mais il faut aussi que nous soyons vigilants pour éviter la prolifération de formes anarchiques n’appartenant pas à notre langue. Notre conjugaison nous offre un bon exemple de ce phénomène. Les verbes du premier groupe y sont de loin les plus nombreux, ce qui n’est guère étonnant puisqu’ils sont issus ou empruntés de verbes latins du premier groupe (dont l’infinitif en -are est à l’origine de l’infinitif français en -er), et que ces derniers, dans cette langue, étaient déjà les plus nombreux. L’analogie fait donc que sournoisement, insidieusement, s’installent dans les conjugaisons du deuxième et surtout du troisième groupe des terminaisons fautives parce qu’elles sont celles du premier groupe. On commence ainsi à entendre des phrases comme Qui metteriez-vous à ce poste ? quand c’est, bien sûr, qui mettriez-vous… ? qu’il aurait fallu employer.

 

On dit

On ne dit pas

Les élections rebattront les cartes

Vous prendrez bien un café

Les élections rebatteront les cartes

Vous prenderez bien un café

Elle s’est plaint d’une douleur

Le 7 juillet 2017

Emplois fautifs

Le verbe plaindre pourrait être sujet à récriminer car il est souvent maltraité ; en effet, trop souvent, son participe n’est pas accordé quand il devrait l’être, alors que ce verbe ne déroge en rien à la règle d’accord des participes passés. Mais force est de constater qu’on lit de plus en plus des phrases comme Ces garçons, je les ai plaint, quand c’est je les ai plaints qui devrait être écrit. Et l’on constate que cette faute n’est pas moins fréquente lorsque le complément d’objet direct est un nom ou un pronom féminin, alors que, dans ce cas, l’absence d’accord est perceptible à l’oral, et l’on entend trop souvent ces filles, je les ai plaint, quand il faudrait plaintes. Notons que le participe de plaindre s’accorde aussi à la forme pronominale, quand bien même ce verbe aurait un autre complément.

on dit, on écrit

on ne dit pas, on n’écrit pas

Je les ai plaints de tout mon cœur

Elle s’est plainte de la tête

Elles se sont plaintes qu’on les a fait attendre

Je les ai plaint de tout mon cœur

Elle s’est plaint de la tête

Elles se sont plaint qu’on les a fait attendre

 

I-z-ont ou I-l-ont pour Ils-z-ont

Le 7 juillet 2017

Emplois fautifs

Les noms terminés en -il sont souvent sources d’hésitations quant à leur prononciation et force est de constater que, d’une région à l’autre, voire, dans une même région d’un individu à l’autre, ces prononciations varient ; mais entendre persi ou persile est plus une marque de couleur locale qu’une incorrection. Il n’en va pas de même avec le pronom pluriel ils. Lorsqu’il est suivi d’un verbe commençant par une consonne le l seul se fait entendre : ils travaillent, ils dorment. Quand ce ils est suivi d’un verbe commençant par une voyelle ou un h muet, le l se fait toujours entendre, mais, dans ce cas, on entend aussi le s, alors prononcé z. On ne doit donc ni dire i-l-ont (prononciation qui résulte sans doute d’une analogie avec il a, mais qui n’en reste pas moins fautive), ni dire i-z-ont.

On dit

On ne dit pas

Ils-z-ont eu chaud

Ils-z-adorent la musique

Ils-z-habitent au bord de la mer

I-l-ont eu chaud, i-z-ont eu chaud

I-z-adorent la musique

I-z-habitent au bord de la mer

 

On a pas de chance pour On n’a pas de chance

Le 7 juillet 2017

Emplois fautifs

De nombreuses espèces animales et végétales sont en grand péril de disparition. Il en va de même pour certaines formes linguistiques, parmi lesquelles la négation ne. Le fait qu’elle soit atone la rend particulièrement vulnérable et elle disparaît hélas, de plus en plus souvent, dans des phrases comme je veux pas, tu sais pas, etc. La situation est un peu moins grave à l’écrit où elle est le plus souvent rétablie et, si l’on entend les formes citées plus haut, on lit généralement je ne veux pas, tu ne sais pas, etc. Cependant, à l’écrit, il est un cas où l’on omet fréquemment, et à tort, cette négation : il s’agit des phrases où le pronom indéfini on précède un verbe commençant par une voyelle ou un h muet. En effet si la prononciation n’est pas la même selon qu’on écrit je veux pas ou je ne veux pas, elle reste identique, que l’on écrive on est pas loin ou on n’est pas loin. De surcroît, il est des cas où l’omission de ce ne peut changer le sens du texte. Si dans Ultima Verba Victor Hugo avait écrit au lieu de Si l’on n’est plus que mille, eh bien, j’en suis !...« Si l’on est plus que mille, eh bien, j’en suis !... », le résistant courageux se serait mué en suiveur calculateur. Soyons donc particulièrement attentifs, dans cet environnement périlleux, à la sauvegarde de cette négation.

On écrit

On n’écrit pas

On n’écrit pas

On n’aime pas cette musique

On n’humilie pas un adversaire à terre

On écrit pas

On aime pas cette musique

On humilie pas un adversaire à terre

 

Y’ a-t’il ?

Le 7 juillet 2017

Emplois fautifs

En français l’apostrophe note l’élision d’une voyelle placée en fin de mot devant un autre mot commençant également par une voyelle ou par un h muet. Cette élision permet d’éviter un hiatus. On dit, et on écrit ainsi : J’aime, l’arbre, l’avoine, il t’attend, la femme d’Hector et non * je aime, le arbre, la avoine, il te attend, la femme de Hector. Ce sont les seuls cas où l’on utilise ce signe. On n’écrit donc pas y’a-t’il ?, parce que ni le y ni le t ne sont des formes résultant d’une élision : le t n’est pas la forme élidée du pronom te, mais une lettre euphonique que l’on emploie pour éviter un hiatus disgracieux. On se gardera bien, en revanche, d’omettre les traits d’union qui signalent que les différents éléments de ce groupe forment une unité sonore et l’on écrira y a-t-il ?

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