Étymologiquement, salope n’est pas le féminin de salaud. Celui-ci est dérivé de sale, alors que celui-là est composé à l’aide de sale et de hoppe, forme dialectale de huppe, un oiseau qui traîne la triste réputation d’être particulièrement malpropre (dans L’Iris de Suse, de Giono, le narrateur, parlant d’une huppe, dit qu’il l’a « surprise en train de gabouiller [patauger], dans des gadoues malodorantes »). Salope signifie donc d’abord « très sale », et on lisait dans l’édition de 1835 de notre Dictionnaire : « Cet enfant, cette petite fille est salope, est bien salope ». Ce sens s’est peu à peu modifié et salope est aujourd’hui un terme d’injure employé pour désigner une personne très vile et digne du plus profond mépris. Il est ainsi devenu un équivalent de salaud, qui a évolué de la même façon. Si la forme salaude existe, dans l’usage c’est bien salope qui sert de féminin à salaud. Il en va de même avec le dérivé salauderie, tombé en désuétude au profit de saloperie.
À l’inverse, de salope a été tiré un masculin, salop, que l’on rencontre en particulier chez des auteurs du xixe siècle, comme Flaubert, Maupassant ou Verlaine, mais qui reste d’un usage limité et souvent archaïsant. C’est bien, au masculin, salaud et, au féminin, salope qu’il faut employer, en précisant toutefois que le féminin salope peut avoir une forte connotation sexuelle.