Quelle étrange formule ! On est passé d’une forme verbale, you must have, « vous devez avoir », à un substantif, un must (have). Et qu’est-ce donc qu’il est si important d’avoir ? Ses papiers d’identité ? quelque monnaie ? une trousse de secours ? un gilet jaune ? Non, mille fois non, on doit avoir le must have. Quant à l’instance énonciatrice qui nous enjoint de posséder ce must have, elle est mystérieuse et avance masquée ; elle n’a pas la force de l’État, elle n’a pas le poids du droit, de la loi, mais elle n’en est pas moins efficace et prescriptrice.
Faudra-t-il bientôt ajouter dans les livres de grammaire ou dans les ouvrages de rhétorique une nouvelle partie du discours, cette « injonction de subordination », must (have), ou faudra-t-il parler de « devoir d’achat » ? On dit, On ne dit pas. Est-il vraiment nécessaire de traduire ce must have ? Faut-il lui trouver un équivalent dans la langue de Molière ? Qu’on nous permette de considérer que cette fois on ne dira rien.