Né à Amiens, le 23 février 1598.
Fils d’un marchand de vins en gros, ce dont on le railla souvent, il occupa diverses charges à la cour. Dans sa jeunesse, il signa Voycture deux pièces, l’une latine, l’autre française, et Voicteur une pièce de vers sur la mort d’Henri IV, qu’il récita, en 1610, comme écolier du collège de Calvi. Envoyé en Espagne par le duc d’Orléans, frère du Roi, « il fut fort estimé à Madrid, et ce fut là qu’il fit ces vers espagnols, que tout le monde croyait être de Lope de Vega, tant la diction en était pure. » (Pellisson). Il fit des poésies latines, françaises, espagnoles, italiennes, et a laissé des Lettres. « C’est lui, au reste, dit encore Pellisson, qui renouvela en notre siècle les rondeaux, dont l’usage était comme perdu depuis le temps de Marot. »
Il fut présenté par M. de Chaudebonne à l’hôtel de Rambouillet dont il fut un des oracles et où il excita un enthousiasme inouï avec son sonnet d’Uranie ; il fut admis à l’Académie française le 27 novembre 1634, et il y vint peu. Sa réputation de bel esprit s’était étendue à l’étranger, et lorsqu’il mourut, l’Académie porta son deuil.
Pellisson, écho de l’opinion de son époque, a dit : « Ses œuvres ont été publiées après sa mort en un seul volume, qui a été reçu du public avec tant d’approbation, qu’il en fallut faire deux éditions en six mois. Sa prose est ce qu’il y a de plus châtié et de plus exact... la lecture en est infiniment agréable. Ses vers ne sont peut-être guère moins beaux, encore qu’ils soient plus négligés. »
« Voiture, dit Voltaire, donna quelque idée des grâces légères de ce style épistolaire qui n’est pas le meilleur, puisqu’il ne consiste que dans la plaisanterie. C’est un baladinage que deux tomes de lettres dans lesquelles il n’y en a pas une seule instructive, pas une qui parte du cœur, qui peigne les mœurs du temps et les caractères des hommes ; c’est plutôt un abus qu’un usage de l’esprit. C’est le premier qui fut en France ce qu’on appelle un bel esprit. Il n’est guère que ce mérite dans ses écrits, sur lesquels on ne peut se former le goût ; mais ce mérite était alors très rare. On a de lui de très jolis vers, mais en petit nombre ». (Il y a une note sur Voiture, voir Ubicini), Sarasin a écrit une jolie pièce de vers : « La Pompe funèbre de Voiture ». Sainte-Beuve lui a consacré deux Causeries du Lundi.
Mort le 27 mai 1648.