Né à Nîmes, le 2 décembre 1884.
Fils d’un philosophe, Jean Paulhan fit des études de philosophie, obtint sa licence et partit en 1907 comme professeur à Tananarive. Il vécut trois ans à Madagascar, occasionnellement chercheur d’or. Ayant observé les mœurs des autochtones et appris leur langue, il enseigna, à son retour à Paris, le malgache à l’école des langues orientales et publia un recueil bilingue de "poèmes-proverbes" : Les Hain-tenys.
Mobilisé pendant la Première Guerre mondiale, sergent au 9e Zouaves, il fut blessé en décembre 1914.
Il sut se frayer après la guerre un chemin dans le monde des lettres, collaborant à la revue surréaliste Littérature, puis devenant, en 1920, secrétaire de La Nouvelle Revue Française, dont, à la mort de Jacques Rivière en 1925, il devint le rédacteur en chef. Il allait en être nommé gérant en 1936, faisant de sa fonction une sorte de magistère.
Sa liberté d’esprit, son goût de l’indépendance, et surtout son amour de la Patrie ne pouvant s’accommoder de l’Occupation, Jean Paulhan, entré dans la clandestinité, collabora à Résistance, fonda, en 1941, avec Jacques Decour Les Lettres françaises (quelques feuilles ronéotypées), et participa à la fondation des Éditions de Minuit, avec Vercors, en 1942. Il fut ainsi de ceux qui, durant les années noires, sauvèrent l’honneur de notre littérature.
Il assuma, aux Éditions Gallimard, un rôle prééminent de directeur littéraire. Il fonda les Cahiers de la Pléiade, puis reprit, à sa reparution en 1953, la codirection de la NNRF avec Marcel Arland.
Jean Paulhan reçut en 1945, le grand prix de Littérature de l’Académie française pour l’ensemble de son œuvre. Celle-ci, outre des centaines d’articles, comporte des récits, tels Le Guerrier appliqué, publié en 1917, Le Pont traversé, La Guérison sévère. Mais c’est surtout par ses essais qu’il marqua son temps, avec Les Fleurs de Tarbes ou la Terreur dans les lettres (1941), À demain la poésie (1947), De la paille et du grain (1948),Petite Préface à toute critique (1951), Les Paroles transparentes (1955). On lui doit aussi plusieurs ouvrages d’études critiques sur l'art, dont un Georges Braque, Le Clair et l’Obscur, L’Art informel.
Jean Paulhan fut élu à l’Académie française le 24 janvier 1963, au fauteuil de Pierre Benoit. Il l’emporta au premier tour, par 17 voix contre 10 au duc de Castries. C’est Maurice Garçon qui le reçut, le 27 février 1964.
L’élection de Paulhan inspira à François Mauriac le commentaire suivant : « Je considère cette élection comme un miracle. L’Académie se renouvelle comme l’Église. Mais maintenant que nous élisons des gens bien, nous ne trouverons plus de candidat. »
Mort le 9 octobre 1968.