Jean PAULHAN Élu en 1963 au fauteuil 6

N°626
Grand officier de la Légion d’honneur
Médaille de la Résistance
Croix de guerre 1914-1918
Critique
Essayiste
Orientaliste
Jean Paulhan

Biographie

Né à Nîmes, le 2 décembre 1884.

Fils d’un philosophe, Jean Paulhan fit des études de philosophie, obtint sa licence et partit en 1907 comme professeur à Tananarive. Il vécut trois ans à Madagascar, occasionnellement chercheur d’or. Ayant observé les mœurs des autochtones et appris leur langue, il enseigna, à son retour à Paris, le malgache à l’école des langues orientales et publia un recueil bilingue de "poèmes-proverbes" : Les Hain-tenys.

Mobilisé pendant la Première Guerre mondiale, sergent au 9e Zouaves, il fut blessé en décembre 1914.

Il sut se frayer après la guerre un chemin dans le monde des lettres, collaborant à la revue surréaliste Littérature, puis devenant, en 1920, secrétaire de La Nouvelle Revue Française, dont, à la mort de Jacques Rivière en 1925, il devint le rédacteur en chef. Il allait en être nommé gérant en 1936, faisant de sa fonction une sorte de magistère.

Sa liberté d’esprit, son goût de l’indépendance, et surtout son amour de la Patrie ne pouvant s’accommoder de l’Occupation, Jean Paulhan, entré dans la clandestinité, collabora à Résistance, fonda, en 1941, avec Jacques Decour Les Lettres françaises (quelques feuilles ronéotypées), et participa à la fondation des Éditions de Minuit, avec Vercors, en 1942. Il fut ainsi de ceux qui, durant les années noires, sauvèrent l’honneur de notre littérature.

Il assuma, aux Éditions Gallimard, un rôle prééminent de directeur littéraire. Il fonda les Cahiers de la Pléiade, puis reprit, à sa reparution en 1953, la codirection de la NNRF avec Marcel Arland.

Jean Paulhan reçut en 1945, le grand prix de Littérature de l’Académie française pour l’ensemble de son œuvre. Celle-ci, outre des centaines d’articles, comporte des récits, tels Le Guerrier appliqué, publié en 1917, Le Pont traversé, La Guérison sévère. Mais c’est surtout par ses essais qu’il marqua son temps, avec Les Fleurs de Tarbes ou la Terreur dans les lettres (1941), À demain la poésie (1947), De la paille et du grain (1948),Petite Préface à toute critique (1951), Les Paroles transparentes (1955). On lui doit aussi plusieurs ouvrages d’études critiques sur l'art, dont un Georges Braque, Le Clair et l’Obscur, L’Art informel.

Jean Paulhan fut élu à l’Académie française le 24 janvier 1963, au fauteuil de Pierre Benoit. Il l’emporta au premier tour, par 17 voix contre 10 au duc de Castries. C’est Maurice Garçon qui le reçut, le 27 février 1964.

L’élection de Paulhan inspira à François Mauriac le commentaire suivant : « Je considère cette élection comme un miracle. L’Académie se renouvelle comme l’Église. Mais maintenant que nous élisons des gens bien, nous ne trouverons plus de candidat. »

Mort le 9 octobre 1968.

Signature de Jean Paulhan

Œuvres

1912 Les Hain-Tenys Merinas

1917 Le guerrier appliqué

1921 Le pont traversé

1921 Jacob Cow le Pirate, ou Si les mots sont des signes.

1925 Expérience du proverbe

1927 La guérison sévère

1929 Sur un défaut de la pensée critique

1930 Entretiens sur des faits-divers

1930 Les Hain-Tenys, poésie obscure

1940 L’Aveuglette

1941 Les fleurs de Tarbes ou La terreur dans les Lettres

1943 Aytre qui perd l’habitude

1943 Jacques Decour

1944 Clef de la poésie, qui permet de distinguer le vrai du faux en toute observation, ou Doctrine touchant la rime, le rythme, le vers, le poète et la poésie

1945 F.F. ou Le Critique.

1946 Braque le Patron

1946 La Métromanie, ou Les dessous de la capitale

1946 Sept causes célèbres

1947 Guide d’un petit voyage en Suisse

1947 Lettre aux membres du C.N.E.

1947 Sept nouvelles causes célèbres

1947 Dernière lettre

1948 De la paille et du grain

1948 Le berger d’Écosse

1949 Petit-Livre-à-déchirer

1949 Fautrier l’Enragé

1950 Les causes célèbres

1950 Lettre au médecin

1950 Trois causes célèbres

1951 Les Gardiens

1951 Petite préface à toute critique

1951 Le marquis de Sade et sa complice ou Les revanches de la Pudeur

1952 Lettre aux directeurs de la Résistance

1953 La preuve par l’étymologie

1955 Les paroles transparentes, avec des lithographies de Georges Braque

1958 De mauvais sujets, gravures de Marc Chagall

1958 G. Braque

1958 Le Clair et l’Obscur

1959 Karskaya. Essai

1961 Lettres

1962 L’art informel

1966 Progrès en amour assez lents

1986 Choix de lettres I, 1917-1936. La littérature est une fête

1990 La vie est pleine de choses redoutables, posthume

1992 Choix de lettres II, 1937-1945. Traité des jours sombres, présenté et annoté par Bernard Leuilliot. Correspondance Paulhan-Suarès 1940-1948, textes établis et préfacés par Yves-Alain Favre.

Mot attribué lors de l’installation

Civilisateur :

adj. XIXe siècle. Dérivé de civiliser. Qui civilise ; qui est de nature à répandre la civilisation. Un peuple civilisateur. Une religion civilisatrice.