Né à Paris, le 14 octobre 1873.
Fils du compositeur Louis Gregh, dont la famille était originaire de Malte, Fernand Gregh fit ses études secondaires aux lycées Michelet, Louis-le-Grand et Condorcet où il fut le condisciple de Marcel Proust. Premier prix de composition française au Concours général en 1890, il prépara à la Sorbonne une licence de philosophie.
Fondateur, en 1896, de la revue Le Banquet, à laquelle collaborèrent Proust, Robert de Flers, Léon Blum et Henri Barbusse, Fernand Gregh avait connu la célébrité à vingt-deux ans, pour un court poème que le critique du Temps, distrait, avait pris pour un poème inconnu de Verlaine. Gregh devait ensuite entrer à la Revue de Paris, dont il devint l’un des rédacteurs en chef jusqu’en 1909.
Poète avant tout, dans une époque où fleurissaient des « écoles » qui étaient plutôt des chapelles, Fernand Gregh avait fondé la sienne, qu’il avait appelée « l’humanisme » en réaction contre la décadence du symbolisme. Il publia dès 1896 nombreux recueils parmi lesquels on compte La Maison de l’Enfance, La Beauté de vivre, Les Clartés humaines, L’Or des minutes, La Chaîne éternelle, La Couronne douloureuse, Couleur de la vie, La Gloire du cœur. Il est aussi l’auteur d’essais critiques : La Fenêtre ouverte, Étude sur Victor Hugo, L’œuvre de Victor Hugo, Portrait de la poésie française de Chénier à Verlaine, Portrait de la poésie moderne de Rimbaud à Paul Valéry. Enfin Fernand Gregh publia plusieurs volumes de souvenirs : Mon amitié avec Marcel Proust, L’Âge d’airain, L’Âge d’or.
Président de la Société des Gens de lettres de 1949 à 1950, Fernand Gregh fut élu à l’Académie française le 29 janvier 1953, par 25 voix au premier tour, contre l’éditeur Bernard Grasset, au fauteuil du comte de Chambrun. Il pouvait se prévaloir de figurer, d’une part, parmi les membres les plus âgés lors de leur élection — il avait 80 ans — et d’être, d’autre part, un des Académiciens dont les candidatures malheureuses avaient été le plus nombreuses. En effet, depuis sa première tentative en 1918, au fauteuil d’Albert de Mun, il avait essuyé en trente-cinq ans treize échecs. A propos de ses déboires académiques, Maurice Druon rapporte de lui un joli mot : « Voyez-vous, mon jeune ami, je n’ai pas eu de chance ; ce sont toujours mes voix qui sont mortes. »
Fernand Gregh fut reçu sous la coupole le 4 juin 1953 par Jules Romains.
Mort le 5 janvier 1960.