Comme les chats, le verbe générer semble doué de plusieurs vies. Il apparaît une première fois au tournant du xiie siècle, avec le sens de « régénérer quelqu’un par la vertu du baptême », et remplaçait alors une ancienne forme gendrer. Cette première vie s’achève avec le Moyen Âge. Générer revient au xvie siècle avec le sens d’« engendrer, produire », mais ces derniers termes, bien plus en usage, vont vite l’éliminer. Nouvelle naissance au siècle dernier dans le domaine des mathématiques et de la linguistique, où il est cette fois emprunté de l’anglais to generate. On peut ainsi dire qu’une droite se déplaçant selon un certain axe génère un cône ou qu’une langue, avec un nombre de règles fini, peut générer un nombre infini de phrases. On ne s’acharnera pas contre ce malheureux mot dont la force vitale étonne et on ne condamnera donc pas son emploi dans ces deux domaines spécialisés, mais on rappellera que dans tous les autres cas, on doit préférer à cet anglicisme des formes comme engendrer, faire naître, provoquer, causer, produire, etc.
on dit |
on ne dit pas |
Cette longue attente fit naître de l’anxiété Les chutes de neige ont provoqué d’importants retards |
Cette longue attente généra de l’anxiété Les chutes de neige ont généré d’importants retards |