Dire, ne pas dire

Futile

Le 5 novembre 2015

Expressions, Bonheurs & surprises

L’adjectif futile qualifie ce qui manque de sérieux, ce qui est superficiel. Il est emprunté du latin futilis, « qui laisse échapper son contenu », « qui est dépourvu de fond, de sérieux ». Cet adjectif est dérivé de fundere, « verser, répandre », qui est à l’origine de nombreux mots français, parmi lesquels fondre et ses dérivés confondre, morfondre, mais aussi, indirectement, de fusion, foison, diffusion, effusion, infusion, perfusion ou profusion. Cette forme latine appartient elle-même à une grande famille indo-européenne dans laquelle on trouve aussi l’islandais geyser.

Il faut se souvenir de l’idée d’écoulement que l’on trouve dans le latin futilis pour bien percevoir le sens de notre adjectif futile :

Futiles dicuntur qui silere tacenda nequeunt, sed ea effundunt. Sic et vasa futilia a fundendo vocata, « On appelle futiles ceux qui ne savent pas faire silence sur ce qui doit être tu, mais le diffusent. Et on appelle de même futiles des vases qui perdent leur eau ».

Il existait en effet des vases spéciaux appelés futiles. Voici ce qu’on peut lire à leur sujet dans L’Encyclopédie de Diderot et d’Alembert :

« Futile : Vase à large orifice et à fond très-étroit, dont on faisait usage dans le culte de Vesta. Comme c’était une faute que de placer à terre l’eau qui y était destinée, on termina en pointe les vases qui devaient la contenir : d’où l’on voit l’origine de l’adjectif futilis. Homme futile, c’est-à-dire homme qui ne peut rien retenir, qui a la bouche large et peu de fond, et qu’il ne faut point quitter, si l’on ne veut pas qu’il répande ce qu’on lui a confié. Le futile fut aussi une coupe que portaient à leurs mains les vierges qui entouraient le flamen dans ses fonctions sacerdotales, les femmes qui étaient au service des vestales, et les jeunes enfants qui assistaient le flamen à l’autel, et qu’on appelait camilles. Les Romains allaient chercher à la fontaine de Juturne, l’eau dont ils remplissaient les futiles. Cette eau guérissait les malades qui en buvaient, ainsi que l’assure Varron. »