INSTITUT DE FRANCE.
ACADÉMIE FRANCAISE
FUNÉRAILLES DE M. FERDINAND DE LESSEPS
MEMBRE DE L’ACADÉMIE FRANÇAISE
Le samedi 15 décembre 1894
DISCOURS
DE
M. J. BERTRAND
MEMBRE DE L’ACADÉME
SECRÉTAIRE PERPÉTUEL DE L’ACADÉMIE DES SCIENCES
L’Académie des Sciences, en remerciant le directeur de l’Académie française des paroles si bien dites au nom de l’Institut tout entier, veut y ajouter quelques mots de douloureuse sympathie.
M. de Lesseps prenait peu de part à nos travaux, mais son cœur était avec nous ; tout problème excitait sa curiosité, toute découverte son admiration. Sous quelque forme qu’on demandât son concours, il était toujours prêt. Quelques minutes avant une de nos séances, M. de Lesseps voit, un jour plusieurs confrères se consultant sur la meilleure réponse à faire à une invitation impossible à refuser et qu’aucun d’eux ne se souciait d’accepter ; il fallait se rendre à cinquante lieues de Paris : « J’irai volontiers ». nous dit-il. Chacun s’en réjouit : l’Académie des Sciences, à l’inauguration de la statue de Denis Papin, sera représentée par M. de Lesseps. « Dès demain, lui dit-on, on vous enverra les documents relatifs à celui dont vous devez parler en notre nom. — À quoi bon ! s’écrie M. de Lesseps ; Denis Papin a inventé les bateaux à vapeur, cela me suffit ! » J’oserai l’imiter aujourd’hui. Ferdinand de Lesseps a percé l’isthme de Suez ! cela me suffit. Ce n’est ni le temps ni le lieu de raconter et de juger le beau poème de sa vie. Je ne veux ajouter qu’un mot : Il a été bon, toujours généreux et toujours brave, sachant se faire aimer de quiconque l’approchait ; il a su, mieux encore, inspirer confiance et respect à ceux qui vivaient près de lui ; c’est le suprême adieu et le sincère hommage que lui adresse l’Académie des Sciences.