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Paire, couple

Le 11 décembre 2025

Nuancier des mots

Il existe en français plusieurs mots désignant un groupe de deux personnes, de deux animaux ou de deux objets, comme duo, dyade, double, etc., mais les plus en usage sont sans doute paire et couple, ainsi que leurs dérivés. Ils sont suffisamment proches pour qu’on les rencontre souvent ensemble, l’un servant à compléter l’autre. On lit ainsi dans Dominique, d’Eugène Fromentin : « Les bœufs rentraient du labour, […] accouplés par deux ou trois paires. » Mais il existe de l’un à l’autre des nuances dont l’abbé Girard a bien rendu compte dans La Justesse de la langue françoise, ou les différentes significations des mots qui passent pour synonymes (1718). Il y écrit en effet : « Une couple désignant deux choses qui ne sont unies qu’accidentellement, paire désigne deux choses qui vont ensemble par une nécessité d’usage, comme les bas, les souliers, ou une seule chose composée de deux parties ou pièces, comme des ciseaux, des lunettes, des pincettes. Une couple et une paire peuvent se dire aussi des animaux, mais la couple ne marque que le nombre et la paire y ajoute l’idée d’une association nécessaire pour une fin particulière. Un boucher achètera une couple de bœufs, c’est-à-dire deux. Un laboureur doit dire qu’il en achètera une paire, parce qu’il veut les atteler à la même charrue. » La remarque de l’abbé Girard conserve toute sa pertinence, à ceci près qu’aujourd’hui couple s’emploie essentiellement au masculin. Si ce nom conserve les sens énoncés plus haut, il désigne cependant en particulier deux êtres humains, unis par l’amour, par le mariage, et, par extension, deux animaux de sexe opposé.

Le féminin, lui, n’est plus guère en usage. La couple, c’est, en vènerie, la laisse avec laquelle on attache ensemble deux chiens de chasse, mais c’est surtout un groupe de deux animaux mis ou considérés ensemble, généralement pour être mangés, comme une couple de chapons. On disait aussi, par analogie une couple de serviettes ou je reviendrai dans une couple d’heures (notons que si l’on entend parfois aujourd’hui une paire d’heures en ce sens, cette locution désignait jadis, comme en témoignent les 2e, 3e, 4e, 5e et 6e éditions du Dictionnaire de l’Académie française, un livre d’heures).

L’opposition entre appariement accidentel et appariement nécessaire reste essentielle, aussi n’emploie-t-on pas la couple, ni d’ailleurs le couple, pour des choses qui vont obligatoirement ensemble : on ne dit, comme l’a souligné l’abbé Girard, ni un couple ou une couple de souliers, ni un couple ou une couple de gants, mais une paire de souliers, une paire de gants. Rappelons aussi que pour parler d’un attelage tirant une charrue, c’est ordinairement paire de bœufs qui s’utilise, quand bien même on trouve parfois un couple de bœufs. Et ce sont d’ailleurs là les emplois les plus courants de paire bien que, par extension, ce mot puisse s’employer avec des noms de personnes qui aiment à se fréquenter, comme dans une paire d’amis ou une paire de filous, locutions dans lesquelles l’emploi de paire souligne la grande complicité liant les deux personnages.

L’étymologie peut, elle aussi, nous aider à saisir la différence entre ces deux termes : paire est issu du latin paria, neutre pluriel, confondu avec un féminin singulier, de l’adjectif par, paris, « égal ». De paire est dérivé apparier, qui signifie à la fois « assortir par paires, joindre ce qui peut aller ensemble » (apparier des chevaux de trait, apparier des gants) et « faire des couples d’animaux, mâle et femelle » (apparier des tourterelles). C’est également de paire qu’est tiré, indirectement, le nom pariade, qui désigne le rapprochement par paire, chez certains oiseaux monogames, notamment les canards et les perdrix, en vue de l’accouplement et cet accouplement lui-même.

Couple, lui, est issu du latin classique copula, « lien, chaîne », « groupe de deux personnes », puis « paire », qui est lui-même composé à partir de cum, « avec », et apere, « lier, attacher », dont le participe passé, aptus, a pris le sens de « bien attaché à », puis « apte, adapté ».

Ceci nous amène à un dérivé de couple, accoupler, qui peut signifier « unir de façon à former une ou plusieurs paires ; joindre ensemble » ; on pourra donc dire accoupler des bœufs et, par extension, accoupler des mots d’après leur sonorité, mais il faut bien noter que dans ces cas l’usage préfère apparier. Accoupler s’emploie surtout au sens de « mettre en présence un mâle et une femelle d’une espèce animale en vue de la reproduction ».

Le dérivé accouplement a ces deux mêmes grands sens avec, là encore, une moindre fréquence pour l’assemblage par couple (un accouplement de bœufs pour tirer la charrue), que pour l’union du mâle et de la femelle chez les animaux. En ce dernier sens, accouplement est un synonyme de copulation, mot emprunté du latin copulatio, « association, assemblage », un dérivé de copulare, « lier, réunir » (signalons d’ailleurs que le participe passé substantivé latin copulatum désignait un mot composé). De copulare nous avons emprunté copuler, synonyme savant de la forme courante s’accoupler.

Du latin classique copula, « liaison, lien, union » et, en latin chrétien, « lien moral, union dans le mariage », le français a tiré un doublet : la forme populaire couple, et la forme savante, copule, un nom qui, en grammaire française, désigne à la fois le verbe liant le prédicat au sujet (dans : « Ils sont heureux », « sont » est la copule) et, parfois, la conjonction de coordination et.

Nous avons commencé cet article par un extrait de Dominique. Donnons pour conclure la parole à Marcel Aymé qui, dans un extrait de Les Bœufs, un des Contes du chat perché, illustre joliment par l’exemple le sens du nom paire, que le Dictionnaire de l’Académie française définit comme « un couple d’animaux de la même espèce, que l’on vend ensemble ou qui travaillent ensemble » :

« Dans l’étable, […] il y avait deux bœufs de la même taille et du même âge, l’un tacheté de roux, l’autre blanc et sans tache. Les bœufs sont comme les souliers, ils vont presque toujours par deux. C’est pourquoi l’on dit une paire de bœufs. »

Prévenir à l’avance

Le 11 décembre 2025

Emplois fautifs

Le verbe prévenir, emprunté du latin praevenire, « prendre les devants, devancer, surpasser », a de nombreux sens. Il peut signifier, dans la langue littéraire, « devancer » (votre ami vous a prévenu de quelques minutes) ou, dans la langue courante, « satisfaire une demande avant même qu’elle ne soit formulée » (il sait prévenir les désirs de ses proches), mais aussi « empêcher la survenue d’un évènement fâcheux » (prévenir une catastrophe), ou encore « faire naître par avance des sentiments favorables ou défavorables » (il a été prévenu contre son voisin). Enfin, comme l’indique le préfixe pré-, tiré du latin prae-, « devant, en avant, à l’avance », prévenir peut avoir le sens d’« instruire par avance, avertir de quelque chose ». L’idée d’anticipation étant donc déjà contenue dans le sémantisme du verbe prévenir, on évitera le pléonasme prévenir à l’avance. On préfèrera donc Il m’a prévenu que vous seriez en retard à la forme redondante Il m’a prévenu à l’avance que vous seriez en retard.

« Elle s’est mis en tête » ou « Elle s’est mise en tête » ?

Le 11 décembre 2025

Emplois fautifs

Dans la locution verbale se mettre en tête, le pronom personnel se, ou sa forme élidée s’, peut être un complément d’objet direct ou un complément d’objet indirect et, selon qu’il sera l’un ou l’autre, l’accord du participe passé ne se fera pas de la même manière. Quand la locution verbale se mettre en tête a le sens de « se placer devant », se s’analyse comme un complément d’objet direct et le participe passé s’accorde avec celui-ci. On écrira alors Elle s’est mise en tête de son groupe comme on écrirait On l’a mise en tête de son groupe.

Quand la locution verbale se mettre en tête a le sens de « concevoir une idée, un projet », se s’analyse comme un complément d’objet indirect et ne commande donc pas l’accord du participe passé. On écrira Elle s’est mis en tête une nouvelle idée (comme il lui a mis en tête une nouvelle idée), Elle s’est mis en tête de visiter la Bourgogne. En revanche, dans L’étrange idée qu’elle s’est mise en tête, on fait l’accord avec le complément d’objet direct antéposé, le pronom relatif élidé qu’, qui a pour antécédent le nom féminin singulier idée.

« En revoir » ou « Au revoir » ?

Le 11 décembre 2025

Emplois fautifs

Littré écrit dans son Dictionnaire de la langue française, à l’article Revoir, « Il ne faut pas confondre à revoir et au revoir. À revoir indique qu’il faut revoir, corriger une chose. Au revoir est une formule d’adieu exprimant l’espoir qu’on se reverra bientôt. » Littré a été suivi sur ce point, mais, si l’on n’entend plus à revoir en lieu et place d’au revoir, ce dernier est parfois supplanté par en revoir. Il ne s’agit certes que d’une confusion orale, mais on s’efforcera néanmoins de conserver au phonème précédant revoir sa juste forme.

Comfort food

Le 11 décembre 2025

Anglicismes, Néologismes & Mots voyageurs

« Confortable est un anglicisme très intelligible et très nécessaire à notre langue, où il n’a pas d’équivalent ; ce mot exprime un état de commodité et de bien-être qui approche du plaisir, et auquel tous les hommes aspirent naturellement, sans que cette tendance puisse leur être imputée à mollesse et à relâchement de mœurs. » Voilà ce qu’écrit Charles Nodier dans son Examen critique des dictionnaires de la langue française. L’adjectif anglais comfortable est lui-même tiré de l’ancien français confortable, qui signifiait « qui conforte, qui réconforte ». Le nom anglais comfort, contrairement au français confort, a conservé ce sens que l’on retrouve dans notre « réconfort ». C’est aussi celui qu’il a dans la locution anglaise comfort food, qui désigne un type de nourriture qui remonte le moral, qui réconforte. Il est sans doute préférable, en français, d’éviter d’employer cette locution qui pourrait être mal comprise.

Keep in touch

Le 11 décembre 2025

Anglicismes, Néologismes & Mots voyageurs

Les expressions, les locutions, les mots anglais qui n’ont guère d’équivalents dans notre langue s’y ancrent facilement. Parmi tant d’autres, on pourrait citer no man’s land, globe-trotter, week-end, badge, handicap, rugby, etc. Mais il en est d’autres, plus nombreux encore, qui ont des équivalents français bien établis. On privilégiera, dans ce dernier cas, la forme française. Il en va ainsi pour l’expression keep in touch, qui pourrait être aisément remplacée par des tours comme « garder le contact » ou « rester en contact ».

Du rififi chez les insectes : le cuivré de la verge d’or et le réduve masqué

Le 11 décembre 2025

Expressions, Bonheurs & surprises

Procuste chagriné, ammophile hirsute, cuivré de la verge d’or, cercope écumeux, horloge de la mort, réduve masqué ou encore rhagie enquêteuse, autant de noms qui semblent sortis des films noirs des années 1950 ou, plus encore, des Mystères de Paris, d’Eugène Sue, roman paru en feuilletons qui voyait voisiner, entre autres, le Chourineur, la Goualeuse, le Maître d’école, le Squelette, Bras-Rouge, Coupe-en-deux, Gros-Boiteux, Tortillard, la Louve ou la Chouette. Il n’en est pourtant rien : la première liste ne regroupe que des insectes, même s’il est vrai que les mœurs de certains d’entre eux leur vaudraient une place de choix dans la seconde.

Le procuste emprunte son nom à un célèbre brigand de l’Antiquité, mais s’il est chagriné, c’est parce que ses élytres ont l’aspect grenu du cuir de peau de chèvre, appelé chagrin. Il est assez proche du carabe embrouillé, minuscule carnivore qui doit, lui aussi, son nom aux granulations qui couvrent ses élytres, et non à un différend qu’il aurait eu avec un autre insecte. On se gardera également de penser que la libellule déprimée tire son surnom d’une altération de son humeur alors que c’est à son corps aplati qu’elle le doit, déprimer étant employé ici dans son sens premier d’« enfoncer, affaisser ». L’ammophile hérissée ou hirsute, sorte de guêpe dont la tête et l’abdomen sont couverts de petits poils, a l’étrange particularité, eu égard à son nom, de ne s’attaquer qu’à des chenilles glabres, qu’elle paralyse et cache sous terre en attendant que ces dernières fassent l’ordinaire de ses larves. Le cuivré de la verge d’or, lui, ne doit pas son nom à quelque remarquable particularité anatomique, mais au fait qu’on le croyait attiré par une herbacée vivace, la solidage verge d’or (parfois aussi appelée baguette d’Aaron). Sa dénomination le rapproche de l’azuré de la bugrane, papillon qui, comme le premier élément de son nom l’indique, est d’un joli bleu, et qui, comme le second élément le signale, vit aux côtés d’une plante appelée bugrane, parfois surnommée arrête-bœuf parce que ses longues racines bloquaient les charrues. Puisque nous parlons de bœufs, voyons l’erreur judiciaire de notre histoire, celle du bupreste. Son nom est tiré du grec bouprestis, proprement « qui fait gonfler les bœufs », parce que l’on pensait que si ces derniers le mangeaient en paissant, il provoquerait chez eux des inflammations pouvant les mener à la mort. C’est ce qu’écrit Pline dans son Histoire naturelle : « Le bupreste est un inceste très semblable au scarabée à longues pattes. Au milieu des herbes le bœuf l’avale sans s’en apercevoir : le bupreste (et c’est de là que lui vient son nom) cause chez le bœuf, en lui touchant le fiel, une telle inflammation qu’il le fait mourir. Ce petit insecte est pourtant innocent ; on l’a confondu avec les vrais responsables, beaucoup moins célèbres, les méloés… Mais revenons à notre liste : le cercope est appelé écumeux parce que sa larve se développe dans une masse d’écume, parfois appelée crachat de coucou ou de grenouille, qu’elle sécrète sur la plante où elle se développe. La vrillette, insecte xylophage, possède, elle aussi, un surnom peu commun, celui d’horloge de la mort. Voici pourquoi : pour se signaler à la femelle, le mâle frappe de la tête le morceau de bois sur lequel il se trouve. La femelle lui répond de la même façon et ces bruits continuent durant l’accouplement. Cette alternance de coups rappelle celle du balancier d’une horloge et, comme elle se faisait mieux entendre dans le silence des nuits où l’on veillait un moribond, on a cru que ce bruit était annonciateur de mort. Voyons, pour conclure, les deux insectes qui auraient pu le plus facilement trouver place chez Eugène Sue, le réduve masqué et la rhagie enquêtrice. Malheureusement, le réduve ne s’apparente en aucun cas à un malfaiteur encagoulé : il est ainsi nommé parce que ses larves se couvrent de poussière, ce qui les rend peu visibles. Notons cependant que sa piqûre fort douloureuse lui a aussi valu le nom de réduve irascible ou punaise assassine. Qui dit voleur dit gendarme : ce rôle pourrait être dévolu à la rhagie, puisque ce coléoptère, qui tire son nom du grec rhagion, « grain de raisin », s’est vu attribuer les qualificatifs suivants : enquêtrice, enquêteuse, inquisitrice, chercheuse. Si, hélas, on ne sait expliquer pourquoi ils lui ont été attribués, on sait en revanche que c’est son grand appétit qui lui a valu son dernier surnom, celui de mordante.

Neuf, neuvième, neuvaine

Le 11 décembre 2025

Expressions, Bonheurs & surprises

Il y a un peu plus d’un an, l’Académie française a donné la neuvième édition de son Dictionnaire. Ce pourrait être l’occasion de nous interroger sur l’adjectif numéral neuf. Il n’a pas la même aura que sept, mais ne manque cependant pas d’intérêt. Signalons d’abord que si, en français, les mots se rapportant à ce nombre proviennent essentiellement du latin novem ou de ses dérivés, on veillera à ne pas oublier que l’on doit à son équivalent grec ennea l’ennéagone, figure plane à neuf angles et neuf côtés, et les Ennéades, de Plotin, ensemble de six livres traitant chacun neuf sujets philosophiques

Mais revenons à notre neuf. Neuf, c’est le nombre de vies que l’on prête parfois aux chats. Neuf, c’était, jusqu’en 2006, le nombre des planètes du système solaire avant que Pluton ne fût rétrogradée au rang de planète naine. Rétrogradée, comme le fut aussi le mois de novembre, passé, dans la liste des mois, de la neuvième place comme son nom l’indique - chez les Romains, il fut un temps où l’année commençait en mars - à la onzième. Le déclassement de Pluton est une triste nouvelle pour Uranie, celle des neuf muses qui préside à l’astronomie. Et ce n’est pas la seule, puisque le nom nonagésime, qui figurait, comme terme d’astronomie, dans les 4e, 5e, 6e et 7e éditions de notre Dictionnaire, a disparu des deux dernières.

Mais neuf, c’est encore le nombre des preux que l’on a rassemblés, en mêlant l’histoire et la légende, au début du xive siècle. On y trouve trois grands chefs de guerre de l’Antiquité (Hector, Alexandre le Grand et Jules César), trois personnages de la Bible (Josué, David et Judas Maccabée), trois héros chrétiens (Arthur, Charlemagne et Godefroy de Bouillon). Leur gloire fit que c’est parmi eux que furent choisis les rois figurant sur nos jeux de cartes : Charles (forme abrégée de Charlemagne), le roi de cœur ; David, le roi de pique ; Alexandre, le roi de trèfle et (Jules) César, le roi de carreau. Notons que ce dernier, assassiné parce qu’on le soupçonnait d’aspirer au trône, est figuré sans sceptre ni épée et sans manteau fleurdelysé. Nous avons parlé plus haut, à propos de Pluton et de novembre, de rétrogradation. Peut-être en va-t-il de même pour Hector, le héros troyen devenu valet, même s’il figure en bonne compagnie avec Lahire, Lancelot et Ogier. Les neuf preux auraient pu constituer une neuvaine puisque, quand ce mot est apparu dans notre langue, au xiiie siècle, il désignait un groupe de neuf personnes tandis que c’est aujourd’hui un exercice de piété consistant à accomplir, durant neuf jours consécutifs, divers actes de dévotion en vue d’obtenir une grâce particulière.

Nous avons tiré de l’ordinal latin nonus, « neuvième », le nom none. Il était particulièrement important chez les Romains puisque, lorsqu’il était au singulier, il désignait la partie du jour qui commençait à la fin de la neuvième heure (c’est-à-dire, selon la manière actuelle de compter, vers trois heures de l’après-midi), alors que, au pluriel, il désignait le jour du calendrier romain qui se situait le neuvième jour avant les ides (dans notre calendrier, le septième jour des mois de mars, mai, juillet et octobre, et le cinquième des autres mois).

Aujourd’hui none désigne essentiellement celle des sept heures canoniales qui se chante ou se récite vers la neuvième heure du jour.

C’est aussi à l’aide de nonus et de dies, « jour », qu’a été formé le nom nonidi, le neuvième jour de la décade dans le calendrier républicain. Comme il y avait douze mois de trois décades chacun, il y avait donc 36 nonidis, qui portaient tous des noms de plante, à l’exception des trois nonidis de nivôse, appelés respectivement salpêtre, marbre et mercure.

Notons, pour conclure, que de nonus a été tiré l’adjectif nonarius, « de la neuvième heure ». On le rencontrait surtout dans la locution nonaria meretrix, qui désignait une prostituée (on pourrait aussi le traduire par « gagneuse », meretrix étant dérivé de merere, « gagner, mériter »), ainsi nommée parce que, nous apprend le Dictionnaire de Du Cange, ante nonam de prostibulo non licebat exire, « elle n’avait pas le droit de sortir de sa maison de prostitution avant la neuvième heure ».

Voici pourquoi : ne mane juvenes, omissis exercitationibus, ad libidines migrarent, « pour éviter que le matin les jeunes gens ne délaissent leurs devoirs et aillent se livrer aux plaisirs de la chair. »