Dire, ne pas dire

Déduit

Le 3 janvier 2013

Expressions, Bonheurs & surprises

La vie a longtemps été perçue comme un chemin d’obligations dont on ne devait pas dévier. C’est pourquoi les mots désignant le loisir et le plaisir appartiennent souvent au champ lexical de l’écart par rapport à la route droite, du pas de côté. Nombre de ces mots sont formés avec les préfixes séparatifs di(s)- ou dé- et des radicaux marquant un mouvement. C’est ce que l’on a dans les verbes distraire et divertir. C’est aussi ce que l’on avait dans l’ancien français desporter et desport, l’ancêtre du mot sport. On trouve dans un fabliau ces paroles d’un sacristain à la femme qu’il veut débaucher :

            Que se g’ai de vos le deport

            Ge ne quier rien plus ne demant,

            Foi que doi Diex omnipotent

« Si vous me donnez du plaisir, je ne réclame ni ne demande rien de plus, par la foi que je dois à Dieu tout-puissant ».

Le verbe déduire, dont le participe passé a donné la forme archaïque le Déduit, « les plaisirs », appartient à cette même série. On trouve dans les textes du Moyen Âge trois grands types de déduits : Le déduit d’écu et de lance, pour les tournois, le déduit de chasse et le déduit de femmes ou, simplement, déduit, qui désigne les plaisirs amoureux. Froissard écrit dans ses Chroniques : « S’ils furent cette nuit ensemble [Charles VI et Isabelle] en grant deduit, ce pouvez-vous bien croire. »