Dire, ne pas dire

Arnaud D. (France)

Le 3 octobre 2019

Courrier des internautes

Chercheur, généticien, j’entends depuis une dizaine d’années tous mes collègues utiliser le mot trait pour désigner un caractère (au sens de caractéristique individuelle) d’un organisme. J’ai le sentiment profond qu’il s’agit d’un anglicisme car le mot anglais désignant un caractère est trait. Et comme il existe en français l’expression « trait de caractère » je suis persuadé que le glissement a été encore plus aisé. J’aimerais beaucoup avoir votre éclairage sur ce sujet, et je vous adresse ma demande tout simplement car on peut aimer les sciences et sa langue.

Bien sincèrement.

Arnaud D. (France)

L’Académie répond :

Monsieur,

En français, le mot trait désigne depuis le xviie siècle une manière d’agir qui est le reflet d’une qualité ou la marque d’un caractère. Ce sens est toujours présent dans la locution que vous mentionnez : « un trait de caractère ». Ce mot désigne de façon plus générale, depuis le xviiie siècle, un élément caractéristique qui permet de reconnaître une chose ou une personne.

Comme vous le signalez, le mot trait souffre en biologie de l’existence de son homologue anglais trait, que l’on traduit le plus souvent par « caractère », bien que de nombreux ouvrages français de biologie emploient tout de même trait.

Dans le langage courant, il n’y aucun obstacle à l’utilisation absolue, bien que peu courante, du mot trait pour désigner une caractéristique, comme dans la phrase « les grands traits d’un courant littéraire ».

En biologie, on préfèrera le mot « caractère » au mot trait, comme cela est conseillé par la base de données France Terme, élaborée par le ministère de la Culture. On y trouve notamment l’équivalent français de l’abréviation Q.T.L. : « QTL, quantitative trait locus : Locus à caractère quantitatif. Locus dont les allèles ont des effets différents et mesurables sur un caractère quantitatif. »