Dire, ne pas dire

Adam Q. (Royaume-Uni)

Le 8 juin 2023

Courrier des internautes

Je rencontre des difficultés pour trouver le sens d’un mot qui ne figure pas dans votre Dictionnaire. Il s’agit de bobulaire. Il est utilisé dans cette phrase tirée de L’Institution de la religion chrétienne, de Calvin, qui écrit : « leurs gros bobulaires de livres ». La version latine du même livre parle d’Immensis voluminibus, mais je ne suis pas sûr que ce syntagme ait la même signification que bobulaire.

On trouve cependant ce mot dans le Dictionnaire de la langue française de Littré, à l’article bobe. Il y est fait référence à un certain Diez, que je ne connais pas, qui pense que Calvin a tiré ce mot du latin balbus. Pouvez-vous m’aider à trouver la signification de ce mot ? Pensez-vous qu’il pourrait être ajouté à votre Dictionnaire ?

Adam Q. (Royaume-Uni)

L’Académie répond :

Monsieur,

Bobulaire, qui désigne un livre, le plus souvent verbeux et confus, est de la même famille que l’ancien français baubeter, « bégayer, bredouiller », et le français ébaubi, « stupéfait au point d’en perdre la parole ». C’est un dérivé de l’adjectif baube, « bègue », qui est issu du latin balbus, de même sens, et dont dérive le verbe balbutire, « balbutier ». Balbus est tiré d’une racine onomatopéique, qui est aussi à l’origine du grec bauzein, « aboyer », et du moyen français bobe, « moue, grimace ». Bobulaire, que l’on rencontre aussi dans le Dictionnaire de la langue française du xvie siècle d’Edmond Huguet, est beaucoup trop rare pour figurer dans un dictionnaire d’usage comme le nôtre.

Quant à Friedrich Christian Diez (1794-1876), il est considéré comme le fondateur de la philologie romane. Littré le tenait en très haute estime ; il parle avec admiration de ses travaux, sur lesquels il s’appuie fréquemment pour ses notices étymologiques, dans la préface de son Dictionnaire.