Il existe en français plusieurs mots vigile, que d’aucuns confondent et emploient l’un pour l’autre. Vigile est d’abord un nom féminin appartenant à la langue de la liturgie et qui désigne la veille d’une grande fête (la vigile de Noël, la vigile de la Toussaint). Ce nom est emprunté du latin ecclésiastique vigilia, « veillée religieuse ». Vigile peut aussi être un nom masculin, qui désigne un garde de nuit chargé, dans la Rome antique, de combattre les incendies et de veiller à la sécurité de la ville (le préfet des vigiles). À ce sens se sont ajoutés, depuis le milieu du xxe siècle, celui de « gardien chargé de la surveillance de locaux administratifs, commerciaux, industriels » et de « garde exerçant au sein d’une police privée, d’un organisme de défense, une fonction de surveillance, de sécurité. » Ce nom masculin est emprunté du latin vigil, « garde de nuit, veilleur », forme substantivée de l’adjectif vigil, « éveillé, vigilant, attentif ». Et c’est à partir de cet adjectif latin que, dans ses Études de psychologie médicale, Jean Delay a créé, en 1953, l’adjectif français vigile, « qui est relatif à l’état de veille » ou « qui survient pendant l’état de veille ».
On se gardera bien de confondre ces homophones entre eux, mais aussi avec un autre mot, Vigie, qui a la même origine. Ce nom, qui désigne la surveillance exercée depuis la hune par un matelot et, par métonymie, le matelot chargé de cette tâche, est en effet emprunté, par l’intermédiaire du portugais vigia, « guetteur », déverbal de vigiar, « guetter », du latin vigilare, « veiller, guetter ».