Dire, ne pas dire

Stigmatiser

Le 8 juillet 2015

Extensions de sens abusives

En 1972 déjà, dans son Encyclopédie du bon français dans l’usage contemporain, Dupré écrivait au sujet du verbe stigmatiser : « Il est lourd, prétentieux et trop employé. » Une quarantaine d’années plus tard, la remarque est toujours pertinente. Stigmatiser s’est d’abord employé au participe passé pour qualifier une personne qui portait des marques, des cicatrices, ou encore qui avait été marquée au fer chaud en punition de quelque crime. Employé nominalement, ce participe passé a ensuite désigné des mystiques dont le corps se couvrait à intervalles réguliers – aux mains, aux pieds et au côté – de plaies semblables à celles du Christ crucifié. Au figuré, il signifie « marquer d’infamie », et, par affaiblissement, « condamner, fustiger ». C’est de ce dernier sens que l’on abuse aujourd’hui, quand stigmatiser, surtout utilisé à la forme passive, se substitue à « critiquer » ou « blâmer ».

 

on dit

on ne dit pas

Il a été critiqué pour sa conduite

On l’a repris pour ses erreurs

Montrer du doigt, mettre au ban une population

Il a été stigmatisé pour sa conduite

On l’a stigmatisé pour ses erreurs

Stigmatiser une population