En 1972 déjà, dans son Encyclopédie du bon français dans l’usage contemporain, Dupré écrivait au sujet du verbe stigmatiser : « Il est lourd, prétentieux et trop employé. » Une quarantaine d’années plus tard, la remarque est toujours pertinente. Stigmatiser s’est d’abord employé au participe passé pour qualifier une personne qui portait des marques, des cicatrices, ou encore qui avait été marquée au fer chaud en punition de quelque crime. Employé nominalement, ce participe passé a ensuite désigné des mystiques dont le corps se couvrait à intervalles réguliers – aux mains, aux pieds et au côté – de plaies semblables à celles du Christ crucifié. Au figuré, il signifie « marquer d’infamie », et, par affaiblissement, « condamner, fustiger ». C’est de ce dernier sens que l’on abuse aujourd’hui, quand stigmatiser, surtout utilisé à la forme passive, se substitue à « critiquer » ou « blâmer ».
on dit |
on ne dit pas |
Il a été critiqué pour sa conduite On l’a repris pour ses erreurs Montrer du doigt, mettre au ban une population |
Il a été stigmatisé pour sa conduite On l’a stigmatisé pour ses erreurs Stigmatiser une population |