L’expression si l’on peut dire commence à être remplacée, à tort, par une forme voisine si l’on puit dire, tirée sans doute de si je puis dire. Rappelons donc que, depuis plus de cinq siècles, puit est une forme incorrecte, même si, dans Le Bon Usage, Grevisse en signale un emploi chez Claudel, qui écrivait dans un article du Figaro littéraire, en 1953 : « Face à l’ouragan il me manquait encore l’horreur et la joie sous mes pieds de ce bateau pourri qui n’en puit plus et qui craque et qui s’effondre. » Ce qui n’en puit plus semblant être le résultat du croisement de je n’en puis mais et d’il n’en peut plus. Rappelons aussi qu’en ancien français la forme canonique de la 3e personne du singulier du verbe pouvoir est « il puet ». Certes, à cette époque, l’orthographe était mal fixée et l’on trouvait parfois il puit. On lit ainsi dans un texte médiéval, Les Sept Péchés capitaux : « Celuy qui ne se puit aydier, Doit ons aidier, ce m’est auis » (« Celui qui ne peut s’aider, il me semble qu’on doit l’aider »). Mais cette forme présentait l’inconvénient d’être semblable à la 3e personne du verbe puir, « puer ». On lit dans un texte de la même époque : « Car il puit plus vilaynement que un fumers pourriz tout plain de fiens » (« Car il pue plus salement qu’un fumier pourri plein de fiente »). Cette proximité a fortement contribué à la disparition de puit comme forme de la conjugaison du verbe pouvoir.