Dans abasourdir, le s intervocalique se sonorise en [z], mais on entend parfois abassourdir, parce qu’on rattache faussement ce verbe, dérivé de l’argot basourdir, « tuer », à l’adjectif sourd. Il est vrai que la règle phonétique qui veut qu’un s intervocalique (c’est-à-dire placé entre deux voyelles) se sonorise en [z] souffre de nombreuses exceptions. On constate en effet qu’elle ne s’applique pas quand on perçoit nettement le fait que l’on a affaire à un composé. On dit ainsi, sans sonoriser le s, asocial, parce que l’on y reconnaît social. C’est aussi la raison pour laquelle le s intervocalique reste sourd dans antiseptique, cosignataire, préséance, présupposer, prosimiens, etc. La prononciation variera donc selon que ce s est la première lettre d’un radical ou la dernière d’un préfixe. C’est ce qui explique la différence de prononciation de ce s dans désacraliser (où s appartient au radical) et désavantager (où s appartient au préfixe), ou dans trisecteur et trisaïeul. On constate aussi que ce s est parfois redoublé, comme dans ressauter, et que dans d’autres cas il ne l’est pas, comme dans resituer. Notons enfin que la prononciation canonique de désuet est déssuet, mais que l’on entend de plus en plus dézuet parce que l’on oublie ou l’on ignore que, dans ce mot, dé- est un préfixe.