Nous avons regretté il y a peu l’effacement de oui au profit d’adverbes plus longs ou de périphrases de même sens. On constate aujourd’hui un phénomène du même ordre concernant l’adjectif possessif mon, qui tend à être remplacé par la relative « qui est le mien ». Ce tour n’a rien de condamnable en soi et peut correspondre à des choix stylistiques. On le trouve chez de très bons auteurs comme Verlaine, Loti, Bloy, Cendrars, Green, ou encore chez Jacques Brel qui chante Le plat pays qui est le mien. Les formes qui est le nôtre, qui est la nôtre renvoient fort bien à ce que, en tant qu’hommes, nous partageons tous : le monde qui est le nôtre, la condition qui est la nôtre, etc. Mais il existe aussi nombre de cas où cette périphrase n’ajoute rien au sens et où l’adjectif possessif mon serait tout à fait suffisant. Il serait sans doute possible d’éviter la prolifération, en particulier dans le discours politique, de formules dont le caractère emphatique masque mal la vacuité, comme l’engagement qui est le mien, les responsabilités qui sont les miennes, les valeurs qui sont les miennes.