Pascal Ory est né le 31 juillet 1948 à Fougères (Ille-et-Vilaine). Son père, après avoir été officier de liaison dans l’armée américaine du général Patton, devint le premier « grand reporter » du quotidien régional Ouest-France ; il aimait emmener son fils dans ses reportages, sans préjugé culturel, passant aisément du « savant » au « populaire ».
Précocement passionné par l’histoire, le jeune homme refusa, au scandale de ses professeurs, les classes préparatoires pour satisfaire sans plus tarder son goût pour l’érudition. À l’université la chance lui sourit en lui permettant de rencontrer successivement deux maîtres : Jean Delumeau puis René Rémond.
Agrégé d’histoire, docteur d’État, il fut pensionnaire de la Fondation Thiers, où il eut pour camarades, entre autres, Antoine Compagnon et François Hartog.
Assistant d’histoire à l’École supérieure de guerre puis à l’université de Nanterre, il a créé le département d’histoire de la nouvelle université de Versailles-Saint-Quentin-en-Yvelines (aujourd’hui associée à Paris-Saclay) avant d’intégrer la Sorbonne (Paris 1), dont il est aujourd’hui professeur émérite. Parallèlement, il a aussi enseigné à l’École des hautes études en sciences sociales (E.H.E.S.S.), à l’INA, à l’INALCO (Langues O), à New York University (NYU), à l’université Paris-Dauphine et, pendant quarante ans, à Sciences Po Paris.
Il est membre du Comité d’histoire du ministère de la Culture, a été membre du conseil scientifique de l’École nationale des chartes et préside les conseils scientifiques de la Bibliothèque nationale de France et de la Fondation des Treilles.
Collaborateur régulier de la presse écrite et radiophonique, il est membre du conseil scientifique des Rendez-vous de l’histoire de Blois.
Pascal Ory est l’auteur d’une cinquantaine d’ouvrages, qu’il classe en trois catégories : « histoires », « fables » et « contes ». Les premiers se répartissent entre histoire culturelle et histoire politique ou se situent au croisement des deux. On citera un traité, L’Histoire culturelle (PUF), un « essai d’histoire culturelle » du contemporain, L’Entre-deux-Mai (réédition Éditions Alma), et une thèse pionnière dans le domaine de l’histoire des politiques culturelles, La Belle Illusion. Culture et politique sous le signe du Front populaire (réédition C.N.R.S. Éditions). Il a fondé en 1999 l’Association pour le développement de l’histoire culturelle (A.D.H.C.), qu’il a présidée jusqu’à 2021.
Directeur d’une Nouvelle Histoire des idées politiques (Hachette), biographe de Paul Nizan (réédition Complexe), il a publié trois études historiques, respectivement sur la judéophobie (De la Haine du juif, Éditions Bouquins), sur le fascisme (Du fascisme, Perrin) et sur le populisme (Peuple souverain, Gallimard). Ses textes sur la « démocratie autoritaire » ont été réunis en 2022 dans Ce Côté obscur du Peuple (Éditions et collection « Bouquins »).
La question nationale structure une grande partie de son œuvre, depuis Les Collaborateurs (Le Seuil) et La France allemande (Gallimard) jusqu’à Une nation pour mémoire (Presses de la Fondation nationale des sciences politiques) et, récemment, Qu’est-ce qu’une nation ? Une histoire mondiale (Gallimard). Il a dirigé un Dictionnaire des étrangers qui ont fait la France (Robert Laffont, collection « Bouquins »).
Adhérent de la Scam (Société civile des auteurs multimédias), il en a été administrateur et président de la Commission de l’écrit. Il a présidé le Conseil permanent des écrivains (C.P.E.), confédération des sociétés d’auteurs de l’écrit.
Proche de François Mitterrand, il a dans les années 1970 œuvré au sein du Secrétariat national à l’action culturelle du nouveau Parti socialiste mais a refusé en 1981 d’abandonner l’université pour l’administration culturelle.
Tout en poursuivant à temps complet son travail d’enseignant-chercheur, il a été pendant trois ans membre du cabinet d’Émile Biasini, secrétaire d’État aux Grands Travaux, et pendant six ans maire-adjoint de Chartres – où il réside –, chargé de la « Vie culturelle » (terminologie en hommage au ministre Jean Zay, dont il préside la Société des amis).
Critique de bandes dessinées depuis 1997, auteur d’une biographie de René Goscinny (Perrin), il a dirigé L’Art de la bande dessinée (Mazenod) et préside le jury du Prix de la bande dessinée historique des Rendez-vous de l’histoire.
Historien du Discours gastronomique français, des origines à nos jours (Gallimard), il a été critique gastronomique à France Musique.
Membre du Collège de ’pataphysique (comme le furent avant lui deux membres de l’Académie française, René Clair et Eugène Ionesco), il est l’auteur de ce qu’il appelle trois « OLNI » (objets littéraires non-identifiés) : Grande Encyclopédie du presque rien, Vie de Damoclès, fragments (Éditions des Busclats) et Jouir comme une sainte, et autres voluptés (Mercure de France).
L’Académie française lui a décerné en 2018 le Grand Prix Gobert d’Histoire pour Peuple souverain et l’ensemble de son œuvre.
Il a composé trois « livres de gratitude », consacrés à Alain Corbin, Jean Delumeau et Edgar Morin (Robert Laffont, collection « Bouquins »).
Un livre d’hommage a été publié en 2017 par plusieurs de ses anciens élèves : Histoires d’O. Mélanges d’histoire culturelle offerts à Pascal Ory (Publications de la Sorbonne).
Élu à l’Académie française, le 4 mars 2021, au fauteuil de François Weyergans (32e fauteuil), et reçu le 20 octobre 2022 par Erik Orsenna.