DISCOURS
DE
M. Pascal ORY
Directeur en exercice
le jeudi 14 novembre 2024
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Monsieur le Président de la République,
Notre compagnie vous souhaite la bienvenue « sous la Coupole ».
Je salue à cette occasion les personnalités qui sont venues se joindre à nous en cette circonstance qu’on peut qualifier, sans exagération, d’historique :
Madame la Ministre de la Culture,
Mesdames et Messieurs les Ambassadeurs,
Messieurs les Secrétaires perpétuels,
Monsieur le Délégué général à la langue française et aux langues de France,
Chers Confrères,
Monsieur le Président de la République, un changement -dont on ne mesure pas toujours l’ampleur- est intervenu dans l’histoire de l’Académie française un jour de 1672. La jeune académie de 1635 avait été placée sous la protection (une figure familière, à cette époque) du cardinal de Richelieu, donc du « principal ministre » de la monarchie, et à sa mort cette prérogative était passée au plus haut magistrat du royaume, en la personne du Chancelier Séguier. Mais à la mort de celui-ci -en 1672- la fonction de protection passa au Roi lui-même.
Sous le regard des Modernes ce relais pourrait être compris comme l’appesantissement d’une sujétion. C’est se méprendre sur la logique de l’Ancien régime : devenir le protégé du Souverain, c’est, bien au contraire, accroître son autonomie dans l’enchevêtrement de tutelles qui caractérise la société du temps.
Et le Nouveau régime a, de fait, poursuivi sur cette voie.
Il a posé en principe que le Souverain était désormais le Peuple, ses représentants et les élus de ceux-ci et, dans le cadre des institutions de la Vème république, il a fait de son Président un élu direct du suffrage universel. La protection est donc restée, mais à la mesure du service rendu au public. On le comprendra mieux dans un instant, quand Monsieur le Secrétaire perpétuel présentera tout à la fois le quatrième et dernier tome de la neuvième édition du Dictionnaire de l’Académie et le portail numérique -libre et gratuit- qui l’accompagne.
Mais c’est qu’on ne doit pas se méprendre sur l’objet de la protection. Il en est d’elle comme il en est de l’« immortalité » figurant sur la médaille qui nous est remise à notre entrée en fonction : cette immortalité n’est pas celle des académiciens, des académiciennes, comme certains humoristes ont fait semblant de le croire, mais celle de la langue française, à laquelle, en effet, nous vouons nos travaux tout au long de l’année -et que nous célébrons tout particulièrement en ce jour. Une évidence s’impose : la justification de la protection est bien la langue française. À travers l’Académie c’est elle, la protégée.
Voilà pourquoi nous avons, dès l’origine, soutenu le projet d’une Cité internationale de la langue française. Voilà pourquoi vous avez accepté notre invitation de cette après-midi. Ainsi nous retrouvons nous côte à côte dans le combat pour la sauvegarde, l’enrichissement et la présence internationale de la langue française : ici au sein de l’Institut de France, là à Villers-Cotterêts, et au-delà, à l’échelle du monde entier, sous l’égide de la Francophonie.
Monsieur le Président de la République, vous êtes donc ici chez vous, puisque vous êtes ici chez nous.