Les noms communs mile et mille désignent des unités de mesure qui n’appartiennent pas au système métrique. Ils remontent tous deux au latin mille, qui a le même sens que notre adjectif numéral « mille », mais qui pouvait aussi s’employer avec le sens du nom millier : on pouvait dire mille passus, « mille pas » ou, avec un génétif, mille passuum, « un millier de pas ». Dans ces deux expressions, passus (ou passuum) a été rapidement omis et mille est devenu le nom d’une unité de mesure valant environ 1 480 mètres, le pas chez les Latins valant 1,4 mètre et étant en réalité l’équivalent de deux enjambées. De ce mille latin proviennent donc nos deux unités de mesure, dont les noms respectifs ne diffèrent que par une lettre, le mille et le mile. Le premier s’emploie surtout dans la langue de la marine (on l’appelle d’ailleurs aussi parfois le mille marin ou le mille nautique), mais aussi dans celle de l’aviation, et il équivaut à 1 852 mètres. On le prononce comme l’adjectif numéral cardinal mille. Le second est une unité de mesure terrestre, qui équivaut à 1 609 mètres et qui fut longtemps une distance très courue en athlétisme. Dans ce nom, le i se prononce comme le nom ail. On prendra donc garde à ne pas confondre ces deux termes et l’on se souviendra que, dans Le Petit Prince, le narrateur écrit : « Le premier soir je me suis donc endormi sur le sable à mille milles [on notera que le nom, contrairement à l’adjectif numéral, varie en nombre] de toute terre habitée », mais aussi que, le 6 mai 1954, Roger Bannister fut le premier homme à courir le mile en moins de quatre minutes.