Il existe en français un e dit muet, que l’on appelle aussi instable ou caduc. Il est noté par la lettre e et n’est pas accentué. Ce e muet ne se prononce pas à la finale d’un mot sauf parfois en poésie, quand il est à l’intérieur d’un vers et suivi d’un mot commençant par une consonne ou un h aspiré. Ainsi, dans le premier vers de La Beauté, de Baudelaire : Je suis belle, ô mortels ! comme un rêve de pierre, les e finaux de belle et de comme ne se font pas entendre, contrairement à celui de rêve. Dans la langue courante, ce e peut tomber aussi à l’intérieur d’un mot ; ainsi petit peut se prononcer « p’tit » ; je le sais, « je l’sais » ou melon, « m’lon ». Ces prononciations familières ne sont pas incorrectes. Mais on se gardera bien d’étendre ce système d’élision à des formes notées par eu. On ne prononcera donc pas déj’ner le mot déjeuner, et, en dehors du cas où la sagesse normande se fait l’héritière du scepticisme pyrrhonien en montrant avec son fameux p’têt ben que oui, p’têt ben qu’non, qu’il existe des propositions indécidables, on dira toujours peut-être et non p’têt.
On dit |
On ne dit pas |
Le petit déjeuner Il viendra peut-être demain |
Le petit déj’ner Il viendra p’têt’ demain |