Dire, ne pas dire

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Le vivre ensemble

Le 7 mars 2013

Emplois fautifs

Le français ne peut pas, contrairement au latin ou au grec, substantiver tous ses infinitifs. On dit le coucher, mais non le dormir. Si certains verbes substantivés peuvent parfois avoir un complément à l’infinitif (le savoir-faire, le savoir-vivre), on évitera d’avoir recours, comme tend à le faire une mode actuelle, à la substantivation de groupes formés d’un infinitif et d’un adverbe : on entend par exemple parler du bien mourir, mais le plus fréquent est le vivre ensemble, qui semble relever plus du vœu pieux ou de l’injonction que du constat. Faut-il vraiment faire de ce groupe verbal une locution nominale pour redonner un peu d’harmonie à la vie en société ?

 

On dit

On ne dit pas

L’art de vivre ensemble

Ceux qui recherchent l’harmonie dans les sociétés

L’art du vivre ensemble

Les acteurs du vivre ensemble

 

À l’endroit de

Le 7 février 2013

Emplois fautifs

La locution prépositionnelle à l’endroit de appartient à une langue soutenue. On dit fort bien La loi est sévère à l’endroit des faux-monnayeurs ou Il a fait preuve, à votre endroit, d’une grande bienveillance. On utilisera cette locution pour parler de personnes, mais non lorsqu’on évoque des inanimés. Dans ce cas la langue dispose d’autres prépositions ou locutions prépositionnelles comme quant à, en ce qui concerne, s’agissant de, etc.

 

On dit

On ne dit pas

Quant à ce que vous disiez

En ce qui concerne ces propositions

Pour un tel crime, le châtiment paraît justifié

À l’endroit de ce que vous disiez

À l’endroit de ces propositions

À l’endroit d’un tel crime, le châtiment paraît justifié

 

Blindé

Le 7 février 2013

Emplois fautifs

Blindé, qui a la même origine que l’anglais blind, « aveugle », a d’abord qualifié un ouvrage militaire si bien dissimulé qu’il était invisible aux yeux de l’ennemi, puisqu’il était couvert de fascines et autres branchages. Ce participe passé a pris en argot le sens d’« ivre », puisque plus rien ne semble pouvoir atteindre celui qui se trouve dans cet état. C’est, avec « couvert d’un blindage », et le sens figuré d’« endurci, protégé » : Un artiste blindé contre les critiques, les seuls sens corrects de blindé. On évitera donc d’en faire un équivalent de plein, rempli, débordé, que l’on parle d’un lieu, d’un agenda ou d’une personne.

Si donc un restaurant n’a pas une vitrine munie de plaques d’acier, on ne dira pas, quelle que soit sa fréquentation, qu’il est blindé.

 

On dit

On ne dit pas

Il n’y a plus une place dans ce bar

Je n’ai plus une date de libre dans mon agenda

Je n’ai plus un instant à moi

Ce bar est blindé de monde

Mon agenda est blindé
 

Je suis blindé

 

Interrogative indirecte avec inversion du sujet

Le 7 février 2013

Emplois fautifs

L’interrogative indirecte diffère principalement de l’interrogative directe en deux points : elle ne comporte ni point d’interrogation, ni inversion du sujet et du verbe. Si, à l’oral, les fautes sont très peu nombreuses quand l’interrogative indirecte est introduite par si (Dites-moi si vous êtes satisfait, Je lui ai demandé s’il était malade), on constate malheureusement que l’inversion du sujet et du verbe, caractéristique de l’interrogation directe, est fréquemment maintenue quand la question est introduite par un adverbe interrogatif comme quand, où, comment, pourquoi, etc., car ces termes, à la différence de si, sont employés à la fois dans l’interrogative directe et dans l’interrogative indirecte.

 

On dit

On ne dit pas

Expliquez-nous comment vous faites

Je ne sais pas pourquoi il part

Dites-nous quand vous reviendrez

Expliquez-nous comment faites-vous

Je ne sais pas pourquoi part-il

Dites-nous quand reviendrez-vous

 

Sublimer, sublimateur

Le 7 février 2013

Emplois fautifs

Les mots perdent de leur force s’ils sont mal employés. La publicité recourt volontiers à l’emphase et donne ainsi l’impression de n’avoir pas confiance dans les mots ordinaires, à moins que ce ne soit dans les produits qu’elle vante et qu’elle se croit obligée de parer des plumes du paon. On a accolé à de nombreux adjectifs les préfixes hyper et super, on a recouru à génial quand bon ou bien suffisaient. Aujourd’hui ces termes, jugés dépassés, ont été remplacés par sublime ou ses dérivés. On semble avoir oublié que sublimer signifie d’abord « faire passer de l’état solide à l’état gazeux », et, au figuré, « exalter ». Ne pourrait-on alors craindre que le shampoing sublimateur ne transforme les cheveux en vapeur ou que le sublimateur de teint ne fasse du visage une nuée ?

Candidater

Le 3 janvier 2013

Emplois fautifs

Les noms terminés en -at sont assez fréquents en français. Ils désignent le plus souvent un titre ou une dignité, essentiellement dans les domaines historique, religieux ou administratif : consulat, pontificat, notariat. Ces noms en -at peuvent aussi désigner des personnes : certains appartiennent à la langue populaire ou familière (bougnat, loufiat, malfrat, galapiat), mais ceux, les plus nombreux, qui appartiennent à la langue courante sont des formes empruntées à d’anciens participes passés latins : légat, avocat, castrat, lauréat ou candidat. Candidatus signifie, proprement, « vêtu de blanc », car à Rome les candidats aux élections revêtaient une toge blanche. On évitera donc de faire dériver de ce nom un verbe actif. On n’*avocate pas, on ne *lauréate pas, on se gardera de *candidater. On utilisera des formes comme postuler, être candidat (à), briguer, poser sa candidature.

On dit

On ne dit pas

Postuler un emploi de comptable
 

Être candidat à la députation

Poser sa candidature pour un poste de jardinier

Candidater pour un emploi de comptable


Candidater à la députation

Candidater pour un poste de jardinier

 

Conséquent

Le 3 janvier 2013

Emplois fautifs

Conséquent, comme consécutif, est tiré du latin sequi, « suivre ». Cet adjectif a donc pour sens, lorsqu’il s’applique à une personne, « qui agit avec esprit de suite », et, lorsqu’il s’applique à une chose, « qui est dans la suite logique de ». La locution adjectivale De conséquence signifie « qui aura des suites » et donc « d’importance ». Mais employer Conséquent pour « important, considérable » ou encore « gros » est un barbarisme contre lequel Littré mettait déjà en garde.

 

On dit

On ne dit pas

Un personnage important

Jouir d’une fortune considérable

Un gros homme

Un personnage conséquent

Jouir d’une fortune conséquente

Un homme conséquent

 

En termes de

Le 3 janvier 2013

Emplois fautifs

La locution En termes de signifie « dans le vocabulaire de » : en termes de diplomatie, en termes de sport, en termes de marine, de droit, etc., et on ne doit pas lui donner d’autres significations. En termes de, au sens de « en matière de, quant à, pour ce qui est de, du point de vue de », est un anglicisme à proscrire.

 

On dit

On ne dit pas

En matière d’efficacité

Quant à la consommation

Pour ce qui est du confort

En termes d’efficacité

En termes de consommation

En termes de confort

 

Spécifique

Le 3 janvier 2013

Emplois fautifs

L’adjectif Spécifique signifie, conformément à son étymologie, « qui appartient à une espèce ». Son sens s’est ensuite étendu à des emplois techniques comme Poids spécifique, que l’on employait naguère en physique dans le sens de « densité ». On dira aussi que L’insuline est le remède spécifique du diabète : c’est le médicament le mieux adapté à cette maladie. Mais il est abusif d’employer cet adjectif comme synonyme de « spécial » ou de « particulier ».

On dit

On ne dit pas

Il a un talent particulier

Une voix au timbre spécial

Il a un talent spécifique

Une voix au timbre spécifique

 

Au plan

Le 3 décembre 2012

Emplois fautifs

Par analogie avec Au point de vue (de) a été créée la forme fautive Au plan (de).

Le nom Plan appartient d’abord au vocabulaire de la géométrie. On l’utilise ensuite pour désigner, dans un espace à trois dimensions ou dans sa représentation en perspective, chacune des surfaces planes imaginaires correspondant aux divers degrés d’éloignement des personnes ou des objets que perçoit un observateur. On emploie souvent les locutions Au premier plan, au second plan, à l’arrière-plan, en gros plan pour décrire un tableau, une photographie et, figurément, pour souligner l’importance relative de telle personne, de telle chose : C’est un personnage de premier plan. Il a relégué sa vie privée au second plan. Cependant, la construction avec la préposition à ne saurait être étendue à d’autres emplois. Pour indiquer le point d’où l’on se place pour appréhender telle ou telle question, on utilisera Sur le plan (de). On dit d’ailleurs, Sur ce plan, il a raison et l’on n’entend jamais À ce plan, il a raison. En lieu et place d’Au plan (de) on emploiera donc Sur le plan (de) ou son synonyme Au point de vue (de).

 

On dit

On ne dit pas

Sur le plan international

Sur le plan juridique

Au point de vue économique

C’est indéfendable au point de vue moral

Au plan international

Au plan juridique

Au plan économique

C’est indéfendable au plan moral

 

 

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