Dire, ne pas dire

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Interpeller

Le 5 février 2016

Emplois fautifs

Le verbe interpeller, que l’on peut aussi écrire interpeler, signifie « adresser la parole à quelqu’un pour lui demander quelque chose ou le prendre à partie ». Il appartient aussi à la langue politique et s’emploie quand un parlementaire demande à un membre du gouvernement de s’expliquer sur sa politique, sur ses actes. Évitons d’abuser de cette image et ne donnons pas à interpeller le sens d’« attirer l’attention, émouvoir, inciter à réagir », etc.

on dit

on ne dit pas

Cet évènement s’impose fortement à notre attention

Cet évènement nous interpelle fortement

Cela me touche, m’intrigue

Cela m’interpelle

 

Prêt à, près de

Le 5 février 2016

Emplois fautifs

Longtemps l’adjectif prêt put se construire avec la préposition de. On trouve facilement cette construction chez les classiques : « Il tenait un moineau, dit-on / Prêt d’étouffer la pauvre bête / Ou de la lâcher aussitôt/ pour mettre Apollon en défaut… » (La Fontaine, L’Oracle et l’Impie). Après le xviiie siècle, cet usage tend à disparaître, même si prêt de se lit encore chez Proust et semble réconcilier, grammaticalement à tout le moins, Robespierre, qui écrit : « s’il est vrai […] qu’un grand complot est prêt d’éclater.. », et Chateaubriand, chez lequel on lit : « Madame Jérôme Bonaparte, prête d’accoucher… » Aujourd’hui prêt se construit avec à et signifie « préparé pour, disposé à », et l’on écrit près de pour dire que quelqu’un est sur le point de faire quelque chose (sans oublier, bien sûr, que la locution près de indique aussi la proximité spatiale : Il habite près de Paris).

 

on écrit

on n’écrit pas

Elle n’est pas près de l’oublier

Ils sont prêts à venir

Elle n’est pas prête de l’oublier

Ils sont prêts de venir

 

Un des meilleur journal

Le 5 février 2016

Emplois fautifs

Dans le groupe un des, un est un pronom, non un déterminant. Il ne commande donc pas l’accord du nom qui suit. Un des signifie « un parmi les » : le nom ainsi déterminé se met au pluriel. On dira et on écrira donc C’est un des meilleurs journaux et non C’est un des meilleurs journal.

on écrit / on dit

on n’écrit pas / on ne dit pas

Le cobra est un des plus redoutables serpents

Le cobra est un des plus redoutable serpent

C’est un des plus beaux chevaux que j’aie jamais vus

C’est un des plus beau cheval que j’aie jamais vus

 

Censé / Sensé

Le 7 janvier 2016

Emplois fautifs

Les adjectifs censé et sensé sont trop souvent confondus à l’écrit. Ils ont pourtant des significations bien différentes. Censé nous vient du latin censere, « évaluer la fortune et le rang », puis « recenser, juger ». Il appartient à la même famille que cens, le montant de l’impôt qu’il fallait payer pour être éligible ou électeur, et il signifie « qui est supposé, réputé tel ». Sensé est dérivé de sens et signifie « qui a sa raison, son bon sens ». On évitera donc de confondre ces deux adjectifs, tant pour l’écriture que pour le sens, et les adverbes censément et sensément qui en sont dérivés.

 

on écrit

on n’écrit pas

Nul n’est censé ignorer la loi

Il était censé venir dîner ce soir

Le plus sensé serait de renoncer

Nul n’est sensé ignorer la loi

Il était sensé venir dîner ce soir

Le plus censé serait de renoncer

 

Éduquer à

Le 7 janvier 2016

Emplois fautifs

Le verbe éduquer eut longtemps mauvaise presse. On lisait à son sujet dans le Dictionnaire de Trévoux : « Terme nouveau qu’on a voulu mettre à la mode : c’est un vrai barbarisme de mots, qui figurerait très bien dans le Dictionnaire Néologique des petits Maîtres et des Précieuses ridicules. » Littré le réhabilita. On regrettera donc de voir ce verbe transitif être malmené aujourd’hui. On éduque des personnes et, par métonymie, on éduque une qualité, une disposition : Éduquer un enfant, éduquer les réflexes, la maîtrise de soi, éduquer le goût artistique. Mais on se gardera bien de construire ce verbe avec un complément indirect, une faute hélas trop largement répandue aujourd’hui.

 

on dit

on ne dit pas

Éduquer le sens de l’équilibre

Éduquer au sens de l’équilibre

 

La successeur

Le 7 janvier 2016

Emplois fautifs

Il existe en français des noms dont le genre n’est pas lié au sexe des personnes qu’ils désignent. Ainsi la crapule ou la vedette sont indifféremment un homme ou une femme, le médecin ou l’écrivain peuvent être une femme ou un homme. Il en va de même pour le successeur. On dira Mme X est le successeur de… Il s’agit d’un débat ancien qui avait déjà agité Les Petits Bourgeois de Balzac. On laissera donc à ce dernier le soin d’évoquer quelques tournures fautives :

J’ai mis un mot à Phellion, dont la femme est liée avec Mme Pron, la successeur…

- La successrice, dit Mme Minard.

- Eh ! non, ce serait la successeresse, comme on dit la mairesse, reprit Thuillier…

S’adresser auprès

Le 7 janvier 2016

Emplois fautifs

Adresser se construit avec un complément direct et un complément indirect : Le médecin m’a adressé à un spécialiste. Si ce verbe est à la forme pronominale, la construction reste la même : En cas d’absence, s’adresser au concierge. C’est donc la préposition à qui doit être employée pour introduire le complément d’objet indirect et l’on ne doit en aucun cas lui substituer la préposition auprès.

on dit

on ne dit pas

Adressez-vous au responsable

Adressez-vous auprès du responsable

 

Histoire de au sens de Pour

Le 4 décembre 2015

Emplois fautifs

La locution prépositive histoire de signifie « sans autre intention que de, simplement pour » : J’ai répondu cela histoire de dire quelque chose. Elle se rencontre d’ailleurs souvent dans l’expression histoire de rire, pour indiquer que telle ou telle action n’a d’autre but que de distraire, expression dont Armand Salacrou fit le titre d’une de ses pièces, en 1939. Si l’on peut admettre dans une langue familière des tournures avec histoire de pour parler de sujets légers, comme dans Je passerai histoire de prendre un verre ou Il est venu histoire de causer de ses affaires, on refusera d’employer cette forme pour des sujets plus graves, et ce, particulièrement à l’écrit ou dans une langue orale soignée. On ne dira donc pas Les présidents se sont rencontrés histoire d’évoquer l’avenir de la planète.

Inatteignable

Le 4 décembre 2015

Emplois fautifs

L’adjectif inatteignable n’est pas incorrect, mais il n’est pas de très bonne langue. Il s’agit d’une création de Stendhal qui, mêlant français et anglais, écrit dans son Journal, le 18 mars 1813 : « The great places inatteignables for me ». Quand bien même cet adjectif aurait pour lui la caution d’écrivains aussi illustres que Gide ou Aragon, on essaiera de l’éviter, et ce, d’autant plus que certains, comme Proust, écrivent inatteingible (Correspondance) ou inattingibles lointains (La Recherche). On écartera donc toutes ces formes auxquelles on préfèrera l’adjectif inaccessible ou la locution adjectivale hors d’atteinte.

on peut dire

on dit mieux

Un sommet inatteignable

Un objectif inatteignable

L’inatteignable étoile

Un sommet inaccessible

Un objectif hors d’atteinte

L’inaccessible étoile

 

Sauf que au sens de Mais

Le 4 décembre 2015

Emplois fautifs

La locution conjonctive sauf que signifie « à cette exception près que, si ce n’est que ». On peut donc dire Il est bien remis de son accident, sauf qu’il se fatigue rapidement. Mais trop souvent on est passé, insensiblement, d’une légère restriction à la négation du fait envisagé. Il s’agit d’une faute à éviter et l’on se gardera bien de donner à sauf que le sens de la conjonction de coordination à valeur d’opposition « mais ».

on dit

on ne dit pas

Je voulais aller à Paris mais mon train a été annulé

Il aurait aimé acheter ce livre, mais il avait oublié son portefeuille

Je voulais aller à Paris sauf que mon train a été annulé

Il aurait aimé acheter ce livre sauf qu’il avait oublié son portefeuille

 

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