Dire, ne pas dire

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Effectif au sens de Membre d’un groupe

Le 6 mai 2021

Extensions de sens abusives

Le nom singulier collectif effectif est la forme substantivée de l’adjectif homonyme et a d’abord désigné le nombre de soldats d’une armée ou d’une troupe : un effectif de vingt mille hommes. Par analogie, il désigne aussi le nombre d’individus qui composent une collectivité, un groupe : l’effectif d’une classe, d’un service ministériel. Si l’on considère plusieurs classes d’individus, on peut parler « des effectifs ». En revanche, effectif ne saurait désigner chacun des éléments composant un effectif. On dira ainsi que l’on envoie un effectif de soixante-dix hommes, mais on ne parlera pas d’un « envoi de soixante-dix effectifs ».

on dit

on ne dit pas

Cinq policiers viendront renforcer le commissariat, l’effectif du commissariat

Il faudrait trois surveillants de plus pour le lycée

Cinq effectifs viendront renforcer le commissariat

Il faudrait trois effectifs de plus pour le lycée

Adrien N. F. (France)

Le 6 mai 2021

Courrier des internautes

Bonjour,

Il y a, près de chez moi, un parc nommé le Parc du Croissant Vert. Il est également appelé le Parc des 33 hectares.

Notre envie de gagner du temps nous pousse à appeler ce parc Le 33 ou Les 33. Voici donc ma question : doit-on dire Le 33, Allons au 33 (sous-entendu le parc des 33 hectares), ou bien Les 33, et Allons aux 33 ?

Adrien N. F. (France)

L’Académie répond :

Monsieur,

Il faut dire le 33 et au 33. Si vous utilisiez le pluriel, cela signifierait que vous allez voir non le parc dans son ensemble, mais chacun des 33 hectares. On dit de même Usain Bolt a été trois fois champion olympique du cent mètres ou Michel Jazy a terminé second du 1 500 mètres aux Jeux olympiques de Rome, et non Usain Bolt a été trois fois champion olympique des cent mètres ou Michel Jazy a terminé second des 1 500 mètres aux Jeux olympiques de Rome.

Camille F. (Puyricard)

Le 6 mai 2021

Courrier des internautes

Pourriez-vous m’indiquer la différence entre la méfiance et la défiance ?

Je ne trouve pas de réponse claire sur le sujet.

Camille F. (Puyricard)

L’Académie répond :

Littré a excellemment répondu à cette question à l’article DÉFIANCE de son Dictionnaire. On y lit ceci : « La méfiance fait qu’on ne se fie pas du tout ; la défiance fait qu’on ne se fie qu’avec précaution. Le défiant craint d’être trompé ; le méfiant croit qu’il sera trompé. La méfiance ne permettrait pas à un homme de confier ses affaires à qui que ce soit ; la défiance peut lui faire faire un bon choix. »

Pourquoi ne prononce-t-on pas les deux lettres IM- dans IMMANQUABLE ou IMMANGEABLE de la même manière que dans IMMOBILE ou IMMUABLE ?

Le 1 avril 2021

Emplois fautifs

L’explication tient à la date d’apparition du mot en français et à son origine. Les mots où le m se fait entendre sont plus anciens : immobile et immuable sont apparus au xive siècle et sont tirés des formes latines immobilis et immutabilis (il existe d’ailleurs une variante rare et littéraire d’immuable, plus proche de l’étymon latin, immutable). Dès l’époque latine tardive, les deux m, bien que s’étant maintenus à l’écrit, se prononçaient comme un m unique : c’est de ces formes que l’on a hérité par l’intermédiaire de l’ancien français. Les termes plus récents ont été directement formés à partir des radicaux français manquable (même si ce dernier existe peu de manière autonome) et mangeable, radicaux qui n’existaient pas en latin. On a gardé la conscience qu’ils étaient bâtis à l’aide du préfixe négatif in-, ce qui explique la différence de prononciation entre ces deux groupes de mots.

Medley

Le 1 avril 2021

Anglicismes, Néologismes & Mots voyageurs

Les langues de la cuisine et du spectacle se sont nourries l’une l’autre. La première a donné la farce et la saynète à la seconde, qui en échange lui a donné entremets. Les miscellanées, après avoir désigné (au singulier) un brouet grossier, sont devenues un recueil où l’on trouve diverses pièces scientifiques ou littéraires. Et, pour désigner un mélange de plats ou d’aliments divers, puis un spectacle formé d’un enchaînement de mélodies, de chansons ou d’air connus, on a parlé de pot-pourri. Nous avons là un terme suffisamment adéquat et déjà riche d’une longue histoire pour qu’il ne soit pas nécessaire de chercher à lui substituer l’anglais medley, qui tend à s’imposer aujourd’hui.

Danielle G. (Brésil)

Le 1 avril 2021

Courrier des internautes

Je suis professeur de français langue étrangère et je n’arrive pas à expliquer clairement la différence entre croître, grandir, augmenter et pousser. En portugais, les apprenants font la confusion et je ne trouve pas d’explication qui soit claire pour eux.

Danielle G. (Brésil)

L’Académie répond :

Grandir est l’hyperonyme de ce groupe de verbes. Pousser s’est d’abord employé pour les végétaux puis, par analogie, pour les êtres humains.

Quant à croître et augmenter, voyez ce qu’écrit à ce sujet Littré dans son Dictionnaire :

« Croître se dit des êtres animés dont la taille devient plus grande : Cet enfant croît rapidement ; cet arbre a crû beaucoup dans l’année. Augmenter ne peut se dire des êtres animés : ni un enfant ni un arbre n’augmentent ; augmenter implique une idée d’agrandissement en tous sens qui n’est pas dans croître. Mais quand il s’agit de choses au propre ou au figuré, croître et augmenter sont synonymes ; sa générosité croît ou augmente tous les jours ; l’incendie croît ou augmente ; avec cette nuance cependant que croître porte à l’esprit l’idée d’un développement semblable à celui d’un être animé, et augmenter celle d’un agrandissement brut et en tout sens.

Jérôme D. (Espagne)

Le 1 avril 2021

Courrier des internautes

On rencontre de plus en plus souvent l’expression en souffrance, non pas au sens d’« en attente », mais pour signaler que « quelqu’un souffre ». On parle ainsi de patients en souffrance. On entend également de plus en plus être en capacité de plutôt que capable de ou en mesure de. Qu’en penser ?

Jérôme D. (Espagne)

L’Académie répond :

Il s’agit d’une fâcheuse tendance qui s’installe aujourd’hui et qui consiste à remplacer des formes adjectivales bien ancrées dans l’usage par des groupes nominaux prépositionnels. À ceux que vous avez cités on pourrait par exemple ajouter être dans l’émotion pour être ému. C’est une dérive qu’il convient de combattre.

À l’été ou Durant l’été ?

Le 4 mars 2021

Emplois fautifs

La préposition à indique un point sur la ligne du temps (c’est pour cette raison qu’on l’emploie avec des unités de temps réduites, comme l’heure). Le nom été a, lui, une étendue temporelle beaucoup plus importante : il est introduit par des prépositions comme pendant, en ou durant. Cela étant, l’emploi de la préposition à n’est pas incorrect avec ce nom si on souhaite en resserrer l’extension pour en faire un point précis sur cette ligne du temps. Dans ce cas, en général, on fera suivre été d’une date. C’est ce que l’on trouve dans des récits historiques quand il s’agit d’inscrire une période de temps dans une succession de faits et d’évènements, et de la traiter comme une date. Si donc on dit Les moissons se font en été, on pourra dire À l’été 1944, la victoire des Alliés n’était pas encore assurée. On peut également, dans la conversation, employer cette construction sans date pour évoquer l’été qui arrive, l’été dont on parle : Nous nous verrons à l’été, à l’été prochain.

Ils se sont persuadés que… ou Ils se sont persuadé que… ?

Le 4 mars 2021

Emplois fautifs

Qui parcourrait les différentes éditions de notre Dictionnaire pourrait se poser la question. On lisait en effet dans la cinquième, en 1798, « Ils s’étaient persuadés qu’on n’oserait les contredire », alors que dans la suivante, en 1835, était écrit « Ils s’étaient persuadé qu’on n’oserait les contredire ». Quelques décennies plus tard, Littré expliquait cette apparente contradiction et écrivait au sujet de ce participe passé : « On peut le faire accorder ou ne le pas faire accorder à son gré : si on supprime le s, on s’appuie sur ce que l’on dit : persuader une chose à quelqu’un ; si on met le s, on s’autorise de ce que l’on dit également : persuader quelqu’un d’une chose. » La neuvième édition de notre Dictionnaire illustre par l’exemple les propos du grand lexicographe en distinguant Elle s’est persuadée qu’on lui en voulait (dans ce cas, le pronom s’ est le C.O.D. du verbe persuader) d’Elle s’est persuadé l’aimer encore (nous avons là le tour plus littéraire « persuader une chose à quelqu’un » et, dans ce cas, le pronom s’ est C.O.I. de ce même verbe persuader).

Un hymne ou une hymne, un ode ou une ode ?

Le 4 mars 2021

Emplois fautifs

Les noms hymne et ode ont de nombreux points communs. Nous les avons empruntés l’un et l’autre du grec, par l’intermédiaire du latin. Le premier vient de hymnos, qui désignait un chant en l’honneur d’un dieu ou d’un héros, par l’intermédiaire du latin chrétien hymnus, désignant un chant en l’honneur de Dieu ; le second vient de ôdê, « chant », par l’intermédiaire de oda. Ils sont donc très proches par le sens et ont aussi la particularité de commencer, le premier par un h muet, le second par une voyelle, ce qui fait que, devant l’un et l’autre, l’article défini s’élide en l’ et n’indique plus leur genre grammatical : ce point est souvent cause d’hésitations, voire d’erreurs. Rappelons alors qu’ode, dont Ronsard, si l’on en croit l’« Épître au lecteur » de ses Odes, pensait avoir introduit le nom en français (« Et osay le premier des nostres enrichir ma langue de ce nom d’ode »), est féminin, comme en témoigne cet extrait du Dialogue des morts, de Fénelon : « Vos odes sont tendres, gracieuses, souvent véhémentes. » En revanche, hymne est masculin, quand bien même il s’est d’abord rencontré au féminin dans notre langue et s’emploie encore ainsi dans l’Église latine et les Églises d’Orient, pour désigner un chant solennel qui fait partie de l’office ou accompagne certaines processions.

on dit, on écrit

on ne dit pas, on n’écrit pas

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