Dans son Thresor de la langue francoyse tant ancienne que moderne, Jean Nicot écrivait déjà au sujet de dernièrement : « Est adverbe de ce mot Dernier, et signifie non en dernier lieu, ains (mais) au dernier temps. » Il était suivi en cela par l’Académie française, dans la première édition de son Dictionnaire, où l’on pouvait lire : « Dernierement : Adverbe de temps, Depuis peu, il n’y a pas long-temps. Il arriva dernierement un estrange accident ». Cet emploi est très ancien et se rencontrait dès le xiiie siècle, chez Philippe de Beaumanoir dans ses Coutumes de Beauvaisis : « Et avint après ce que le [la] feme, derrainement espousée du chevalier, morut. » Force est donc de constater que le couple dernier/dernièrement a un fonctionnement différent de premier/premièrement, puisque dernièrement ne peut signifier « en dernier lieu ». Certains auteurs ont essayé, au début du xixe siècle en particulier, de donner ce sens à dernièrement ; parmi les plus illustres, on trouve Chateaubriand ou Mme de Staël, qui écrit dans De l’Allemagne : « La langue allemande, depuis mille ans, a été cultivée d’abord par les moines, puis par les chevaliers, puis par les artisans tels que Hans Sachs, Sébastien Brand, et d’autres, à l’approche de la Réformation, et dernièrement enfin par les savants, qui en ont fait un langage propre à toutes les subtilités de la pensée. » Mais force est de constater que cet emploi ne s’est pas ancré dans l’usage ; on emploiera donc dernièrement avec le sens de « récemment » et non d’« en dernier lieu ».
On dit |
On ne dit pas |
Et, enfin, faites cuire pendant trente minutes |
Et, dernièrement, faites cuire pendant trente minutes |