Dans son Dictionnaire de la langue française, Littré écrit joliment que décisionnaire est un « mot hasardé par Montesquieu ». On le trouve en effet dans la lettre lxxii des Lettres persanes, de Rica à Usbek : « Je me trouvai l’autre jour dans une compagnie où je vis un homme bien content de lui. Dans un quart d’heure, il décida trois questions de morale, quatre problèmes historiques, et cinq points de physique : je n’ai jamais vu un décisionnaire si universel ; son esprit ne fut jamais suspendu par le moindre doute. » Depuis cette époque, le nom décisionnaire, qui est peu usité, désigne une personne tranchant vite et sûrement. On en a aussi fait un adjectif qui qualifie celui qui agit ainsi. Il n’est pas synonyme de décisionnel, attesté au xxe siècle, qui qualifie, lui, ce qui ressortit à une décision, ce qui concerne une décision. On dira, par exemple, que le conseil d’administration est le centre décisionnel de cette entreprise, de cette association.