Les termes exprimant la douleur, la souffrance ou la mort sont souvent employés par exagération et de manière imagée, car ils ont dans la langue une valeur d’intensif. On est ainsi mort de fatigue, écartelé entre deux désirs incompatibles, bourrelé de scrupules ou dévoré par la jalousie. Ce phénomène semble universel et chez les Latins cruciari, proprement « être crucifié », se rencontrait déjà avec le sens de « se tourmenter ». Aujourd’hui crucifier semble s’imposer dans le langage des sports. Est-ce parce que le malheureux déploie sans résultat ses membres qu’on lit si souvent dans les commentaires sportifs « que le gardien a été crucifié » ? La métaphore n’est pas inintéressante, mais il conviendrait de ne pas en abuser. On évitera particulièrement de mêler deux images différentes et d’écrire crucifier à bout portant.