Les noms congrès et conférence sont proches, mais il existe entre eux quelques nuances. Dans son Dictionnaire, Littré explique ce qui les distingue du point de vue du droit international :
« Le congrès est une réunion de souverains ou de leurs plénipotentiaires, dans un lieu choisi, qui est d’ordinaire un terrain neutre. On peut citer les congrès de Troppau et de Laybach, en 1820 et 1821 ; le congrès de Vérone, en 1822 […]. À la différence du congrès, la conférence a lieu entre les ministres et les ambassadeurs accrédités, sans qu’il soit besoin pour eux de nouvelles lettres de créance. La présence du souverain ou de son plénipotentiaire n’y est pas nécessaire ; l’ambassadeur ordinaire suffit. Les plus remarquables de ces conférences ont été celles de Londres de 1831-1839 sur les affaires belges, et celles qui ont été tenues à Vienne en 1853 et 1854 pour prévenir la guerre entre la Russie et la Turquie. »
On s’est souvent méfié des extensions de sens abusives de congrès ; l’académicien François de Caillières en fait état dans son ouvrage De la manière de négocier avec les souverains, de l’utilité des négociations, du choix des ambassadeurs et des envoyez, et des qualitez nécessaires pour reüssir dans ces employs (1690) : « Le mot de congrès, employé pour exprimer une assemblée ou conférence de ministres, est sale et barbare. » Il explique le discrédit jeté sur ce nom par un autre sens de congrès, signalé par Littré comme un terme d’ancienne jurisprudence, défini ainsi : « Épreuve qu’ordonnait autrefois la justice pour constater, en présence de chirurgiens et de matrones, la puissance ou l’impuissance des époux qui plaidaient en nullité de mariage. » Et Littré de préciser : « Le congrès a été supprimé en 1667. » Ce sens s’est perdu avec l’épreuve qu’il désignait et le nom congrès, débarrassé de son encombrant homonyme, est rentré dans le plein usage.
Congrès et conférence se sont ensuite étendus à d’autres domaines que celui de la diplomatie, toujours avec des sens assez proches mais toujours avec certaines nuances. L’un et l’autre désignent une réunion de personnes qui sont liées par quelque point ; la conférence pouvant être un organe institutionnel permanent de concertation, le congrès étant, lui, un rassemblement temporaire revenant généralement à intervalles réguliers. On parle ainsi de la conférence des évêques de France, de la conférence des présidents d’université, de la conférence des présidents de groupe, à l’Assemblée nationale et au Sénat, tandis que l’on parlera du congrès d’un parti politique, d’un syndicat, d’un corps de métier.
En général, les conférences se déroulent à huis clos, à l’exception, bien sûr, des conférences de presse, tandis que les congrès sont ouverts aux journalistes. Ajoutons que, en droit constitutionnel, le Congrès désigne l’ensemble des corps législatifs aux États-Unis, tandis que, en France, il désigne la réunion extraordinaire du Sénat et de l’Assemblée nationale en vue de réviser la Constitution.
Aujourd’hui, le mot conférence s’emploie plus particulièrement pour désigner un exposé fait par un orateur sur un sujet dont il est spécialiste.
Quant au nom colloque, il désignait, dans la langue classique, une conférence entre des chefs d’État ou de partis sur les matières religieuses, comme le colloque de Poissy qui se tint en 1561 et réunit des catholiques et des calvinistes.
Aujourd’hui, ce même nom désigne une réunion d’un petit nombre de spécialistes qui échangent des points de vue sur un sujet déterminé.