La langue de la cuisine manie volontiers l’hyperbole. Il arrive souvent aujourd’hui que la formule consacrée qu’on entendait naguère, « Bon appétit », soit remplacée par le sans doute plus chic « Bonne dégustation », quand même il ne s’agirait que de déjeuner d’une salade de tomates ou d’un steak frites. Dans Sérotonine, Michel Houellebecq rend compte de ce fait quand il écrit : « Ces restaurants auraient d’ailleurs été supportables si les serveurs n’avaient récemment acquis la manie de déclamer la composition du moindre amuse-bouche, le ton enflé d’une emphase mi-gastronomique mi-littéraire, guettant chez le client des signes de complicité ou au moins d’intérêt, dans le but j’imagine de faire du repas une expérience conviviale partagée, alors que leur seule manière de lancer : « Bonne dégustation » à l’issue de leur harangue gourmande suffisait en général à me couper l’appétit. »