L’adverbe autrement est polysémique. Il signifie « d’une façon autre » (Il faut vous y prendre autrement), « dans le cas contraire » (Il a vendu sa propriété à bon prix, autrement il n’eût pas voulu s’en défaire). Il peut aussi signifier « bien davantage ; à un degré supérieur » (Elle est autrement riche que moi). Il est donc redondant, pour exprimer ce degré supérieur, de faire suivre autrement de l’adverbe plus. Gide s’en était d’ailleurs ému dans son Journal : Il y emploie par contre et note alors « Oui, je sais bien que l’on dénonce l’emploi abusif du par contre, je ne me souviens pas d’avoir jamais vu relever l'usage, qui tend à s'introduire, de autrement, suivi de plus, qui me paraît autrement plus déplorable. Je lis Il eût été autrement plus utile. Autrement suffisait ou plus utile. » On aura cependant une certaine indulgence pour ce tour utilisé, entre autres, par son ami Martin du Gard, mais on préfèrera recourir à la forme simple : Il est autrement gentil que vous ; La fourmi est autrement travailleuse que la cigale. On évitera aussi de faire suivre autrement de l’adverbe moins, ce qui serait incohérent et signifierait « bien davantage moins ». On dira donc La robe rouge est beaucoup moins chère que la bleue et non La robe rouge est autrement moins chère que la bleue.