Aujourd’hui, le verbe argumenter est intransitif : on argumente pour ou contre quelqu’un, pour ou contre une proposition ; on le trouve aussi parfois absolument avec le sens de « discuter sans fin ». Ce verbe avait cependant jusqu’au xixe siècle un emploi transitif et, dans ce cas, le complément d’objet direct était la personne à laquelle on s’opposait : Argumenter quelqu’un, nous dit Littré signifie « lui adresser des arguments » ; il existe aussi de cet emploi des formes pronominales. On lit ainsi dans le Discours sur l’origine et les fondements de l’inégalité parmi les hommes de Rousseau : « On peut impunément égorger son semblable sous sa fenêtre; [on] n’a qu’à mettre ses mains sur ses oreilles et s’argumenter un peu pour empêcher la nature qui se révolte en lui de l’identifier avec celui qu’on assassine. L’homme sauvage n’a point cet admirable talent ; et faute de sagesse et de raison, on le voit toujours se livrer étourdiment au premier sentiment de l’humanité. » Mais, de nos jours, ces tours ne sont plus en usage et s’il en subsiste quelque trace, c’est dans des formes passives, senties comme adjectivales, comme dans : Un discours bien argumenté, une copie mal argumentée. On évitera de dire, ce qui commence hélas à s’entendre : Argumentez votre point de vue.
On dit |
On ne dit pas |
Argumentez pour défendre vos idées |
Argumentez vos idées |