La mort de Robespierre

Le 26 octobre 1959

Antoine de LÉVIS MIREPOIX

La mort de Robespierre

PAR

M. le Duc de LÉVIS MIREPOIX
délégué de l’Académie française

le lundi 26 octobre 1959

 

L’immense popularité de cet homme réservé, sans aucune familiarité, s’exprimant non par échange improvisé d’idées, mais par sentences solennelles et préparées, semble surprenante. Elle dépassa de beaucoup celle de Mirabeau et de Danton. Et c’est, sans doute, parce que, dans un temps où les éléments agités de la foule parisienne, connaissant leur puissance par une série de triomphes notoires, aimaient qu’on la leur fit sentir.

Rien de plus grégaire que ces groupements du Paris révolutionnaire, enivrés d’eux-mêmes, où l’individu ne comptait plus. C’était l’élément sur lequel aimait à travailler Robespierre.

Il y a deux moyens de plaire à la foule, c’est de flatter ses appétits ou de lui faire croire à ses vertus. Sans négliger le premier, l’Incorruptible excellait dans le second.

Homme de cabinet, chef invisible, tout-puissant dans le club, maître des émeutes, sa mise soignée, ses cheveux poudrés, son habit bleu ciel, son linge immaculé forment un contraste absolu avec les bandes qu’il déchaîne. Sans chaleur d’éloquence, il sera, jusqu’aux derniers jours, maître à la tribune et, au Comité de Salut public, au club des Jacobins, une froide idole entourée de fanatiques.

Il n’a pas de besoins, il porte sans ostentation ni humilité ce surnom d’incorruptible que personne ne lui a jamais contesté. Au milieu de la vénalité, des spéculations louches, des fortunes scandaleuses qui s’édifiaient aux dépens du trésor, Maximilien, l’homme le plus puissant de la République, sait que l’on peut fouiller sa vie. On n’y trouvera pas une indélicatesse, parmi ses hécatombes.

Son second moyen d’en imposer à ses partisans après l’incorruptibilité, c’est d’apparaître aussi peu individualisé que possible, tout juste assez, avec sa pâle idylle et ses soirées de famille chez le menuisier Deplay, pour exprimer une sorte de sensibilité générale. Non, vraiment, selon un mot royal, il n’a « aucun des sentiments d’un particulier » ! Ami de Danton, il a poursuivi sa chute avec une résolution glacée.

Il est bien devenu cet exemplaire d’individu géométrique, sur le modèle de quoi le jacobin veut recréer l’homme. Il a, de sa mission, une opinion haute et terrible. Aux grandes occasions, comme à la fête de l’Être suprême, l’ostentation ne lui déplaît pas. Mais il surveille toujours son propre personnage.

*
*   *

Le Paris de la République, par la rigueur de certains hivers et le contrecoup des troubles, connaissait les mêmes privations que celui de la fin de la monarchie. Il se produisit à ce moment une poussée sociale qui monta jusqu’à la Convention.

Rabaud Saint-Étienne réclama le partage plus égal des fortunes, et des lois pour le maintenir. Roederer lui répondit :

« Dans ce peu de mots, je vois la liberté et la propriété violées, j’y vois à la vérité quelque chose de gagné pour l’égalité. Mais est-ce pour l’égalité dans l’abondance, dans la richesse, dans la prospérité générale ? Non, mais pour l’égalité dans la ruine universelle. »

La Convention s’émut et décréta la peine de mort contre quiconque proposerait une loi agraire ou toute autre, subversive des propriétés territoriales, commerciales et industrielles.

Sans prendre ici parti, Robespierre n’était pas défavorable à certain nivellement, moyen d’unifier le citoyen type qu’il voulait former. Cependant son regard, fixé sur les constellations de Rousseau, est contraint de s’abaisser quelquefois jusqu’au sol, s’il ne veut pas glisser dans le sang.

L’arrestation de Danton a suscité sur les bancs de la Convention quelques cris à son adresse.

Il les fait rentrer dans les gorges, par un de ces discours au fond duquel s’entend comme le choc du couperet. Et, pour annihiler l’éloquence de Danton, lors du procès, il a fait mettre l’accusé hors des débats.

Un signe de lassitude apparaissait. Des femmes se sont présentées à la Convention pour réclamer l’élargissement de leurs maris, bons patriotes.

Le club des Cordeliers avait décidé que le tableau de la Déclaration des Droits serait voilé jusqu’à ce que le peuple eût recouvré ses droits sacrés, par l’anéantissement des factions.

« Robespierre voyait bien — remarque Aulard — que la France, lasse de la Terreur, acclamerait le gouvernement qui lui rendrait un peu de liberté. »

Mais il voulait rester maître de l’heure et de l’orientation politique du pays. C’est pourquoi il avait commencé par se débarrasser des Hébertistes, partisans de la terreur à outrance, à gauche, puis des Dantonistes, à droite, partisans d’une détente qu’il n’eût pas négligée lui-même. Quand l’aurait-il admise ? Où se fût-il arrêté sur sa route infernale ?

Par le décret du 22 Prairial (17 juin 1794), voté en une demi-heure, disparaissaient toutes les garanties. Plus d’instructions préparatoires, plus d’avocats.

« La loi donne, pour défenseurs aux patriotes calomniés, des jurés patriotes. Elle n’en accorde point aux conspirateurs. Une seule peine, la mort ! »

Les Comités de Salut public et de sûreté générale, l’accusateur public — en l’espèce Fouquier-Tinville — ont le droit de traduire devant le tribunal révolutionnaire « tous ceux que la loi répute ennemis du peuple ».

Il s’ensuivit que du 10 juin (Prairial) au 27 juillet (Thermidor) près de quatorze cents victimes portèrent leur tête sur l’échafaud. Parmi elles, le poète qui avait retrouvé le secret de la grande poésie et esquissé une adaptation originale — grosse de conséquence pour les lettres — du classicisme à l’expression de la pensée moderne : André Chénier.

Les trop rares chefs-d’œuvre qu’il a eu le temps d’écrire ont presque tous paru après sa mort, soulignant la perte immense d’un si harmonieux génie et l’influence considérable qu’il aurait pu exercer sur l’orientation de la poésie au XIXe siècle. Il avait eu, comme journaliste, beaucoup d’activité au service des idées nouvelles, à l’échelon de Mirabeau. Il périt comme suspect.

Sa mort, comme celle de Lavoisier, compris dans une condamnation en masse contre les fermiers généraux, dont il n’avait exercé la charge qu’en scrupuleux administrateur, pour subvenir aux frais de ses expériences, offrent deux illustres exemples de l’écrasement de la personne à l’idéologie jacobine.

Par un contraste qu’il n’apercevait pas, l’Incorruptible s’élançait vers une sorte de spiritualité laïque, le culte de l’Être suprême. Il restait fixé sur cet étrange dessein qui n’enthousiasmait guère ses collègues du Comité de Salut public et de la Convention, si l’on excepte son frère, Saint-Just, Couthon.

Il ne voulait rien moins que transformer la France en une théocratie, dont il serait le Pontife.

Sa popularité était encore telle que personne n’osa le contredire quand, élu président de la Convention, il organisa et présida la fête de l’Être suprême. Il y eut néanmoins quelques murmures sarcastiques autour de lui.

Quand on lit la description de cette fête, de cette immense pastorale et le tableau des vertus pacifiques qu’elle exalte, on a peine à se représenter tous les cadavres sans tête qu’il a dû enjamber avant d’entonner l’Hymne du champ de Mars.

Un tel contraste n’est pas exceptionnel dans la Convention. Tel est le cas du jacobin Fabre d’Eglantine, poète bucolique, auteur de Il pleut bergère, un des organisateurs des massacres de Septembre et des exécutions des Girondins, membre du Comité de Salut public. Ce loup enrubanné a pourtant mérité de survivre par les mois du calendrier révolutionnaire, dont les noms seuls, par leur sonorité, leur puissance d’image forment le plus beau poème des saisons que nous ayons dans notre langue.

La fête de l’Être suprême marque l’apogée de Robespierre. Il sentait monter vers lui, de toute la France, un véritable encens et, pour neutraliser le sourd mécontentement des Montagnards, il commençait à s’appuyer sur le Marais, sur ces modérés, trop heureux de voir que le terrible regard vert ne pesait plus sur eux.

Tant que la situation militaire n’était pas solidement rétablie, il était indéracinable. La victoire de Fleurus, remportée par Jourdan, qui ouvrit la Belgique à la France, ôta son principal argument à la Terreur.

La conjuration se forme.

*
*   *

Du haut de son dédain, l’Incorruptible n’y prit pas garde. Il passa plusieurs jours dans une demi-retraite à méditer ses projets et se rendit, solitaire, sur la tombe de Jean-Jacques, comme s’il consultait l’oracle de ce démiurge entre l’Être suprême et lui.

Pendant ce temps, Billaud Varenne et Collot d’Herbois jouaient le double jeu. Aux Montagnards ils représentaient Maximilien prêt à opérer un renversement politique en faveur des modérés. Aux modérés, ils suggéraient que leur vie resterait en danger tant que Robespierre tiendrait le pouvoir.

Alerté, Robespierre se rendit à la Convention.

Quand on songe à cette tribune autour de laquelle se sont âprement disputées tant de vies humaines, à cette salle des Tuileries vouée, semble-t-il, aux tournois pacifiques du verbe, on peut se représenter quelle arme terrible peut devenir la seule parole.

Les séances du 8 et 9 Thermidor sont parmi les scènes les plus dramatiques de la Révolution.

Robespierre se présente avec l’un de ses discours si redoutés mais où paraît, à côté de la menace, une étrange lassitude. Ce discours, il l’a écrit avec patience. On a retrouvé le manuscrit couvert de ratures et de surcharges, comme une œuvre d’apparat.

Il sent que le Moloch de la Révolution, dont il a été l’un des plus dangereux pourvoyeurs, s’apprête à le dévorer à son tour. Il connaît les imprécations de Carrier à Nantes :

« Nous ferons un cimetière de la France, plutôt que de ne pas la régénérer à notre manière ! »

Et il aperçoit sans doute, avec une horreur inavouée, que les laits l’assimilent à ce fou furieux, lui, persuadé d’être un homme raisonnable, lui, à qui le conventionnel Jullien, écœuré des noyades de Nantes, en a appelé des abominations de Carrier !

Au fond de son fameux discours du 8 Thermidor, semblent passer de telles ombres. Où va-t-il ? Quelle sombre route le sépare de sa cité de rêve, de son ciel où brillent, à la place d’étoiles, des gouttes de sang ? Mais il n’est point de la pâte d’Hébert, l’insulteur des victimes qui est mort en lâche. Il attaque.

Lui, qu’on ne discute pas, éprouve un besoin de justification :

« Ils m’appellent tyran. Si je l’étais, ils ramperaient à mes pieds... ...On arrive à la tyrannie par le secours des fripons. Où courent ceux qui les combattent ? Au tombeau ou à l’immortalité ! »

Robespierre voit ce qui l’attend sans sourciller. Il veut, encore une fois, démasquer ceux qui conspirent à deux pas de lui, les frapper.

C’est eux qu’il accuse de conspirer contre la liberté publique, il adjure la Convention de punir les traîtres, d’épurer le Comité de sûreté générale, de le subordonner au Comité de Salut public et d’épurer, enfin, le Comité de Salut public, cet organe souverain !

Il veut : « Constituer l’unité de gouvernement sous l’autorité suprême de la Convention nationale, qui est le centre et le juge, et écraser toutes les factions du poids de l’autorité nationale, pour élever sur leurs ruines la puissance de la justice et de la liberté. »

Il déclare : « Je suis fait pour combattre le crime et non pour le gouverner. Les défenseurs de la liberté ne seront que des proscrits, tant que le monde des fripons dominera. »

Etrange emploi des mots liberté, justice, dont chacun se renvoyait les spectres !

Il en appelait à la Convention pour la tenir une fois de plus à sa merci. Il a risqué le tout pour le tout. Il semble avoir gagné. Dans la terreur glacée que dégagea toujours sa parole, l’Assemblée vote l’impression du discours et son envoi aux communes.

La séance n’est pas levée. Tous ceux qui, plus ou moins, se sont agités contre l’Incorruptible, sentent la menace d’un nouveau procès. Des protestations s’élèvent : « Nommez ceux que vous accusez ! » crie-t-on à Robespierre, dans le tumulte.

Pour la première fois, la Convention manifeste sa méfiance et revient sur son vote, en écartant l’envoi du discours aux communes. Alors Robespierre se rendit aux Jacobins où se pressaient ses fidèles et leur relut son discours. Il ajouta : « Le discours que vous venez d’entendre est mon testament de mort. Je l’ai vu aujourd’hui… Je succombe sans regrets. Je vous laisse ma mémoire. Elle vous sera chère et vous la défendrez. »

Toutefois, il ne se croyait pas encore perdu. Il voulait seulement exalter ses partisans. Leurs acclamations lui avaient rendu confiance.

Il alla se promener tranquillement aux Champs-Elysées avec Eléonore, sa fiancée, suivi de son grand chien danois.

Le matin du 9 Thermidor, avant de quitter Deplay, son hôte, pour se rendre à la séance, il dit : « La masse de la Convention est pure, rassure-toi, je n’ai rien à craindre. »

Il faisait allusion au Marais, dont il se rapprochait puisque la Montagne lui avait déclaré la guerre. Mais les modérés, objets de démarches pressantes, s’entendirent répéter qu’ils n’étaient pas à l’abri de ses mystérieuses arrière-pensées.

*
*   *

9 Thermidor !

Saint-Just commence un discours de nature à écarter la menace contre Robespierre en donnant des apaisements à la Convention. Mais il ne peut poursuivre, interrompu par Tallien, Billaud Varenne qui soulèvent le tumulte. C’est à Robespierre qu’on en veut.

Il s’élance à la tribune. Les cris « À bas le tyran ! » l’y accueillent. Le président ne cessera de lui refuser la parole. Tous ceux qui se sont découverts ne peuvent plus reculer. En un moment la situation est renversée. Plus redoutable était hier le pouvoir de Robespierre, plus la meute s’acharne à l’empêcher de le reprendre.

— Le sang de Danton t’étouffe ! lui crie-t-on.

À l’unanimité la Convention vote l’arrestation de Robespierre, de son frère, de Saint-Just, de Couthon et de Le Bas qui veulent partager son sort. Est-elle victorieuse ? Non. La situation se retourne encore.

La commune de Paris, si fidèle à l’Incorruptible, s’insurge et prend aussitôt des mesures de combat. Les prisonniers sont délivrés en chemin. L’insurrection parisienne gagne avec sa rapidité coutumière.

Voilà Robespierre à l’Hôtel de Ville. La Commune, les sections de Jacobins attendent ses ordres. Leur appel est adressé à la Section des piques dans le style que chacun des adversaires s’approprie : « Courage, patriotes de la section des piques. La liberté triomphe Déjà ceux que leur fermeté a rendus formidables aux traîtres sont en liberté. Partout le peuple se montre digne de son caractère. »

La mobilité de ce drame rendait chaque instant précieux. Il n’en fallait pas perdre pour marcher sur la Convention qui, dispersée après la séance qu’elle croyait définitive, avait eu de la peine à regrouper ses membres et tardait à prendre des mesures.

Mais Robespierre est plongé dans une étrange torpeur. Il suit la tragédie de son âme, obsédé de tant de visions. Peut-être songe-t-il à comparaître devant le Tribunal révolutionnaire, peuplé de ses créatures et, comme Marat en son temps, obtenir un acquittement triomphal ?

Et l’ordre d’attaque est là devant lui, attendant sa signature. Laissant échapper l’instant qui passe. Il songe ! Est-il toujours le porte-parole de cette volonté générale qui s’embrume devant sa raison ? Pendant ce temps la Convention s’est réunie, angoissée, dans l’attente d’un massacre. Elle sait ce que peut la Commune en colère. Mais il est toujours temps de mourir. Il faut essayer de se défendre !

Barras reçoit le commandement de la force armée. Ses troupes fidèles entraînent les sections dont la lenteur de Robespierre a refroidi l’enthousiasme.

Au moment où il se décide à signer, il est trop tard ! Il a tracé trois lettres de son nom. L’Hôtel de Ville est cerné…

Une obscurité couvre les minutes qui suivent. Quand la salle où il se trouvait fut envahie, Robespierre gisait la mâchoire fracassée. Est-ce le gendarme Meda qui a tiré, comme il s’en est vanté ? Est-ce l’Incorruptible lui-même ? Le Bas s’est fait sauter la cervelle. Robespierre le Jeune s’est jeté par la fenêtre. Saint-Just, méprisant, n’a pas un pli à son habit chamois !

La Convention ayant mis Robespierre et ses compagnons hors la loi, il n’y eut pas de procès. Les comités ordonnèrent l’exécution. Ce n’était pas la foule qui avait renversé son idole, mais ce fut elle qui le poursuivit de ses injures et de ses sarcasmes parce qu’il était à terre. Carrier, l’exterminateur de Nantes, lui-même, osait l’insulter !

Il y eut vingt-deux exécutions. Saint-Just, Robespierre le Jeune, Couthon périront courageusement avec Maximilien. Un linge ensanglanté soutenait sa mâchoire. Quand le bourreau l’arracha, la douleur fut si vive qu’il lui échappa un rugissement.

Dans un remarquable article de la Revue des Deux Mondes où M. Yvan Loiseau éclaire toute l’imbrication du drame révolutionnaire, nous entendons la foule, quand tombe la tête de Robespierre, crier « Vive la République ! »

*
*   *

La chute de Robespierre ne marque pas la fin du gouvernement révolutionnaire et, cependant, l’annonce. Il connaîtra encore des retours de flamme, mais il ira en régression. Dès lors qu’il avait adopté le régime de la terreur, il était destiné à se dévorer lui-même. Après l’exécution des vingt-deux Robespierristes, celle de quatre-vingt-trois membres de la Convention guillotinés, sans jugement, les 11 et 12 Thermidor, prouvent encore la persistance de ce monstrueux appétit.

Ce que nous pouvons retenir de ce drame de l’exaspération doctrinaire, c’est que l’individualisme philosophique, plus enthousiaste que réfléchi, retira la personne française de l’expérience en laquelle l’abritait son histoire, pour la transporter dans un air raréfié, sans se préoccuper s’il était respirable.

Les particularités du Français lui furent ôtées, au profit des seuls attributs généraux où il ne se reconnaissait plus. De telle sorte qu’investi d’une souveraineté idéale et uniformément partagée, il ne pouvait même plus disposer de sa propre conscience. D’où naquit un profond malentendu qui fut à l’origine des crises sociales du XIXe siècle.

Il ne peut s’agir d’écarter ni les apports anciens, ni les apports nouveaux et le problème difficile est de trouver un équilibre entre la Révolution et la Tradition.