René RÉMOND Élu en 1998 au fauteuil 1

N°696
Grand officier de la Légion d’honneur
Grand-Croix de l’ordre national du Mérite
Commandeur des Arts et des Lettres
Commandeur des Palmes académiques
Commandeur du Mérite agricole
Commandeur de l'ordre du Mérite de la République italienne
Commandeur de l’ordre du Mérite de la République de Pologne
Historien
René Rémond en habit d'académicien

Biographie

Né à Lons-le-Saunier (Jura) le 30 septembre 1918, dans une famille franc-comtoise.

Études aux lycées Carnot, Condorcet, Louis-le-Grand. Mobilisé de 1939 à 1941. Admissible à l’École normale supérieure en juillet 1939, reprend la préparation en octobre 1941 et est reçu en 1942. Participe à la Résistance. Agrégé d’histoire, docteur ès lettres. Agrégé répétiteur à l’École normale supérieure, assistant à la Sorbonne. Directeur d’études et de recherche à la Fondation nationale des sciences politiques à partir de 1956 et professeur à l’Institut d’études politiques de Paris. Dans la nouvelle faculté des lettres de Nanterre est nommé sur la première chaire en France d’histoire du XXe siècle (1964).

Doyen de cette faculté en 1970, puis premier président de l’université de Nanterre de 1971 à 1976. Premier vice-président de la Conférence des présidents d’université (1974-1975). Président de la Fondation nationale des sciences politiques depuis 1981.

S’est attaché à rapprocher la recherche en histoire des temps les plus proches et a présidé l’Institut d’histoire du temps présent, de sa création en 1979 à 1990. A dirigé la Revue historique de 1973 à 1998. Préside depuis 1988 le Conseil supérieur des archives et s’est intéressé aux problèmes de leur conservation et de leur communication. A contribué au renouveau de l’histoire politique et participé à celui de l’histoire religieuse. A présidé de 1965 à 1976 le Centre catholique des intellectuels français.

Nommé au Conseil supérieur de la magistrature de 1975 à 1979, a conservé un intérêt constant pour l’institution judiciaire et a été vice-président du Haut Comité pour la réforme de la procédure criminelle en 1996.

A siégé dans plusieurs instances de l’audiovisuel : Comité des programmes de télévision (1965-1968), Conseil d’administration de l’O.R.T.F. (1968-1972), de Radio France (1976-1978), d’Antenne 2 (1982-1989). Très nombreuses émissions de radio et de télévision. Commente régulièrement l’actualité politique dans la presse et les médias.

S’intéresse de longue date à la formation des cadres du monde rural et a présidé l’Observatoire national de l’enseignement agricole (1996-2004).

Président de l’Association des anciens élèves de l’École normale supérieure (1989-2001).

Élu à l’Académie française, le 18 juin 1998, au fauteuil de François Furet (1er fauteuil).

Mort le 14 avril 2007 à Paris.

Signature de René Rémond

Œuvres

1948 Lamennais et la démocratie (PUF)

1954 La Droite en France de 1815 à nos jours (Aubier-Montaigne)

1959 Histoire des États-Unis (PUF)

1960 Les Catholiques, le communisme et les crises (1929-1939) (Armand Colin)

1962 Les États-Unis devant l’opinion française (1815-1852) - 2 volumes (Armand Colin)

1964 Les Deux Congrès ecclésiastiques de Reims et Bourges (1896-1900) (Sirey)

1964 La Vie politique en France, tome 1 : 1789-1848 (Armand Colin)

1965 Forces religieuses et attitudes politiques dans la France depuis 1945 - direction (Armand Colin)

1966 Atlas historique de la France contemporaine - direction (Armand Colin)

1967 La vie politique en France (1789-1848)

1967 Léon Blum, chef de gouvernement (direction) (Armand Colin)

1969 La Vie politique en France, tome 2 : 1848-1879 (Armand Colin)

1972 Le Gouvernement de Vichy et la Révolution nationale - direction (Armand Colin)

1974 Introduction à l’histoire de notre temps - 3 volumes

1976 L’Anticléricalisme en France de 1815 à nos jours (Fayard)

1976 Vivre notre histoire - Entretien avec Aimé Savard (Le Centurion)

1977 Édouard Daladier, chef de gouvernement (Presses de la Fondation nationale des sciences politiques)

1978 La France et les Français en 1938-1939 (Presses de la Fondation nationale des sciences politiques)

1979 La Règle et le consentement. Gouverner une société (Fayard)

1982 Les droites en France (Aubier-Flammarion)

1982 Quarante ans de cabinets ministériels - direction (Presses de la Fondation nationale des sciences politiques)

1983 Le Retour de de Gaulle

1987 Essais d’ego-histoire - en collaboration (Gallimard)

1988 Notre siècle (1918-1988) - rééditions mises à jour, 1992 et 1995 (Fayard)

1988 Pour une histoire politique - direction

1991 Age et politique - en collaboration (Economica)

1992 Valeurs et politique (Beauchesne éditeur)

1992 Histoire de la France religieuse - co-direction

1992 Paul Touvier et l’Église - en collaboration (Fayard)

1993 La politique n’est plus ce qu’elle était (Calmann-Lévy)

1995 Le Catholicisme français et la société politique (Atelier)

1996 Le Fichier juif - en collaboration (Plon)

1996 Les Crises du catholicisme en France dans les années trente

1998 Religion et société en Europe aux XIXe et XXe siècles. Essai sur la sécularisation

1998 Une laïcité pour tous (Textuel)

1999 La politique est-elle intelligible ?

1999 Les Grandes Inventions du christianisme (Bayard)

1999 L’Anticléricalisme en France (Fayard)

2000 Le Christianisme en accusation (Desclée de Brouwer)

2000 Regard sur le siècle (Presses de la Fondation nationale des sciences politiques)

2000 Discours de réception à l’Académie française (Fayard)

2002 Du mur de Berlin aux tours de New York : douze années pour changer de siècle - en collaboration avec François Azouvi (Bayard)

2002 La République souveraine (Fayard)

2002 Une mémoire française (Desclée de Brouwer)

2003 Le Siècle dernier (Fayard)

2005 Le nouvel antichristianisme (Desclée de Brouwer)

2005 Les Droites aujourd’hui (Louis Audibert)

2005 L’invention de la laïcité française (Bayard)

2006 Quand l’État se mêle de l’Histoire (Stock)

2007 Vous avez dit catholique ? (Desclée de Brouwer)

Mot attribué lors de l’installation

Mine :

n. f.
I.
XIVe siècle. D'origine incertaine.
☆1. Aspect que présente une personne et, plus particulièrement, expression qu'offre son visage. Une mine avenante, engageante. Mine fière, insolente, altière. Il a triste mine. Il avait la mine basse, fausse, chafouine. Une mine patibulaire. Les gens se fiaient à lui sur sa mine, sur sa seule mine. Il ne faut pas toujours juger les gens sur la mine, expression proverbiale tirée de la fable de La Fontaine « Le Cochet, le Chat et le Souriceau ». • Spécialt. Pour parler de l'apparence de bonne ou de mauvaise santé que donne le visage. Avoir bonne mine, mauvaise mine. Le malade a meilleure mine ce matin. Une mine superbe, florissante. Fam. Avoir petite mine, paraître fatigué. Avoir une mine de papier mâché, de chien, de déterré. • Loc. et expr. Un homme, une femme de bonne mine, dont l'apparence prévient favorablement. Une personne de fort belle mine. Un homme de mauvaise mine, dont l'aspect et les manières inspirent la défiance. Avoir mauvaise mine ou, par antiphrase et plaisamment, avoir bonne mine, faire piètre figure, être ridicule, paraître dupe. Ah ! vous avez bonne mine ! • Payer de mine, avoir un aspect plaisant ou imposant, mais peu de qualités ou de mérite. Il paie de mine, mais au fond c'est un sot. Se disait également d'une personne malade, qui conservait l'apparence de la santé. Il paie de mine, mais il ne se porte pas bien. Aujourd'hui, ne s'emploie guère qu'en tournure négative, en parlant d'une personne desservie par son apparence. C'est un homme qui ne paie pas de mine, mais qui gagne à être connu. • Par anal. Se dit de la bonne ou mauvaise impression que fait quelque chose. Ce pâté en croûte a bonne mine. Cette auberge ne paie pas de mine.
☆2. Contenance que l'on a, air que l'on se donne par la physionomie ou l'attitude, et qui exprime un sentiment, une émotion. Avoir la mine sombre, renfrognée. Prendre une mine riante, une mine sévère. Affecter une mine grave. À cette annonce, les mines s'allongèrent. • Loc. Faire bonne mine, avoir un air de gaieté et de satisfaction. Faire bonne mine à quelqu'un, lui réserver un bon accueil. Faire bonne mine à chacun. Fig. et vieilli. Faire bonne mine à mauvaise fortune, ne rien laisser percer de son dépit, dissimuler la situation fâcheuse où l'on se trouve. Faire bonne mine à mauvais jeu, voir Jeu. Faire triste mine, grise mine, avoir l'air dépité. Faire froide mine (vieilli), grise mine à quelqu'un, lui montrer un mauvais visage, le recevoir froidement. • Fam. et vieilli. Faire la mine, faire la grimace, laisser paraître son mécontentement. Faire la mine à quelqu'un, lui témoigner sa mauvaise humeur, son dépit. Qu'a-t-il donc à nous faire la mine ? • Loc. verb. Faire mine de, faire semblant de, paraître dans l'intention de. Il a fait mine d'en être content. Il fait mine de vouloir s'en aller. Sans faire mine de rien, sans dévoiler ses intentions, ses sentiments. Ellipt. et fam. Mine de rien, il a fait son chemin.
☆3. Fam. Au pluriel. Mouvements du visage, manières affectées par lesquelles on se donne certaines apparences, on veut attirer l'attention. Des mines enjôleuses. Des mines boudeuses. Faut-il faire tant de mines et de façons ? • Loc. Faire des mines à quelqu'un, chercher à le séduire par des manières coquettes, engageantes.



II.
XIIIe siècle. Probablement issu du gaulois *meina, « métal brut ».
★I. Lieu où gisent et d'où l'on peut extraire des minerais, des métaux.
☆1. Gîte de substance minérale ou fossile, sous terre ou parfois en surface, que l'on peut mettre en exploitation. Une mine d'or, d'argent, de cuivre. Mine de charbon, de potasse, de sel gemme. Une mine de diamants. Une mine d'uranium. Mine souterraine, à ciel ouvert. Trouver, découvrir, exploiter, ouvrir une mine. Obtenir la concession d'une mine. • Se dit aussi de l'excavation pratiquée pour permettre l'extraction de ces substances. Descendre dans une mine, au fond de la mine. Les galeries d'une mine. Boyau de mine. Le puits de la mine, le puits qui donne accès aux galeries. Le carreau d'une mine, voir Carreau. Noyer une mine. Par méton. L'ensemble des installations de forage et d'extraction ; l'établissement industriel et commercial qui assure l'exploitation d'un gisement. Être employé à la mine. Travailler aux mines, dans les mines. Le directeur, les ingénieurs de la mine. • Au pluriel. L'ensemble des exploitations minières d'une région, d'un pays ; par méton., l'administration chargée de l'étude des sols en vue de leur exploitation industrielle. Ingénieur des Mines. Le corps des Mines. L'École nationale supérieure des mines de Paris, de Saint-Étienne, établissements destinés à former les ingénieurs des Mines. • Fig. Une mine d'or, une source de profit continu et régulier. Un tel ouvrage constitue une mine de renseignements. Une mine inépuisable d'anecdotes. En parlant d'une personne. C'est une mine de savoir, d'érudition, quelqu'un de très savant, dont la science n'est jamais en défaut.
☆2. Se disait autrefois des substances minérales ou fossiles elles-mêmes. Voilà de la mine d'or, d'argent, de cuivre. De la pierre de mine. Mine grasse ou, simplement, mine, non encore dégagée de sa gangue. • Auj. Mine de plomb, nom improprement donné au graphite dont on se sert pour fabriquer des crayons (on dit aussi Plombagine). Dessiner à la mine de plomb. Ellipt. Dessin à la mine. Mine de crayon, petit bâton de graphite inséré dans le corps d'un crayon. Crayon à mine dure, grasse, tendre.
★II. Milit.
☆1. Dans l'Antiquité et à l'époque médiévale, galerie de sape creusée durant un siège en vue de faire écrouler les murailles de l'ennemi ou d'y ménager une brèche. Depuis le XVIIe siècle, cavité ménagée sous un ouvrage fortifié, un rempart, une tranchée, etc., pour les faire sauter au moyen d'une charge explosive et, par méton., la charge elle-même. Charger, faire jouer, faire exploser une mine. Éventer une mine, la mine, voir Éventer. Ouvrir un passage à la mine. La mine a fait long feu, a emporté l'angle du bastion. Le fourneau, l'entonnoir d'une mine. Trou de mine, excavation destinée à recevoir la charge explosive. Coup de mine, détonation produite par l'explosion d'une mine. Barre à mine, Dispositif de mine, voir Barre, Dispositif.
☆2. Engin de guerre dont l'explosion est commandée à distance ou provoquée par le passage d'un homme, d'un véhicule, d'un navire. Mines antipersonnel, conçues pour exploser au contact d'une personne ou à son approche. Les mines antipersonnel, qui restent dissimulées dans le sol après les hostilités, font pendant longtemps de nombreuses victimes parmi la population civile. Mines antichars, destinées à détruire des engins blindés. Champ de mines. Détecteur de mines. Amorcer, poser, neutraliser une mine. Dans la guerre navale. Mines sous-marines, mouillées entre deux eaux ou fixées au fond, par opposition à Mines flottantes et à Mines dérivantes. Mines dormantes (anciennt.), dont la mise à feu était déclenchée depuis la terre au passage d'un navire ennemi. Mines à orin, reliées à un filin. Mines de fond. Mines acoustiques, qui se déclenchent sous l'effet d'un son. Mines magnétiques, qui se déclenchent à l'approche d'une coque métallique. Le bâtiment a sauté sur une mine. Mouilleur, dragueur, chasseur de mines.

III.
XIIe siècle. Issu, par l'intermédiaire du latin hemina, du grec hêmina, de même sens. Ancienne mesure de capacité, utilisée pour les matières sèches, contenant la moitié d'un setier soit, à Paris, 78 litres environ. Une mine de froment, de blé, de sel. Par méton. Le contenu de cette mesure. Les chevaux ont mangé une mine d'avoine.



IV.
XVIe siècle. Emprunté, par l'intermédiaire du latin mina, du grec mna, de même sens. Antiq. Mesure de masse de valeur variable, en usage chez divers peuples et qui, à Athènes, correspondait à la soixantième partie du talent, soit cent drachmes ; monnaie de compte répandue dans le monde grec, équivalant à la valeur d'une mine d'or ou d'argent. Mine mésopotamienne, syrienne, hébraïque. Mine attique, éginétique. À Athènes, la mine pesait 432 grammes.