Né à Boulogne-sur-Mer, le 23 décembre 1804.
Il fréquenta le salon de Charles Nodier à l'Arsenal, il fit partie du premier "Cénacle" de Victor Hugo avec qui il se brouilla plus tard, fut l'ami des saint-simoniens et des mystiques, de Pierre Leroux, de Lamennais et de Lacordaire. Ses poésies parurent sous le pseudonyme de Joseph Delorme en 1829 ; son premier ouvrage, le Tableau historique et critique de la Poésie française au XVIe siècle qui avait été publié l'année précédente est toujours consulté avec fruit, ainsi que son Histoire de Port-Royal ; ses Critiques et portraits littéraires, 5 volumes parus de 1832 à 1839, ses Causeries du Lundi et ses Nouveaux Lundis, forment un monument de critique littéraire des plus remarquables ; dans ces deux derniers ouvrages, il s'occupe souvent du présent et aussi du passé de l'Académie, jugeant les auteurs et les ouvrages avec une grande autorité, mais apportant sans doute un peu de partialité dans les choix contemporains ; on pourrait néanmoins le considérer comme un des meilleurs historiens de l'Académie, si l'on groupait en un ouvrage spécial tout ce qu'il a publié sur elle ou à son occasion.
Sainte-Beuve écrivit un roman, Volupté et collabora au Globe, à la Revue de Paris, à la Revue des Deux-Mondes, au Constitutionnel, au Moniteur ; il fut, pendant quatre ans, maître de conférences à l’École normale, professeur de poésie latine au Collège de France, conservateur de la Bibliothèque Mazarine, membre du Sénat impérial.
Candidat à l'Académie, il eut pour concurrent Jean Vatout, et, après 7 tours de scrutin, aucun d'eux n'ayant obtenu la majorité, l'élection fut renvoyée à une autre date. Il fut élu le 14 mars 1844 en remplacement de Casimir Delavigne ; Victor Hugo qui, dit-on, vota onze fois contre lui, le reçut le 27 février 1845, et dans sa réponse, oublia de faire l'éloge du récipiendaire. On a attribué l'inimitié du grand poète à des raisons d'ordre intime que, malgré la publicité qui leur fut donnée par Alphonse Karr et par des polémiques récentes, nous préférons passer sous silence. Il fit partie de la Commission du Dictionnaire.
Sous le second Empire, Sainte-Beuve qui était un familier du salon de la princesse Mathilde, fut à l'Académie le chef du parti gouvernemental et anticlérical ; il joua un rôle important, mais généralement sans succès, dans les élections ; il combattit avec ardeur l'évêque Dupanloup, Victor de Laprade, le père Lacordaire, qui furent élus, et il ne parvint à faire nommer ni Théophile Gautier, ni Charles Baudelaire ; il réussit pourtant dans les élections d’Émile Augier, de Champagny et Camille Doucet à faire passer des candidats agréables ou moins hostiles à l'Empereur.
Certains choix de l'Académie l'irritèrent au point qu'il reprit en 1856 l'idée émise autrefois par l’Événement de Victor Hugo, d'une Académie du suffrage universel (cf. notice 376), et en 1862, il demanda dans le Constitutionnel que l'Académie fut divisée en huit sections représentant chacune un genre de littérature. Cette proposition, approuvée par le Siècle et l'Opinion nationale, et combattue par le Temps, ne fut pas acceptée. Le centenaire de Sainte-Beuve a été célébré le 23 décembre 1904. Il a écrit lui-même sa biographie (Nouveaux Lundis, XIII).
Mort le 13 octobre 1869.